Produite par M6, la mini-série “Un homme d’ordinaire” est librement inspirée de l’affaire du tueur de Nantes. Elle a fait l’ouverture de la 21e édition du Festival de la Fiction de La Rochelle. Arnaud Ducret et Emilie Dequenne y tiennent les rôles principaux.
L’affaire Xavier Dupont de Ligonnès n’a pas fini d’inspirer les scénaristes. Elle est au coeur de deux mini-séries présentées cette semaine lors du Festival de la Fiction TV de La Rochelle. Après La Part du soupçon portée par Kad Merad (photo du bas), pour le compte de TF1, et découverte en avant-première sur la RTBF (mardi à 20h20), Un homme ordinaire, produit par M6, apporte un autre éclairage sur le drame de Nantes. Cette fois, il ne s’agit pas de se placer quinze ans après les faits, au moment où une inspectrice croit reconnaître l’homme en fuite, responsable d’un quintuple assassinat, mais bien de suivre pas à pas les méandres de cette délicate enquête judiciaire.
Au coeur de l’intrigue, un homme (rebaptisé Christophe de Salin) affable et prévenant, qui dissimule d’importantes difficultés financières et un profil de tyran domestique. Pour le camper, Pierre Aknine a choisi Arnaud Ducret, un pari que l’ex-héros de Parents mode d’emploi relève avec un certain crédit. « J’ai travaillé ma voix et ma posture avec un coach » afin de faire oublier l’image extrêmement sympathique que le comédien d’ordinaire renvoie. « C’est un honneur d’avoir été choisi, cela m’a fait vraiment plaisir car c’est un rôle sombre et complexe. Mon exutoire a été de tenter de beaucoup rire pendant le tournage, en dehors des moments de grande concentration », confie le comédien présent à La Rochelle, avec toute l’équipe, dont sa partenaire Emilie Dequenne.
La comédienne belge sert de pivot à cette enquête pour laquelle la France s’est passionnée et notamment un véritable hacker finalement condamné pour les nombreuses interférences occasionnées dans l’enquête en cours, via son site spécialement dédié à l’affaire. Féminisé, le personnage est endossé par Emilie Dequenne qui avoue « d’ordinaire tenir les faits divers le plus loin possible » d’elle. Un rôle qui voit la jeune femme obsédée et très isolée, seule face à ses écrans et à son portable. Une façon de personnifier l’intérêt voire même la fascination du grand public pour l’enquête.
Une narration à l’équilibre précaire
Mêlant flashbacks et points sur l’enquête en cours, la narration évolue selon deux lignes du temps régulièrement précisées à l’écran, ce qui alourdit parfois la narration. La thèse de la culpabilité est celle adoptée par Capa Drama mais Pierre Aknine, à la fois réalisateur et coscénariste, assure qu’ »il ne s’agit pas d’une fiction à charge: on tente seulement de comprendre le basculement d’un homme. Avec des surprises dans le dernier épisode… » Difficile de juger cette mini-série dont seul un épisode a été présenté au public, mercredi soir, suscitant l’étonnement d’une partie de la salle.
Que la fiction française s’empare de ses grandes affaires judiciaires est toutefois une bonne chose. On lui a trop souvent reproché sa frilosité et son manque de réactivité. Avec deux séries aux points de vue et aux temporalités aussi différentes, le public n’a que l’embarras du choix et aura certainement l’occasion de se faire sa propre idée sur ce drame, ce qui est bien le but de ce type de programme. L’affaire a fait trembler la France en 2011 et semble vouloir encore secouer le petit écran huit ans plus tard. Grâce à l’implication financière de RTL-TVI, la mini-série (4 épisodes) sera diffusée en Belgique en 2020.
Karin Tshidimba, à La Rochelle
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