Hasard des calendriers, Arte et Be TV proposent en ce moment même les deux plus belles séries d’atmosphère de ces deux dernières saisons: Rectify*** et True Detective. Deux récits au long cours mais au nombre d’épisodes limité (respectivement 6 et 8 intrigues) qui installent un univers à la fois dense, hypnotique et poétique, voire parfois irréel.
Si vous ne vous êtes pas rués sur la diffusion marathon du mois de mai dernier sur Be TV ou sur le DVD publié en juin, vous serez sans doute tentés d’entamer l’hypnotique voyage au coeur du bayou proposé par cette série à la tonalité unique. Car True Detective*** n’a pas volé sa réputation de pépite visuelle. Coup d’essai et coup de maître pour Nic Pizzolatto qui s’était fait remarquer jusqu’ici comme auteur du roman «Galveston», publié en 2010.
Le voyage commence ce lundi à 20h55 sur Be1.
Une Louisiane viscérale, loin du folklore des fanfares et du Carnaval, ou des bands de jazzmen (cf. Treme). Un coin perdu où surgissent églises incendiées, usines désaffectées et habitats miteux. C’est dans ce cadre inquiétant et poisseux qu’un duo de flics découvre le corps d’une jeune femme visiblement victime d’une rite satanique.
« Something deep and dark » avertit Rusty Cohle (Matthew McConaughey), d’ordinaire peu impressionnable et plutôt taiseux. « Quelque chose de sombre et de profond » effectivement qui va les entraîner dans une quête obsédante au risque d’y laisser une partie de leur raison et de détruire leurs relations professionnelles et personnelles.
550 pages de scénario écrites en 3 mois, un célèbre plan séquence de près de 7 minutes, une caméra en 35 mm plantée en plein coeur du bayou, comme s’il s’était agi de prendre son pouls. Cary Fukunaga, réalisateur des 8 épisodes parle d’une «dernière aventure sur bobine avant de passer au numérique».
Une musique lancinante et étrange comme venue d’ailleurs, six mois de tournage immersifs, avec de longues journées de 15, 16 ou 17h passés sur le plateau. De nombreux chiffres peuvent donner une idée de cette aventure hors du commun sans qu’ils résument l’essentiel.
Car les huit épisodes de True Detective se vivent comme un long film : les événements s’y enchaînent, s’enrichissent et s’étoffent. L’enquête se joue sur deux lignes du temps parallèles : la quête du tueur de Dora Lange (en 1995) et l’enquête de la police des polices sur les agissements des inspecteurs Marty et Rust en 2012. Une double trame qui s’enchevêtre et se répond d’épisode en épisode, d’année en année comme le feraient les chapitres d’un long roman.
Comme toute anthologie qui se respecte “True Detective » propose un début, un milieu et une fin. L’enquête se clôt en même temps que l’histoire : pas de rebondissement fumeux ou de twist stérile à la fin, pour appâter le chaland en vue d’une saison 2.
Celle-ci est attendue l’été prochain mais sera localisée en Californie. Avec un casting entièrement renouvelé, un trio inédit: Colin Farrel, Vince Vaughn et Rachel McAdams.
KT
La bande annonce se trouve ici
les explications de Nic Pizzolatto là
et les premiers indices concernant la saison 2 ici
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