Pitch, moodboard, journal de bord, scénario inédit, playlist, nouvelle inédite et même recette de cuisine: le magazine multiplie les incursions en coulisses pour évoquer la création des images avec ceux et celles qui les font. Un regard passionné et passionnant sur les origines du 7e Art.


A l’avant-veille de la réouverture des salles de cinéma (le 19 mai en France, en juin en Belgique ?), FrenchMania, nouveau mook qui promène son « regard amoureux sur le cinéma français et francophone », se rappelle à notre bon souvenir. Né à l’automne dernier, le semestriel a vécu de plein fouet l’extinction des écrans blancs pour cause de pandémie. Voir l’objet de sa passion ainsi dérobé aux regards a secoué l’équipe. Qu’a cela ne tienne, FrenchMania a fourni à tous les amoureux du 7e Art et des séries, matière à réfléchir et rêver au fil de ses 180 premières pages venant éclairer nos longues soirées monotones. Ce mercredi 5 mai, le voici de retour en librairie avec un nouvel opus.

Disons-le d’emblée: ce nouveau mook est un plaisir XXL. Pour l’attractivité de sa maquette et de son iconographie, d’abord, et par les temps qui courent, la beauté, et l’évasion qu’elle permet, sauve littéralement des vies. Pour la richesse de son contenu ensuite où l’on croise interviews au long cours, portraits bien taillés et fréquentes plongées en coulisses: scénario sous forme de moodboard, pitchs étoffés, journal de bord d’un tournage,…

Vastes horizons et nouvelles batailles

On aime surtout l’idée que sa volonté de « penser autrement le cinéma francophone » l’entraîne régulièrement au-delà des frontières de l’Hexagone pour examiner ce qui se crée en Outre-mer, en Afrique, aux États-Unis. Premiers films et nouveaux talents francophones constituent sa ligne d’horizon souhaité.

FrenchMania se lit comme un roman: sa volonté est de laisser les personnes concernées y raconter leurs expériences durant l’écriture, sur les tournages ou au fil de rencontres déterminantes… Le long entretien avec Virginie Ledoyen en témoigne dans le numéro 1 et le journal de bord de Christian Carion pour My Son, tourné en huit jours en pleine crise sanitaire dans les Highlands, notamment, se révèle passionnant à lire dans le numéro 2.

Le magazine se penche aussi sur les questions brûlantes du moment : parité, diversité, question de genre, territoires de la francophonie et il interroge notre rapport aux écrans dans dix ans..
Alors que les Oscars ont couronné trois talents hexagonaux*, le dossier Des Français à Hollywood évoque quelques figures du petit et du grand écrans: Camille Cottin, Sami Outalbali, Tahar Rahim… Il retrace les trajectoires réussies de Julie Delpy, Quentin Dupieux, Roxane Mesquida, Jean Dujardin ou Omar Sy mais n’oublie pas les « plantages en règle » qui ont jalonné les parcours de nombreux réalisateurs français de genre, lors de leurs collaborations outre-Atlantique.

Pourquoi parler de ce mook sur le blog ? Parce que les liens entre les deux types d’écrans (le petit et le grand) sont toujours plus étroits et que les talents voyagent de plus en plus fréquemment de l’un à l’autre. Et surtout parce que FrenchMania consacre aux séries un bel espace qu’il s’agisse de trésors d’hier (La grande histoire des séries françaises) ou de créations d’aujourd’hui. Sans oublier les questions qui fâchent comme la place des personnages LGBT dans les séries (numéro 1) ou le retard avéré de la diversité dans les séries françaises (numéro 2).

Un regard sur les séries aussi

Dans le numéro 1, Antony Cordier évoquait aussi son expérience sur la pépite Ovni(s), formidable série Canal.
Pour ce nouveau numéro de printemps, le mook se penche sur un brelan de dames devenues des réalisatrices prisées dans l’univers des séries US: Julia Ducournau (Servant), Deniz Gamze Erguven (The Handmaid’s Tale), Houda Benyamina (The Eddy) et Eva Husson (Hanna). Il a aussi rencontré Laure de Clermont-Tonnerre (The Act, Mrs America), qui a fait son nid dans les séries aux États-Unis, et raconte à quel point l’intégration du Screenwriters Lab de l’institut Sundance de Robert Redford a changé son parcours et sa vie.

Et pour la petite touche belge, sachez que Lukas Dhont figurait au sommaire du premier numéro et que le deuxième évoque notamment l’aventure de la série Téléchat

Playlist, nouvelle inédite et même recette de cuisine: tout est bon dans la préparation

Le magazine propose une véritable balade des sens puisque l’œil et l’ouïe sont également sollicités. Après Yann Gonzalez dans le premier numéro, FrenchMania confie les platines à Barbara Carlotti afin qu’elle distille la playlist de la saison printemps-été. Dénichant les preuves d’une certaine francophilie musicale notamment dans les BO de Wes Anderson.
Une bande son originale, une nouvelle inédite inspirée par un film français et même une recette tirée d’un film célèbre, croquis et photos de plateau, plongée dans des archives de tournage: les sources se multiplient qui rendent le résultat beau et ludique à la fois.

Ce vaste menu a été concocté par Ava Cahen et Franck Finance-Madureira, entourés de nombreux contributeurs : Xavier Leherpeur de France Inter, Ariane Allard et Farah Clémentine Dramani Issifou, entre autres, et la journaliste belge Elli Mastorou. Autant d’explorations qui se prolongent sur le site FrenchMania.fr, une fois la dernière séance terminée.

Karin Tshidimba

FrenchMania, Éditions du Rocher, 180 pages, environ 18,90 €. La revue semestrielle est en vente dans les grandes librairies belges et sur abonnement.

nb*: Florian Zeller (scénario pour The Father), Alice Doyard (court métrage documentaire pour Colette) et Nicolas Becker (son pour Sound of Metal).