En tournage au Pays basque jusqu’au 13 juillet prochain dans la fiction « On l’appelait Ruby » pour le compte de France 2, le comédien Aurélien Recoing a fait partie du dernier Jury Fiction du Festival de télévision de Monte-Carlo.
Une tâche qu’il a particulièrement goûtée découvrant des séries venues d’horizons proches ou lointains (Grande-Bretagne, USA, Allemagne, Norvège, Italie).
L’acteur, vu cette année dans les séries Les Revenants et Trepalium, prépare également son premier long métrage en tant que réalisateur pour le cinéma. Un tournage entre Nord de la France et Belgique. On en a parlé avec lui.
A Monte-Carlo, la délibération a fait « émerger les goûts spécifiques des jurés mais aussi les points communs » entre tous ces amateurs d’histoires ancrées socialement ou historiquement. «Il y avait quelques disparités culturelles, au départ, mais finalement des discussions de fond ont permis de faire ressortir les fondamentaux et les lignes de convergence autour des différents genres : comédie, drames historiques, tragédies, etc. Et des thématiques avant tout politiques, sociales, historiques.»
Pour rappel, le jury 2016 a récompensé un drame allemand «Tannbach, Line of separation» (ZDF) , l’actrice française Odile Vuillemin pour sa prestation dans L’Emprise et l’acteur britannique Mark Rylance pour son rôle dans la mini-série historique Wolf Hall.
Ancrage historique et social
« On voit qu’il y a ce besoin de raconter la société telle qu’elle est aujourd’hui mais aussi telle qu’elle était il y a quelques décennies. Cela trahit les préoccupations des différents pays et de l’époque. Cela nous présente un miroir de la société dans laquelle on vit aujourd’hui. »
Lors de la saison écoulée, on a pu voir Aurélien Recoing dans deux séries françaises reflétant ces craintes latentes : la saison 2 des Revenants, proposée en novembre sur Canal+ et Be tv, et la mini-série Trepalium diffusée sur Arte en février. Deux projets qui soulignent aussi le retour du genre (la science-fiction, l’anticipation) dans la création télévisuelle.
« Ces projets reflètent l’air du temps avec les questionnements sociaux et les liens entre les individus. Ce sont souvent des rôles à métamorphoses que l’on me propose, poursuit l’acteur. Comme comédien et comme metteur en scène, ce sont des oeuvres dans lesquelles je me retrouve complètement. »
Projet de réalisation
Pensionnaire de la Comédie-Française de 2010 à 2012, le comédien s’apprête à passer derrière la caméra avec un projet de film adapté du roman de Michel Quint qui a écrit «Effroyables jardins». « Je l’ai croisé un jour au Festival des Arcs et il m’a donné son roman en me disant que cela devrait me rappeler des choses. Je suis tombé en amour de cette histoire initiatique… »
Dans «L’espoir d’aimer en chemin», Michel Quint raconte l’histoire d’un marionnettiste au chevet d’un jeune garçon dans le coma. « Grâce à ses marionnettes, il va le ramener petit à petit à la vie. » Une «confrontation» et une relation originale qui vont pousser le marionnettiste à réfléchir à sa propre enfance et à son histoire familiale. Comme Aurélien Recoing, lui-même issu d’une famille où les marionnettistes et les infirmiers se sont toujours côtoyés. D’où sa volonté de garder une certaine distance en ne jouant pas lui-même dans cette histoire aux échos très familiers.
Tournage en partie en Belgique
« Cela va être fort techniquement et émotionnellement. Et je n’aimerais pas que le film soit ressenti comme une autobiographie. Je souhaite vraiment rester au service de cette histoire dans laquelle on retrouve plein d’échos, politiques et artistiques, de ma famille avec le rapport au monde forain et à la question du FLN en Algérie. Dans l’adaptation, on fait souvent de grands détours pour rester fidèle au roman », souligne-t-il.
Le projet est soutenu par la société Mact Productions d’Antoine de Clermont-Tonnerre. « Le film devrait se tourner l’été prochain, en Belgique et dans le Nord de la France. Je croise les doigts. »
Puisant dans son enfance cinéphile dans un petit village, ses nombreuses heures passées sur les plateaux de tournage et ses nombreuses mise en scène au théâtre, Aurélien Recoing se veut serein. « J’ai toujours eu plusieurs activités qui se sont connectées les unes aux autres. Ce que je fais au cinéma nourrit le théâtre et ce que je fais sur scène nourrit l’écriture. J’ai toujours fonctionné comme cela. »
Sa dernière trouvaille : rendre l’accès à la culture et aux auteurs plus aisé et plus vivant via une plateforme web, proposant des partages de séries sur des auteurs connus via mails, smartphones et «posts» sur Facebook et twitter. Nom de code : postmodern. Dans tous les sens du terme.
On l’appelait Ruby – Fiction TV
L’équipe. Le thriller policier On l’appelait Ruby est en tournage jusqu’au 13 juillet au Pays basque pour France 2. Au casting, on retrouve Mélanie Doutey (Claire Pèlerin), Karole Rocher (Pauline Bach), Olivier Loustau (Fred Bach), Lubna Azabal (Alice Tanner), Grégory Gadebois (Max Tanner), Michel Vuillermoz (Ceylan), Aurélien Recoing (Marty), Michael Abiteboul (Sabre). Laurent Tuel assure la réalisation sur un scénario de Sébastien Mounier.
L’histoire. Le corps d’une jeune fille, Faustine Tanner, est retrouvé à Hasparren, une ville tranquille du Pays basque. Après le choc, viennent l’inquiétude et l’angoisse. Ce crime est-il un acte isolé ou s’agit-il d’un serial killer qui roderait à Hasparren ?
L’espoir d’aimer en chemin – Cinéma
Roman. Pour tenter de tirer le jeune Louis du coma, René ludothérapeute à Lille, a recours à deux de ses marionnettes : Suzy et Momo. Mais à travers le jeu, c’est finalement sa propre enfance qu’il revisite sur fond de guerre d’Algérie. “L’espoir d’aimer en chemin” de Michel Quint a été publié en 2006 par Joëlle Losfeld.
Famille. Par de nombreux biais, ce texte fait écho à la propre histoire d’Aurélien Recoing puisque son père, Alain, était marionnettiste (Théâtre aux mains nues), comme l’est devenu son frère aîné Blaise. Ses deux autres frères sont respectivement pianiste (David) et metteur en scène (Eloi). Dramaturge, ce dernier s’est aussi fait remarquer pour son expertise en tant que marionnettiste.
KT, à Monte-Carlo
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