Dernier tour de piste pour Issa Rae sur Be TV, sa série, fleuron de la culture afro-américaine, s’apprête à passer le flambeau à la nouvelle venue Harlem lancée sur Amazon Prime Video.
Carrière, représentativité, amours et amitié sont les quatre piliers d’ Insecure*** chronique douce-amère du parcours de quatre (presque) trentenaires cherchant à tracer leur route en tant qu’adultes dans un environnement souvent hostile.
Entre Lawrence (Jay Ellis), son petit ami sans emploi, et Molly (Yvonne Orji), sa meilleure amie, talentueuse avocate toujours en quête de l’homme idéal (et bien en peine de le trouver, via des applis de rencontres), le quotidien d’Issa (Issa Rae) était loin d’être apaisé lorsqu’on l’a rencontré en 2016.
Lucidité et autodérision
La jeune femme se confiait fréquemment à son reflet dans le miroir, n’hésitant pas à l’invectiver lorsque les choses avaient tendance à déraper. Un rapport à son double qui traduit la formidable honnêteté et l’autodérision dont Issa Rae continue à faire preuve dans sa série. Surtout quand il s’agit de reconnaître qu’elle s’est totalement trompée ou qu’elle a lourdement gaffé dans une relation avec une amie, un collègue ou un ex-amant.
Tout autant que de relations amoureuses incertaines, Insecure parle de la façon de se forger une identité d’adulte au milieu de proches qui vous connaissent (bien), vous comprennent (le plus souvent) et parfois vous ressemblent.
L’amitié entre Issa et sa copine de fac Molly (photo) est au moins autant au cœur de l’intrigue d’Insecure que leurs quêtes respectives du grand amour. Une amitié qui a ses hauts et ses bas, ses fluctuations plus ou moins perceptibles car, oui, la vie teste la solidité de nos affections à 20, 30 ou 40 ans et même bien au-delà. A ce sujet, la saison 5 – annoncée comme étant la dernière – s’ouvre sur un week-end de retrouvailles des anciens de Stanford qui charrie forcément tout un tas de souvenirs.
Pop culture afro-américaine
Comment assumer son célibat dans cette période d’hyperconnexion et de dates souvent frelatés où le virtuel nuit souvent au relationnel ? Qu’il s’agisse d’en parler ou de les vivre, la série ne se montre pas frileuse dans son exploration des tribulations d’une trentenaire en quête du grand frisson et de son propre plaisir. Une thématique qui la rapproche forcément de séries comme Girls ou Sex and the City, dont le grand retour le 9 décembre sur HBO, sous le titre And Just Like That , a fait couler beaucoup d’encre.
La différence majeure vient du fait que la plupart des personnages d’Insecure sont afro-américains, prouvant au monde entier que ce sont bien les mêmes désirs et questionnements qui nous guident, quelle que soit notre couleur de peau. Mais la série offre surtout une légitimité bienvenue à la culture noire-américaine avec ses codes et ses références propres.
Morceau de culture pop à part entière, Insecure valorise ainsi de multiples artistes noirs via sa bande-son aux petits oignons. Et les liens étroits de sa créatrice avec le milieu du stand-up en font une série au sein de laquelle Issa n’hésite pas à révéler frontalement ses propres erreurs et contradictions, de façon à la fois cathartique et quasi psychanalytique. Si Insecure fait la part belle aux icônes afro-américaines, c’est davantage pour les questionner que pour les voir défiler dans des vêtements hors de prix comme SATC en a(vait) l’habitude.
Karin Tshidimba
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