Crystal Moselle prolonge l’expérience de son film Skate Kitchen avec une mini-série en six épisodes pour HBO. Où il est question de skate, de combat féministe, de sororité, de hip-hop et de drogues douces… A voir sur Be tv, jeudi dès 20h30

« Profiter et laisser vivre ». Cela pourrait être la philosophie de Kirt, Janay et leurs potes, adolescentes insouciantes, fluides et décomplexées, vivant et déambulant dans Brooklyn. Fans de skate, elles ont décidé de se donner rendez-vous au skate park le plus proche pour revendiquer l’espace qui leur revient. Car ce sport très masculin fait encore l’objet d’une certaine exclusive et à part le surnom de Betty (une fille qui passe plus de temps à poser qu’à faire des figures de skate ou à surfer) les habitués des lieux ne semblent pas prêts à leur céder quoi que ce soit d’autre.

Dans cet univers où elles sont tout juste tolérées, gare à celle qui voudrait faire tomber l’un des skaters de son piédestal. Pourtant Janay (Ardelia Lovelace), Camille (Rachelle Vinberg), Kirt (Nina Moran), Honeybear (Kabrina Adams) ou Indigo (Ajani Russell) ne sont pas prêtes à s’écraser. Elles sont là pour profiter de leur liberté, de l’été et du skate et malheur à celui ou celle qui voudrait les en empêcher.

Basée sur son précédent film Skate Kitchen, la série réalisée par Crystal Moselle réunit les mêmes personnages et interprètes mais adopte d’autres intrigues, en développant notamment les parcours personnels de chaque fille de la bande. Si la série n’aligne pas les revendications féministes, elle aborde frontalement les questions de la sororité, du harcèlement de rue, de la vague #metoo, du machisme, des assignations culturelles et aussi de la place des filles dans l’espace public.

Entre deux cadrages au ras du sol, pour suivre leurs figures de style et quelques travellings réalisés avec les planches au plus près des corps en mouvement, il est question des fêtes improvisées, de l’herbe que l’on consomme, des rencards que l’on a eus et de ceux que l’on voudrait avoir dans un langage très fleuri et même souvent cru. Betty** déroule une vie d’ados presque classique, au plus près du réel, si ce n’est que ce quotidien se fond dans le décor new-yorkais, une ville où il n’est pas simple de se faire une place sur le bitume quand on est une fille. Malgré son amorce plutôt lente et sa brièveté (six épisodes seulement), la série écrite par Lesley Arfin (cocréatrice de la série Love sur Netflix) offre un point de vue singulier et militant sur une sacrée bande de filles qui gagnent à être connues.
HBO a déjà renouvelé la série pour une saison 2.

Karin Tshidimba