Un soupçon d’Elite, une pincée de Gossip Girl, un fond de Veronica Mars et un casting Pepsodent : la série Blood and water**, disponible sur Netflix, est parfaitement calibrée pour un public adulescent.
Lorsque Puleng Khumalo (Ama Qamata) croise Fikile Bhele (Khosi Ngema) à une fête, elle est frappée d’une intuition : et si la championne de natation était en fait sa soeur aînée Phumele, kidnappée à la naissance 17 ans plus tôt ? Une disparition qui a brisé le couple de ses parents et marque encore profondément le destin de sa famille. Afin d’en avoir le coeur net, la jeune fille parvient à se faire inscrire dans le lycée huppé que fréquente cette influenceuse aux milliers de followers, future reine du lycée.
L’univers doré que Puleng découvre sur le campus du prestigieux Parkhurst College n’est pourtant pas exempt de chausse-trapes et de pièges. Epaulée par le fidèle Wade, Puleng est bien décidée à démêler le vrai du faux et à déterminer si la fameuse Fiks ne serait pas en fait sa soeur disparue… Ultra déterminée et inflexible, Puleng en poursuivant son enquête à tout prix, risque de faire souffrir ses proches et ses amis.
Cette histoire résonne avec l’affaire Zhefany, du nom de cette jeune Sud-Africaine enlevée à la maternité en 1997, alors qu’elle n’avait que trois jours. Au lycée, elle croise la route de Cassidy Nurse et toutes les deux deviennent inséparables. Frappés par leur ressemblance physique, les parents de Cassidy décident de faire un test ADN et découvrent que Zephany est bien la sœur disparue de Cassidy. L’affaire a défrayé la chronique sud-africaine en 2016.
Deuxième production sud-africaine de Netflix, Blood and Water** a la couleur et la saveur d’un teen drama, le parfum de Cape town en plus. Et ce sont sans doute ses nombreuses similitudes avec l’américaine Gossip Girl qui lui ont permis de se faire remarquer aussi rapidement à l’international : amitiés, trahisons, vilains secrets, petits trafics et coups du sort, le tout saupoudré d’une fine couche de sexe, drogue et hip hop.
Il faut dire que son casting adolescent et adulte est à la hauteur de l’enjeu. A commencer par la jeune Ama Qamata déjà remarquée dans Rhythm City, une précédente production sud-africaine, entourée par ses congénères campés par les jeunes comédiens Thabang Molaba, Natasha Thahane, Dillon Windvogel, Arno Greef. L’attention accordée aux personnages secondaires – Wade, Wendy, Zama – permet d’étoffer l’intrigue. Pour mettre en musique ces six épisodes, la scénariste et réalisatrice Nosipho Dumisa a collaboré avec Daryne Joshua et Travis Taute, coauteurs et coréalisateurs avec lesquels elle avait déjà oeuvré sur le film Nommer 37 en 2018.
Dans cette série originale Netflix, on n’évite pas les clichés sur la jeunesse privilégiée et désœuvrée et on ne voit pratiquement rien de la vie sud-africaine en dehors de ce ghetto doré mais la série remplit son rôle: faire rêver et divertir la jeunesse d’Afrique en lui montrant des acteurs qui, au moins, lui ressemblent. On est loin du drame socialement engagé mais l’intérêt manifesté par le public mondial permettra sans doute d’élargir la gamme des fictions proposées par la suite.
Après la série d’espionnage Queen Sono, cette deuxième production sud-africaine prouve l’attente et le potentiel de ce type de série classée n°1 en Afrique du Sud, bien sûr, mais aussi au bout de deux jours en Jamaïque, France, Kenya, Haïti et aux Etats-Unis, n°3 au Nigeria et dans le top 10 du Brésil, de la Belgique et de la Suisse.
Arrêtée en plein suspense, après seulement six épisodes, la série parvient à créer une véritable attente… Il faudra de la patience car la date de la saison 2 n’a pas encore été annoncée; vu les scores engrangés, il n’y a sans doute pas trop de souci à se faire concernant le feu vert attendu de Netflix.
Karin Tshidimba
Il me semble qu’un mot a été mal choisi: congénère est un terme péjoratif, en ce qui concerne les êtres humains.
Telle n’était pas mon intention… mais « condisciples » ou « camarades » sonnent tellement mal…