Après les comédies (voir notes précédentes), voici revenu le temps des séries d’action.
Last Resort est la nouvelle création de Shawn Ryan, ex-scénariste de « The Shield », série policière coup de poing portée par le pitbull Michael Chiklis. Autant dire que sa série était attendue au tournant. A l’arrivée, avec un produit manufacturé 100% testostérone et 200% patriote, il va à coup sûr s’attirer les faveurs d’une partie de ses fans, les plus fidèles s’entend.
Avec un sous-marin équipé de missiles nucléaires, 150 hommes et femmes rodés au combat, une menace de guerre mondiale sur les bras (pour d’obscures raisons) et, au final, une mutinerie qui vire à la sécession: la donne de départ ne fait pas dans le détail. Comme si thriller militaire rimait forcément avec artillerie lourde.
Placé face à un ordre qu’il juge injustifié et inutilement belliciste, le capitaine Marcus Chaplin refuse d’obtempérer. D’autant que l’ordre de bombarder le Pakistan ne semblait pas émaner de la voie officielle à Washington. Mais en décidant de prendre la tangente, l’USS Colorado devient hors-la-loi, plaçant tout son équipage dans une position très délicate, entre doutes, loyauté et colère.
Arrivés sur l’île de San Marina, le commandant prend la direction de l’avant-poste de l’Otan établi là, ce qui lui permet de contrôler les trajectoires de tous le navires à proximité de ce carrefour stratégique. Son idée est d’observer les mouvements en cours et de faire entendre sa voix avant de ramener tranquillement son équipage au port, une fois le «malentendu» dissipé. Mais un complot est visiblement en cours à l’Etat-major central, ce qui risque bien de les obliger à prolonger leur séjour sur l’île…
Avec Andre Braugher (« Homicide ») en capitaine de vaisseau aguerri, on sait d’emblée qu’on n’est pas là pour rire. D’autant que l’important défilé d’armes et d’uniformes fait rapidement grimper la tension de plusieurs crans. Décors, matériel et musique: la nouvelle série, arrivée hier soir sur ABC, roule des mécaniques à la perfection, alimentant largement la machine à fantasmes. Mais si elle a tout ce qu’il faut là où il faut, on ne peut que regretter un certain nombre de clichés, de décisions trop rapides et un certain manque de subtilité. Notamment dans la description des trois personnages principaux: la fille du major, chambrée par ses pairs mais hyper loyale (Daisy Betts); le second, fidèle et solidaire, qui se languit de sa jeune épouse (Scott Speedman) et le capitaine, si fier de son fiston également enrôlé dans l’armée. Sans même parler des premiers habitants qu’ils vont croiser sur l’île…
On mettra cela sur le compte d’un premier épisode trop soucieux d’épater la galerie et de se positionner face au «Revolution» de NBC et au «Vegas» de CBS, autres blockbusters de cette rentrée séries. Reste à espérer que Shawn Ryan prendra le soin de creuser davantage ses personnages, s’il ne veut pas voir son beau projet très vite sombrer dans le ridicule.
A ce sujet, tout espoir n’est pas perdu puisqu’à l’instar d’«Homeland» ou de «24h», dans des styles assez éloignés, «Last resort» entend interroger l’image et les valeurs d’une Amérique relativement écornées. On ne demande qu’à voir…
KT
Last Resort. Drame de Shawn Ryan et Karl Gajdusek, avec Andre Braugher, Scott Speedman, Daisy Betts. Diffuseur: ABC. 13 épisode en cours de production. Début: 27 septembre 2012. Photo: ABC
Commentaires récents