A peine lancée, déjà couronnée ! Diffusée depuis le 15 janvier, le mardi soir, sur Channel 4, la série Utopia*** a été sacrée samedi dernier Fipa d’or de la catégorie «séries» lors du 26e Festival de Biarritz. Une sentence absolument sans appel aux yeux de tous ceux qui ont eu l’occasion de la découvrir.
Sombre, violente, intrigante, mais aussi scotchante et, par moments, ironique et drôle, cette création déjantée de Dennis Kelly («Spooks») prouve, une fois encore, la liberté de ton et la créativité incomparables de nos voisins britanniques.
Postulant un complot mêlant menace sanitaire, voire même bactériologique, et augmentation soudaine du prix des denrées de base, l’intrigue d’Utopia repose pourtant, au départ, sur la quête banale d’une bande dessinée rare. Apparemment perdu, et resté officiellement inachevé, ce «roman graphique» mêlant fantasy et science-fiction, est le fruit de l’imagination d’un auteur fragile, qui a connu les affres de l’hôpital psychiatrique: Mark Dane.
Alors que l’ouvrage ne fédère que quelques initiés sur un forum de discussion, il est activement recherché par deux dingues, véritables machines à tuer, dégommant systématiquement, et avec une cruauté certaine, tous les individus jugés «nuisibles» qui se trouveraient sur leur passage.
Au coeur de cette quête, deux interrogations: les catastrophes évoquées dans le livre existent-elles seulement dans l’esprit (dérangé) de leur auteur, ou préfigurent-elles des catastrophes avérées ou annoncées? Pourquoi «The Network», organisation aussi puissante que secrète, tient-elle à tout prix à retrouver cette BD et la dénommée Jessica Hyde ?
Avec son sens aigu du dévoilement et du rebondissement, ce thriller en six épisodes, réalisé par Marc Munden, n’hésite pas à prendre ses téléspectateurs à la gorge tandis que les mailles du filet semblent se resserrer autour de Ian (Nathan Stewart-Jarrett), Becky (Alexandra Roach), Grant (Olivier Woolford) et Wilson (Adeel Akhtar), le quatuor des fans d’Utopia, dont les motivations ne sont sans doute pas aussi claires qu’il y paraîtrait.
Complexe et tortueuse, Utopia ne cesse de surprendre et dévoile ses informations par bribes. Du grand art, même si certaines scènes sont difficilement regardables.
D’autres, en revanche, en raison de leur qualité cinématographique (cadrage, lumière, utilisation des couleurs) se laissent aisément admirer, voire même prêtent à sourire. Vous avez dit paradoxal? Indeed. C’est là que réside la force de ce récit dont trois chapitres doivent encore être dévoilés.
KT
Commentaires récents