Inspirée de l’affaire de fraude fiscale reprochée à la chanteuse Shakira, cette série primée à Series Mania voit une banale inspectrice des impôts sortir le grand jeu pour parvenir à prouver la fraude supposée. A voir sur Be tv dès ce vendredi
C’est son dernier jour. Et Sara n’est vraiment pas triste de laisser dossiers et collègues derrière elle. Près de trente ans de carrière au service de l’Etat et de l’inspection des impôts, c’est bien suffisant à ses yeux. D’autant que la pugnacité de la sexagénaire s’est éteinte depuis le décès de son mari Alberto, deux ans auparavant.
Son ancien collègue Carmelo souhaite qu’elle mène une ultime inspection sur Karen Albarana, la pop star mexicaine Celeste. Malgré son succès international et ses nombreux contrats publicitaires, la chanteuse n’a pas déclaré un seul centime d’euro en Espagne. Or l’inspecteur en est persuadé: elle a passé plus de 184 jours (soit la moitié d’une année plus un jour) en Espagne l’année précédente.
« C’est l’inspection dont on a toujours rêvé. Cela permettra au fisc de retoucher 20 millions d’euros« , affirme-t-il. Pour la mener, il songe à Sara qui était la meilleure de leur promo à l’époque de leurs études de droit. Hantée par les 17 millions du contrôle fiscal loupé de l’attaquant madrilène Figueroa, Sara ne veut plus se frotter à des personnalités notoires. Comment la convaincre ?

Dans le costume de Columbo
Imperméable beige, lunettes, tailleur, chemisier et carré strict: Sara a le physique terne de l’emploi. Mais ce look discret et cette façon de passer inaperçue devraient inquiéter tous ceux qui tentent de passer sous les radars du fisc, car l’âme du célèbre inspecteur Columbo sommeille au fond de l’esprit de Sara.
Piquée au vif par la demande de Carmelo, l’inspectrice des impôts est déterminée à mettre toutes les chances de son côté et à dévoiler le pot aux roses. Son arme la plus redoutable est sa ténacité et sa persévérance. Infatigable, Sara cherche des preuves dans les moindres détails: coiffeur, restaurants, commerces…
Avec la série Celeste, un banal contrôle fiscal prend des allures de thriller avec descente sur le terrain et recherche d’indices. Au fur et à mesure que son enquête progresse, on voit l’influence que la star et l’adrénaline de son nouveau métier de détective insufflent dans la vie de Sara, transformant son attitude et son quotidien, pour lui donner des ailes. Non seulement cette enquête stimule sa créativité et son esprit de compétition, mais elle lui redonne confiance en elle et agit comme un élixir de jouvence dans son quotidien devenu plus étriqué depuis quelques années.
Créée par Diego San José et réalisée par Elena Trapé, la série place en face-à-face la redoutable Carmen Machi et l’irrésistible Andrea Bayardo dans le rôle d’une chanteuse mexicaine, star de la musique latine qui, comme Shakira réside de nombreux jours par an en Espagne. L’enquête est d’ailleurs inspirée de la procédure pour fraude fiscale qui a visé la star et par d’autres affaires du même acabit. Démontrant avec quel talent la fiction ibérique s’empare du réel.
Doublement primée à Series Mania (meilleure série et meilleure actrice dans la section Panorama international), Celeste décline ses épisodes en 35 minutes, mariant harmonieusement humour et thriller.
L’envol des créations espagnoles
Carmen Machi est parfaite dans le rôle de Sara, inspectrice en fin de carrière, à la fois crainte et détestée, tête de proue d’une nouvelle cohorte de personnages plus inattendus et moins calibrés, mis en lumière dans les fictions ibériques, comme l’ont récemment prouvé Querer ou La Mesias.
En 2017, La Casa de Papel a attiré le regard de l’audience internationale et braqué les projecteurs sur la création hispanique. Aujourd’hui, des séries aux résonances nettement moins commerciales ont inscrit l’Espagne dans le concert des nations aux sujets plus profonds et aux préoccupations davantage sociétales, comme l’ont récemment prouvé les séries Querer, La Mesias ou Los Anos Nuevos.
Avec sa réflexion sur la place des femmes et des oubliés du succès dans la société, l’Espagne arrive aujourd’hui juste derrière les pays anglophones en termes de production de séries sur les plateformes internationales telles Netflix ou Amazon. Un univers qui donne carte blanche aux créateurs afin d’explorer des sujets jusque-là dévolus au cinéma. Le succès de Celeste au festival Series Mania, en mars dernier, ajoute une médaille supplémentaire au fronton des créations hispanophones.
Karin Tshidimba
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