Sélectionner une page

Entre thriller paranoïaque et récit initiatique, Stephen King dépeint un univers où des ados aux capacités paranormales subissent abus de pouvoir et manipulation mentale. Une série en huit épisodes, à voir sur HBOMax. Effroi garanti

Peut-on dompter l’intelligence humaine et la forcer à nous mener toujours plus loin ? La question est au coeur des pratiques plus ou moins licites de l’Institut, centre de recherches scientifiques ultra-secret, situé en bord de forêt non loin de la ville de Dennison dans le Maine.

C’est là que Luke (Joe Freeman) se réveille, dans une chambre en tous points semblable à la sienne, mais à la fenêtre grillagée. Arrivé dans le couloir, l’adolescent prend conscience qu’il n’est plus dans la maison de ses parents, mais dans un mystérieux centre à mi-chemin entre hôpital et prison. Deux types d’individus y sont recrutés (on ne dit pas «enlevés») : télépathes et télékinésistes. Elève brillant, sur le point d’intégrer le cursus du MIT (Massachusetts Institute of Technology) à 14 ans seulement, Luke fait partie de la seconde catégorie.

Sans le travail mené à l’Institut, « le monde tel qu’on le connaît cessera d’exister dans très peu de temps », lui explique Mrs Sigsby (Mary-Louise Parker, parfaite de perfidie). Directrice psychorigide, elle est chargée de faire en sorte que « la recherche avance« .
De sa voix doucereuse, elle vante les avancées majeures pour l’humanité et se montre encourageante et rassurante mais la réalité des tests que les enfants doivent subir est tout autre.

Une jeunesse opprimée et sous surveillance

L’ambivalence de certains membres du personnel, les ambitions personnelles et quêtes de rendement à peine voilées : tout concourt à instaurer une angoisse diffuse. A cela s’ajoute un système de surveillance permanent: adultes accompagnateurs et vidéo surveillance donnant au lieu une apparence concentrationnaire… Le mot est lâché et relie ce récit inquiétant aux romans les plus sombres de Stephen King : ceux où la menace ne vient pas d’ailleurs, mais de l’intérieur. En l’occurrence : une organisation secrète déterminée à faire « progresser » l’humanité à tout prix. Un rêve eugéniste dont l’Histoire a depuis longtemps déterminé le prix… En parallèle, on suit l’histoire de Tim Jamieson (Ben Barnes), ancien policier qui a décidé de refaire sa vie à l’autre bout du pays. Il est en charge des rondes de nuit dans la petite ville de Dennison, voisine de l’Institut.

En parallèle des tests passés par Luke au sein de ‘L’Institut’, la série suit le parcours de Tim (Ben Barnes), policier hanté par son passé.


Entre thriller paranoïaque et récit initiatique, Stephen King dépeint un univers où se posent, à nouveau, les questions de l’enfermement des enfants, du contrôle et de l’abus de pouvoir mais aussi de la manipulation mentale.

Une trame adaptée par Benjamin Cavell et Sam Sheridan, mise en images par Jack Bender qui ne déplaira pas aux amateurs de théories du complot, d’autant que le spécialiste du thriller et de l’étrange rappelle, en préambule du roman, que 800 000 enfants disparaissent chaque année aux États-Unis. De quoi alimenter les croyances…


L’auteur, également producteur exécutif de la série, y dénonce un mode d’enseignement déshumanisant et une forme de « guerre de l’esprit » dont les enfants sont les premières victimes. Un thème déjà abordé dans certains de ses précédents romans, dont Doctor Sleep (2013), mais aussi Carrie et Shining qui font partie de la longue cohorte de ses ouvrages adaptés sur les petit et grand écrans. Comme The Life of Chuck, tout récemment…

Karin Tshidimba


Diffusée depuis le 13 juillet aux États-Unis, la série en huit épisodes sera disponible à partir du 17/07 en Belgique et en France
sur HBOMax, au rythme d’un épisode par semaine.