Les comédiens Axel Auriant (Lucas) et Maxence Danet-Fauvel (Eliott) parlent de leur rencontre et de leurs débuts en duo dans la saison 3 de Skam France/ Belgique.

« On s’est vu avec David (Hourrègue, le réalisateur, NdlR) dans un resto à Parmentier et on a parlé de cette saison 3, de nos peurs et de ce qu’on avait bien aimé dans les saisons 1 et 2, pour qu’on soit bien d’accord sur le chemin qu’on voulait emprunter. Au-delà du fait que ce sont deux hommes, on voulait que ce soit une vraie histoire d’amour et que ce soit beau » explique Axel Auriant, l’interprète de Lucas dans Skam France/Belgique .

Son créateur, David Hourrègue, a commencé à écrire avec Niels Rahou, auteur du scénario de Fiertés, la mini-série de Philippe Faucon diffusée sur Arte.
« Il a rejoint une bande de scénaristes formidables qui connaissent nos personnalités et notre façon de parler grâce à tout ce que David leur a raconté. Il y a plein de détails inspirés de nous, dans cette saison, pour que ce soit le plus juste possible. Dans le jeu et la construction de nos personnages, ça a été génial parce que, tout à coup, les émotions collaient à nos vies. »

La saison 3 suit davantage nos personnalités

Pour les saisons 1 et 2, le contrat précise que la production doit suivre les scénarios originaux de la série norvégienne. « Ce n’étaient pas vraiment nos mots et nos personnalités. Mais cette fois, on a pu y mettre notre patte. Ensuite, il y a eu le casting pour trouver Eliott. Je laisse Maxence prendre le relais », dit-il, en se tournant vers son partenaire à l’écran.

« C’est mon premier projet et mon tout premier casting. J’ai été repéré pendant un cours ouvert où on faisait des improvisations sur scène. Ça s’est très bien passé : j’ai discuté avec David pendant une heure et demie et j’ai appris pendant un voyage en Corée du Sud que j’étais pris », explique Maxence Danet-Fauvel, nouveau venu dans la série. « Dès le casting, ça a été évident, témoigne Axel Auriant. Le feeling est passé tout de suite. C’était une vraie rencontre : on a commencé à se charrier, ça se passait très bien, toute l’équipe le ressentait. »

Les répétitions ont commencé le 3 septembre pour un premier jour de tournage fixé au 3 octobre.
« Avant qu’on ne commence, tout le monde nous disait que la saison 3 était la meilleure, mais on n’avait encore rien lu. Quand j’ai reçu les scénarios, j’ai vu que c’était vrai : j’ai pleuré et rigolé en la lisant. J’étais tellement heureux parce que, quand on reçoit des scénarios via nos agents, c’est souvent pour des castings et on sait que ce n’est pas forcément nous qui allons le jouer, au final. Alors qu’ici on a aimé un scénario qu’on allait pouvoir défendre et ça, c’était génial », poursuit l’interprète de Lucas.

Répétitions et connexion

« Les scènes étaient bien écrites même si elles n’étaient pas inspirées de moi puisqu’ils ne me connaissaient pas quand ils ont écrit mais, par chance, la description collait assez à ma personnalité », ajoute Maxence Danet-Fauvel.
« Pendant un mois, on a répété et on s’envoyait des messages le soir : la préparation a vraiment été intense. Ce qui n’avait pas été le cas sur les saisons 1 et 2 car on a eu moins de temps avant le début du tournage. C’était un luxe, ce mois de préparation même si on devait préparer deux saisons à la suite. »

Car, comme le confirme Axel Auriant, le rythme de tournage est très élevé : « on tourne entre 14 et 17 minutes utiles par jour. Si on arrive et qu’on ne connaît pas les intentions de jeu et qu’on n’a pas répété, cela ne fonctionne pas. Là, on avait le texte en nous et on n’avait qu’à vivre le moment, en écoutant David. Le plan de travail est tellement découpé que c’est important de toujours savoir où on en est dans l’histoire et de replacer les scènes dans le bon ordre dans sa tête. »

Réseaux sociaux et points communs

« Le fait d’avoir répété avec David a fait qu’il savait exactement comment nous diriger le jour J, poursuit Maxence Danet. Il y a eu un travail de fond, entre nous deux, pour bâtir cette histoire et la rendre crédible, mais aussi une connexion forte avec David. Je suis bien conscient qu’on n’aura pas souvent la chance de tourner avec des réalisateurs aussi patients et investis que lui. Même en étant hyper concentrés et en connaissant nos textes sur le bout des doigts, on a eu plein d’heures supplémentaires. Sans ce mois de préparation, cela aurait été irréalisable, en fait. J’ai même arrêté de voir mes potes et ma famille pour rester branché sur mon personnage. »

« C’est la même chose pour moi, enchaîne Axel Auriant. On a passé beaucoup de temps à trois, avec Chloé, pour coller à l’histoire qu’on partage dans la série. À la base, on voulait juste répéter un soir mais finalement, on a discuté une bonne partie de la nuit. Cela nous a permis de mieux nous connaître. Une relation s’est créée et je pense que cela se ressent à l’image. On est devenus potes, même avec le groupe des gars du lycée, tout est devenu plus fluide. On a vraiment eu la chance d’avoir David qui était un vrai papa sur le tournage. C’est un chef d’orchestre formidable, il a une façon de fédérer l’équipe pour que chacun donne son maximum. Cette alchimie avec une équipe bienveillante fait qu’on se sent vraiment porté. »
« En plus, Léa Coquin, la directrice de casting, a eu cette intuition, pour choisir chacun de nous, qui a fait que le groupe dégageait une énergie de dingue », souligne Maxence.

La forte présence de Skam sur les réseaux sociaux fait que le public confond d’autant plus les acteurs avec leurs personnages. Comme s’il n’y avait pas de filtre, de césure entre les deux.

« C’est vrai, on nous interpelle dans la rue. En même temps, je trouve que c’est cool car peu de séries arrivent à créer du contenu qui soit si proche de ce que les jeunes vivent vraiment. Les personnes qui ont été engagées pour gérer nos comptes Instagram font cela super bien : c’est une façon très efficace de toucher les jeunes et d’avoir une immersion totale avec nos personnages. Le fait d’être interpellé ne me dérange pas car je suis fier de mon personnage de Lucas, même s’il n’est pas moi », conclut Axel Auriant.

Entretiens à Paris: Karin Tshidimba