Saison 2
«Tu ne peux pas être seulement à moitié gangster, Nucky».
La mise en garde, pleine de lucidité et de bon sens, de son homme de main, Jimmy Darmody (Michael Pitt) se vérifie alors que s’ouvre cette deuxième saison de Boardwalk Empire*** (ce vendredi à 20h45 sur Be séries).
A Atlantic city, ville balnéaire devenue épicentre du transport d’alcool depuis l’entrée en vigueur de la Prohibition, le 16 janvier 1920, les trafics n’ont jamais été aussi denses et la tension aussi palpable.
Avec des pointures venues de Chicago et Philadelphie pour s’arroger une part du gâteau, la position de Nucky Thompson (Steve Buscemi), jusqu’ici plutôt affirmée, est attaquée de toutes parts. D’autant que les appétits de certains de ses concitoyens se sont réveillés, comme aiguillonnés par une campagne électorale qui a laissé des traces du côté des bourgeois blancs comme des travailleurs noirs de la ville.
Cette saison 2 est d’ailleurs placée sous le sceau de l’affrontement que l’on sent imminent entre Nucky et son fils spirituel, Jimmy Darmody, à l’instigation de Louis Kaestner, le « Commodore ». Ce dernier, sorti brièvement de sa léthargie, veut voir son fils «bâtard» reprendre les rênes d’Atlantic city en son nom. Eli, le frère de Nucky, lassé d’être rabroué et sous-estimé, est lui aussi du côté des traîtres. Un affrontement et une guerre des nerfs au cours de laquelle Margaret Schroeder (Kelly MacDonadl), fidèle et discrète va se révéler un atout majeur pour Nucky. De son côté, ses recherches pour retrouver sa famille fraîchement immigrée aux Etats-Unis ne vont pas donner les résultats escomptés…
Quant à l’avenir de l’agent Van Alden (Michael Shannon), il s’assombrit, son projet d’enfant « secret », l’obligeant à s’enfoncer dans l’illégalité. Or, au même moment, l’assistante du Procureur général des Etats-Unis s’établit en ville avec pour mission de creuser les accusations de fraude électorale portées contre Nucky Thompson.
Toujours aussi bluffante visuellement, Boardwalk Empire s’enfonce encore davantage dans les histoires de trafic et les manoeuvres de gangster offrant à cette période de l’Histoire américaine tout le relief qu’elle mérite. Avec Martin Scorsese pour guide, Terence Winter, formé à l’école des « Soprano », fait des étincelles, réussissant une formidable peinture de l’époque (plutôt sombre et violente) sans oublier les histoires humaines et domestiques de ces hommes et ces femmes pris dans le lourd engrenage de l’illégalité. Car la plus grande réussite de la série ne réside pas seulement dans ses décors, ses costumes ou sa reconstitution soignée d’une époque-clé de l’histoire américaine.
A la fois politique, mafieuse et humaine, la série livre de formidables portraits d’individus (Nelson Van Alden, Jimmy Darmody, mais aussi Richard Harrow, son fidèle compagnon, vétéran à moitié défiguré); des portraits où suintent la désillusion et la mélancolie car tous sont pris en étau entre leurs rêves et la froide réalité.
Et « Boardwalk Empire » n’est pas qu’une histoire d’hommes, comme l’a souligné Terence Winter, son créateur, lors de son interview (à lire dans une prochaine note).
« Avec l’établissement de la ligue des femmes pour la tempérance et l’émergence des suffragettes, les femmes acquièrent du pouvoir. » Ainsi du personnage d’Esther Randolph, assistante du Procureur, caustique et déterminée, venue rejoindre ses « soeurs de lutte »: Angela, l’épouse artiste et éprise de liberté de Jimmy, et Margaret, jeune veuve sans le sou qui s’est transformée en femme respectable et compagne drôlement avisée.
KT
Le site officiel de la série
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