Sur le papier, le projet avait tout pour plaire.
Créé et écrit par David Milch (« Deadwood »), produit par Michael Mann qui a réalisé le pilote, Luck** avait pour têtes d’affiche Nick Nolte et Dustin Hoffman, deux acteurs à la carrière bien remplie. Malheureusement, le « sort » s’est acharné contre elle, car que dire d’autre pour qualifier les accidents à répétition qui sont venus endeuiller le tournage?
En mars dernier, le décès accidentel d’un troisième cheval forçait en effet HBO à mettre un terme à sa série, dont neuf épisodes seulement seront finalement diffusés. Une catastrophe pour les propriétaires des chevaux décédés mais aussi pour toute l’équipe et les passionnés du monde hippique qui se réjouissaient de voir leur univers traité en détails dans une fiction de qualité.
Car, même si elle traite de courses, de paris et de jeux de hasard, cette série est tout sauf légère et requiert même implication et concentration à ses débuts. Mais la qualité du jeu des acteurs et la beauté des images compensent largement ces quelques efforts.
Que l’on soit un habitué du monde équestre ou pas, il faut un peu de temps avant de se familiariser avec la kyrielle de personnages proposés dans « Luck » et avec leur passé visiblement chargé. A cela s’ajoute la mécanique des paris, des handicaps et des visées personnelles, a priori, plutôt obscure, au départ, pour les néophytes. Parcours fléché.
Dustin Hoffman est Chester Ace Bernstein, une figure du milieu, qui a fait trois ans de prison à cause d’un dénommé Mike. Aujourd’hui, Ace prépare sa revanche. Un plan que l’on découvre par bribes et qui tourne clairement autour du champ de course de Santa Anita, en Californie.
Autre habitué des lieux, Nick Nolte campe Walter Smith, vieil éleveur renfrogné, hanté par son premier grand champion Delphy, abattu par des propriétaires sans coeur. Aujourd’hui, il veille amoureusement sur son nouveau crack, le poulain « Getting up morning ».
Autour d’eux évoluent Jill Hennessy, en vétérinaire scrupuleuse et très à l’écoute et l’entraîneur Turo Escalante (alias John Ortiz), un type nébuleux et mal dégrossi, à la mauvaise réputation.
Enfin, à la frontière des paddocks, circule un quatuor de bras cassés qui a tout fait pour gagner et qui, désormais, ne semble plus vouloir quitter le champ de course. A la passion des chevaux s’ajoute encore la folie du poker dans le cas de Jerry (Jason Gedrick), le beau gosse du quatuor.
Comme souvent dans les séries HBO, c’est donc tout un univers qui se donne à voir et à décrypter. Propriétaires, éleveurs, entraîneurs, vétérinaire, palefreniers, jockeys: tous les métiers qui tournent, de près ou de loin, autour du cheval figurent en bonne place dans «Luck» ainsi que les stratégies utilisées par les parieurs pour tenter de tirer leur épingle du jeu. Qu’ils agissent à l’ombre du champ de course ou des tables de poker. Une richesse forcément attractive au coeur d’une série croisant savamment les intrigues et les personnages, dont l’issue restera malheureusement inconnue.
HBO avait renouvelé « Luck » pour une saison 2 dès la diffusion du 1er épisode, bien accueilli par la critique et le public. L’idée était bonne et terriblement télégénique avec des images d’entraînement et de course à couper le souffle. Malheureusement, le « sort » en a décidé autrement. Demeurent, au final, neuf épisodes riches et originaux qui valent à coup sûr le coup d’oeil.
KT
Pour rappel, « Luck » est proposée ce jeudi à 22h25 dans le cadre du buffet séries de Be tv
Luck est disponible en coffret 3 DVD chez HBO Entertainment
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