Si le personnage de Berlin est à ses yeux, un être dangereux, son interprète, Pedro Alonso, tient davantage du moine tibétain et accorde beaucoup d’importance au fait « d’être en paix et serein« . Et pour lui, cela passe par l’écriture et la peinture. Rencontre avec le comédien qui est aussi membre du jury Fiction lors du 59e Festival de Télévision de Monte-Carlo.
La bande annonce dévoilée par Netflix le 3 juin dernier ne laissait planer aucun doute sur le retour de Pedro Alonso dans la saison 3 de La Casa de Papel. Restait à savoir comment la série allait parvenir à expliquer la présence de Berlin qui semblait hautement hypothétique (euphémisme) à la fin de la saison 2… A l’issue de sa rencontre avec la presse, le mystère reste entier car le mot d’ordre était clair : aucune question précise sur son rôle dans la 3e saison du hit espagnol (attendu le 19 juillet sur Netflix) ne serait acceptée. Si le mystère de son retour dans l’équipe demeure – alors qu’on les voit aux prises avec de nouvelles difficultés après leur évasion vers la Thaïlande -, Pedro Alonso ne s’est pas fait prier pour parler de l’influence de son rôle sur son métier de comédien, de ses inspirations ou de ses projets futurs.
« Il m’a fallu quelques jours pour digérer la fin de la saison 2 et ce qui arrive au personnage de Berlin, même si c’était une super scène à jouer… Après le succès de La Casa de Papel, j’avais besoin de faire le point. Beaucoup de gens quand ils voient ce qui m’arrive, me disent : profites-en, mais ma façon d’en profiter est d’en faire moins et plus lentement. Pour moi, c’est cela en profiter. L’année dernière, je n’ai fait qu’un seul film, un thriller psychologique qui va sortir cette année et qui s’appelle Le silence du marais. Ensuite, j’ai consacré beaucoup de temps à un projet personnel qui me tient vraiment à coeur : l’écriture d’un roman. J’ai beaucoup écrit. Normalement, je vais terminer ce roman cette année et il sera publié chez Penguin Random House. Son titre : Le Livre de Filippo. Je peins aussi énormément. Je peins à quatre mains avec ma compagne ; une partie de ces travaux va illustrer Le livre de Filippo et nous allons certainement faire une expo. Mon travail d’acteur continue et, parallèlement, je poursuis mon travail personnel. Il arrive de se tromper en prenant des décisions dans la vie, mais pour le moment, mon coeur est apaisé. Et comme il y a eu beaucoup de changements récemment, cette tranquillité est très importante pour moi. »
Interrogé sur la source d’inspiration pour son personnage de Berlin, l’acteur s’emballe.
« Juste avant la série, je venais de faire un voyage au Mexique, j’avais eu un petit rôle dans une série mexicaine et le pays m’a vraiment bouleversé pour toute une série de raisons. Il y avait quelque chose de chamanique dans ce voyage. Lorsque j’ai lu les deux premiers scénarios de La Casa de Papel, je me suis dit : Berlin est un chaman. Pas un chaman de lumière, un chaman dangereux. J’ai établi une connexion très intuitive avec le personnage. Parfois, on doit réfléchir pour créer un personnage, mais là, j’ai choisi de foncer tête baissée et ma peinture s’est incarnée dans ce nouveau rôle. »
Pedro Alonso montre, alors, différentes photos de toiles sur son téléphone. « Là, vous voyez tous les tableaux peints pendant la saison 1 de la Casa de Papel. Tout cela m’a été inspiré par le Mexique. Quant à la suite de la série, je suis ravi d’en faire partie et je me réjouis de voir ce qui va arriver à Berlin… » (grand sourire et haussements de sourcils)…
« Nous vivons un moment formidable en termes de créativité dans la production télévisuelle mondiale. Il y a des profils de plus en plus diversifiés et ceux qui écrivent, prennent de plus en plus de risques. C’est très enthousiasmant » poursuit-il.
Ses autres sources d’inspiration prennent plutôt forme sur le papier et la toile.
« Le fait que je peigne et que j’écrive ne veut pas dire que je fasse tout cela très bien », souligne le comédien (Il rit). « Le plus difficile est de bien écrire. Il y a des talents incroyables mais écrire un bon livre ou un bon scénario, c’est extrêmement difficile. Il y a quelques années, j’avais décidé d’arrêter d’écrire car je ne trouvais pas mon ton et je trouvais cela trop prétentieux, mais j’ai repris il y a 5 ans, j’ai écrit depuis un autre lieu et j’ai réussi à trouver ma propre voix. J’ai terminé ce roman de plus de 500 pages qui n’est pas une fiction, qui est très personnel, je le publierai peut-être un jour mais pas maintenant. Au même moment, j’étais déjà en train d’écrire un autre livre, celui qui va paraître bientôt. C’est un roman beaucoup plus ramassé : 200 pages. Je suis au dernier quart de ce roman et je me rends compte que c’est un film, même si je l’ai écrit comme un roman. J’admire beaucoup le travail de Shakespeare. Si un jour, j’arrive à faire en sorte que mon écriture débouche sur un film, je serai vraiment heureux. Je ne veux pas forcer le rythme, je veux prendre mon temps, en tant qu’écrivain et en tant qu’acteur. Je souhaite que le fruit tombe de l’arbre lorsqu’il sera mûr et si en tombant sur ma tête, j’ai une illumination, ce sera encore mieux ! L’histoire de ce deuxième roman se déroule au temps de l’Empire romain. C’est l’histoire d’un soldat qui voyage en Orient, c’est une sorte d’espion qui tente de débusquer ceux qui pourraient poser problème à l’Empire. Il fait connaissance avec le leader d’un groupe rebelle et sa vie en est transformée… »
Un peu comme la vie de l’acteur Pedro Alonso à la suite de sa rencontre avec le personnage de Berlin…
Entretien: Karin Tshidimba, à Monte-Carlo
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