the bold type.jpgIl n’a pas fallu attendre les déboires de la désarmante Ugly Betty (série ABC produite par Salma Hayek dès 2006) pour découvrir les chausse-trappes et mœurs anthropophages du milieu de la mode. Cette savoureuse telenovela colombienne, adaptée par ses cousins américains, voyait Betty, jeune fille au grand coeur mais sans charme apparent, découvrir les coulisses d’un milieu carnassier à travers le quotidien d’un magazine spécialisé dans la mode.

A l’occasion de la Fashion week, mais surtout du « Fashion week-end » d’Arte, petit parcours au milieu des séries écrites façon « Mode et travaux ». Et, notamment, la plus récente The Bold type (photo).

mise à jour (5/10): The Bold type va revenir pour deux saisons supplémentaires (de 10 épisodes chacune), a annoncé Freeform, ce jeudi. Mais la série va changer de showrunner: Sarah Watson (Parenthood) passe en effet le relais à Amanda Lasher (Sweet/Vicious).

sex and the city.jpgSans remonter jusqu’à l’ancêtre Top Models (Amour Gloire et beauté, en VF) – dont l’épisode 7680 a été diffusé le 26 septembre aux USA sur CBS -, la télévision, comme pour mieux se regarder le nombril, a souvent ausculté les dessous de la création textile, un univers réputé impitoyable. Cette mise en abyme s’accompagne, inévitablement, de la mise en avant de ses principales égéries que ce soit pour les suivre en coulisses (The Bold Type), gentiment les moquer (Ugly Betty), s’en inspirer (avec le vestiaire hallucinant de Gossip Girl) ou déconstruire leur image (grâce à Carrie Bradshaw, fine observatrice de Sex and the city, photo).

Mode, médias et réseaux sociaux

Lancée en juillet dernier, The Bold Type** combine observation du milieu de la mode et de celui des médias par le biais de la rédaction de Scarlet, magazine spécialisé librement inspiré de l’expérience de Cosmopolitan. Créée par Sarah Watson pour la chaîne Freeform (Disney), la série met aussi en exergue les dérapages propres aux réseaux sociaux où la parole misogyne et formatée se croit libérée de toute contrainte. Mettant au jour l’image hyper sexuée et rétrograde que beaucoup gardent de la femme et de la « beauté » en particulier. Une série destinée à la jeunesse sur le milieu de la mode qui se montre féministe, ouverte d’esprit et progressiste, voilà de quoi étouffer nombre d’a priori sur le sujet.

the bold type 2.jpgMême si beaucoup s’en défendent, le mannequin continue à exercer une fascination sans bornes sur le commun des mortels. Il suffit de voir les Unes des magazines people, féminins et autres ou les castings des Miss météo et animatrices TV. En 2017, le mannequin continue à s’imposer jusque sur les plus hauts strapontins étatiques (cf. Mmes Sarkozy et Trump).

Que l’on arbore une taille 34 ou pas, la télévision tente aussi de nous pousser à devenir les rois et les reines du shopping. Une activité à haute valeur économique ajoutée même si elle ruine souvent, dans un même élan, l’estime de soi de nombre d’adultes et d’adolescents. Le vêtement venant oppresser les corps là où il devrait libérer les esprits et les personnalités.

La télévision et la mode visant toutes les deux, principalement, à vendre du rêve se gardent bien de nous rappeler que celui-ci reste forcément inaccessible et que celles qui s’en approchent, comme Blanche Neige n’ont bien souvent droit qu’à manger des pommes ou à s’empoisonner. Bien loin de l’image du corps resplendissant et sain vanté par les créateurs.

Dans un élan moins destructeur, Arte met au coeur de son « Fashion week-end » le coup d’oeil et les dessins d’Yves Saint-Laurent (dimanche à 23h) et le talent du Belge Dries Van Noten (dimanche à 16h55). Deux documentaires réellement inspirants.

KT