Sur fond de faits historiques, TF1, la RTBF et Netflix ont produit une série romanesque, Le Bazar de la Charité, qui brosse le portrait d’une génération de femmes tentant d’échapper à leur destin. À voir dès jeudi à 20h35 sur La Une.
Tout est parti d’un article qui a frappé la productrice Iris Bucher. On y relatait l’incendie du Bazar de la Charité qui, en 1897, a provoqué la mort de plus de 120 personnes en quelques minutes à peine. « Un événement qui a marqué les esprits car il a touché les familles les plus riches de Paris », rassemblées à l’occasion d’une manifestation caritative très courue. Autre caractéristique notable : il n’y avait pratiquement que des femmes parmi les victimes. « Il y a d’ailleurs eu une polémique à l’époque car les hommes sont sortis les premiers. Non seulement, ils ne sont pas revenus pour sauver les femmes, mais certains les ont même piétinées pour échapper au brasier… J’ai essayé d’imaginer une histoire sur cette base qui tienne la distance de la saga. » Face au côté pléthorique des histoires personnelles inventées pour les trois héroïnes, TF1 a commandé deux épisodes supplémentaires, « ce qui est rarissime » souligne la créatrice Catherine Ramberg.
Dépoussiérer la saga historique
« Avant même le drame historique, on voyait le potentiel de ce récit féminin, poursuit la productrice. La gageure était d’insuffler une modernité à cette fiction en costumes. Que cela fasse écho à notre vie. »
« Aujourd’hui encore, il y a des jeunes filles qui n’ont pas le droit d’aimer celui qu’elles veulent, des femmes qui vivent sous la coupe de leur mari. C’est une thématique très contemporaine« , insiste la comédienne Julie de Bona qui campe la domestique Rose Rivière (à gauche sur la photo).
Ce souci, bien présent au moment de l’écriture, a également été pris en charge par le réalisateur Alexandre Laurent qui tenait à « dépoussiérer le genre. » Une volonté qui s’est notamment cristallisée dans la mise en scène de l’incendie. Un suspense vécu « à travers le regard des héroïnes ». Pour y parvenir le réalisateur a mêlé les images d’un véritable incendie, « le plus grand jamais tourné en studio (à Bry-sur-Marne, NdlR) en France ». Et des images de feu créées de façon numérique (VFX).
« En tout, nous avons tourné dix jours de feu, avec des prises de 35 à 40 secondes maximum car la chaleur n’était pas supportable au-delà. Le décor a été construit en matières ignifugées afin de pouvoir circonscrire les flammes. Elles faisaient jusqu’à 6 mètres de haut et brûlaient à 1m20 des comédiens. Cela a été un gros jouet pour moi », confie le réalisateur goguenard.
« Le premier épisode est comme un énorme teaser, un film catastrophe. La série prend vraiment son envol narratif à partir du 2e épisode car on y découvre tous les défis que les personnages vont devoir affronter » précise Alexandre Laurent. Et c’est là que réside l’intérêt de la série.
« Je n’avais jamais entendu parler de cet incendie mais j’ai appris que c’est suite à cela que les premières issues de secours ont été mises en place, précise la comédienne et chanteuse Camille Lou qui campe la jeune Alice. Les vêtements d’époque étaient très beaux mais très contraignants. Avec un corset, tu ne peux pas courir, à peine respirer ; on comprend vite pourquoi toutes ces femmes sont mortes. »
Le drame va transformer son personnage, Alice de Jeansin. « Alice est issue d’une famille de grands bourgeois, elle est en pleine découverte de la vie mais elle ignore que sa famille est ruinée. Tout ce en quoi elle croyait va partir en fumée dans cet incendie : ses rêves, son regard sur son fiancé, sur sa famille et la société. »
« C’était impressionnant et bouleversant de penser que des gens avaient vraiment vécu cela. Il y a eu des moments de stress car la chaleur était insupportable. À distance, on voyait les objets s’embraser… » Contraste saisissant avec le reste du tournage passer dans des châteaux glacés.
Une diffusion dans 140 pays, via Netflix
L’écriture a été accompagnée par une conseillère historique. Mais la volonté des scénaristes était d’avoir un langage « naturel et juste » (ni théâtralité, ni vouvoiement) pour qu’on puisse entrer facilement dans le récit. « Tous ces choix permettent de rapprocher l’histoire des spectateurs et de toucher les jeunes », affirme Camille Lou.
La diffusion sur Netflix (sous le titre The Bonfire of destiny) assurera à la série une audience plus vaste encore. « Elle sera disponible en portugais, allemand, italien, anglais, espagnol (9 langues en tout), sous-titrée en 30 langues et visible dans 140 pays », précise Audrey Fleurot. Même si l’apport de Netflix a été « conséquent » (sic), « ce n’est pas une coproduction, il n’y a eu aucune intervention artistique de leur part » souligne la productrice.
Le budget a toutefois permis aux Français de s’offrir un incendie d’anthologie et un tournage ambitieux dans Paris, avec les immeubles haussmanniens en toile de fond : « un vrai régal« , selon les dires du réalisateur et du directeur photo.
Rencontre: Karin Tshidimba, à La Rochelle
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