A une heure de la découverte du palmarès de CanneSeries, voici les visages et les histoires qui ont durablement marqué cette saison 5…

De nombreuses étincelles ont émaillé cette cinquième édition du Festival CanneSeries. On retiendra la présence sur la Croisette de l’impériale Gillian Anderson qui s’est vue décerner le Variety Icon Award pour son impressionnante carrière en tant que comédienne et qui promet de nombreuses surprises à venir en tant que productrice. La distinction accordée à la toute jeune Sydney Sweeney révélée par les séries Euphoria et The White Lotus. La sélection en compétition de la série belge 1985, créée par Willem Wallyn, et portant sur l’affaire dite des Tueurs du Brabant, un honneur indéniable vu la rude concurrence existant sur le marché sériel avec un nombre toujours plus important de nouveautés produites chaque année à travers le monde. Une sélection d’autant plus importante qu’elle met en lumière la première coproduction belge bilingue signée conjointement par la RTBF et la VRT sur une tragédie qui a marqué l’histoire du plat pays.

Joli coup de projecteur aussi sur la scénariste française Fanny Herrero, révélée par la série Dix pour Cent et désormais en charge de Drôle sur Netflix, à qui a été confiée la présidence du jury international. Un gage de l’attention accordée au métier de showrunneuse en France comme ailleurs.

A côté des traditionnels polars et autres séries mafieuses, l’assistance a été cueillie par des histoires singulières qui n’ont pas eu peur de surprendre le public et de l’emmener loin de ce qu’il croyait déjà savoir. Hasard ou coïncidence, trois de ces séries sont portées par des femmes touchantes et lumineuses, chacune à leur manière. Et proposent une tonalité particulière.
La surprise la plus lumineuse vient de Norvège et s’appelle Afterglow. Il n’a fallu que quelques minutes pour tomber sous le charme du couple formé par Esther et son mari. La façon qu’a Esther d’insuffler de la joie et de la magie dans son quotidien et celui de ses trois enfants est tout simplement épatante et fait un bien fou, surtout alors que l’on découvre très rapidement qu’elle est atteinte d’un cancer. Rien dans la série n’est ni mièvre, ni larmoyant. Elle a d’ailleurs séduit le jury des collégiens et ravit le coeur de nombreux critiques.

Sur un sujet tout aussi délicat, la série canadienne Audrey est revenue suit le destin d’une jeune femme qui se réveille après 16 ans de coma et qui doit réapprendre à vivre et se reconnecter à son entourage qui a énormément changé en près de deux décennies. Avec une incroyable économie de mots mais une formidable présence à l’écran, Florence Longpré, également cocréatrice de la série avec Guillaume Lambert, montre à quel point on aurait tort de ne pas savourer les avancées ou les petits moments de répit que nous offre la vie.

L’écran géant de la salle Louis Lumière reste également marqué par le destin chahuté et la poésie de The Dreamer retraçant la véritable histoire de Karen Blixen, après la mort de son âme soeur et la faillite de sa ferme africaine, et la façon dont la Danoise s’est relevée de ses nombreux déboires et s’est battue pour devenir ce qu’elle avait toujours rêvée d’être : une écrivaine et une artiste.

Alix Poisson (Claire Lansel) et Marilou Aussilloux (Chloé Forrest) dans « Jeux d’influence » sur Arte.

Finalement, cette saison 5 est celle des combattantes, un terme qui résonne avec le titre de la nouvelle saison de Jeux d’influence, la série de Jean-Xavier de Lestrade et Antoine Lacomblez sur le dessous peu reluisants du jeu politique et des lobbys dans le domaine de l’agroalimentaire. Une fiction tellement documentée qu’elle pourrait servir de dossier d’accusation pour tous ceux qui tentent d’enrayer la pollution de la terre et de l’eau dans les zones agricoles. On reste tout aussi atterré après avoir découvert The Lesson, nouveau brûlot israélien qui montre à quelle vitesse les réseaux sociaux peuvent s’enflammer et les noms d’oiseaux se mettre à voler au sein d’une communauté divisée par la question de savoir si telle opinion est considérée comme raciste ou pas. En voulant débattre de questions politiques avec sa classe Amir, professeur réputé exemplaire, ne savait pas qu’il allait ouvrir la boîte de Pandore…

Chacune de ces séries met en lumière, à sa manière, des personnages emblématiques et des thématiques essentielles dont la fiction a eu la bonne idée et la pertinence de s’emparer.

A cela s’ajoute la série courte Revenge of the Black Best Friend qui débusque de façon jubilatoire les stéréotypes autour des personnages noirs dans les séries et les films des «grands médias». Une parodie efficace, cadencée et d’une grande justesse imaginée par la créatrice Amanda Parris.

Karin Tshidimba, à Cannes