Soirée historique aux Emmy Awards où pour la toute première fois depuis 22 ans, l’Emmy de la meilleure réalisation salue le travail d’une femme : Reed Morano. Sacre mérité puisqu’il souligne le travail fantastique réalisé sur la série d’anticipation The handmaid’s tale – dont on aimerait qu’elle soit proposée sur une chaîne belge… La force de son propos (une République religieuse fondamentaliste qui dénie toute liberté aux femmes) et les 5 statuettes glanées dimanche soir à Los Angeles devraient assurément servir de blanc-seing à cette série produite par la plateforme Hulu.

Avec 5 récompenses pour La servante écarlate (son titre en VF) et cinq autres pour Big Little Lies, cette année 2017 restera inscrite dans les annales comme celle de la victoire du combat des femmes.

Une année cruciale en vertu des récits qu’elle a proposés mais aussi parce que les femmes ont été les premières actrices de ce combat d’autant plus difficile à mener qu’il concerne le plus souvent des droits bafoués insidieusement ou des violences exercées loin des regards, au coeur même des foyers. Comme l’a rappelé Nicole Kidman (photo) au cours de la cérémonie de remise des prix. C’est d’ailleurs le point commun entre ces deux séries dont l’une se déroule dans l’Amérique d’aujourd’hui (Big Little Lies) et l’autre imagine un futur horrifique (The handmaid’s tale). D’où son statut de dystopie.

Sacrée meilleure actrice dans une mini-série, Nicole Kidman, coproductrice de Big Little Lies, a souligné l’importance de mettre en lumière cette violence domestique, fléau bien plus présent qu’on le pense ou le reconnaît. Sa complice, Laura Dern, dans la peau d’une dirigeante de la Silicon Valley qui tente à toutes forces de protéger sa fille du harcèlement, a été récompensée en tant que second rôle dans la même série. Alexander Skarsgard a remporté la statuette du meilleur second rôle masculin, tandis que le cinéaste québécois Jean-Marc Vallée repartait avec celle de meilleur réalisateur. Couronnée meilleure mini-série, Big Little Lies repart donc avec cinq statuettes au total.

La famille, et les remous qu’elle affronte, était une thématique très présente, cette année. Ainsi Sterling K Brown (photo) a été récompensé pour son très beau rôle de père et de fils sur le fil du rasoir dans This is Us.

Le créateur Donald Glover, à la fois acteur et réalisateur de la série Atlanta, voit ses performances saluer par deux statuettes.
Il est toutefois devancé de très loin par Julia Louis-Dreyfus qui récolte sa 6e statuette d’affilée en tant que meilleure actrice dans une comédie pour son rôle de Selina Meyer dans le pastiche politique Veep. Une récompense qui paraît logique dans cette cérémonie sur laquelle, une fois encore, l’ombre du président Trump a plané en permanence et pas seulement au moment de récompenser l’incroyable créativité d’une émission telle que Saturday Night Live (4 récompenses)… Entre réalité et fiction, la frontière est de plus en plus ténue puisque les séries comme l’émission SNL pointent le sexisme, la violence et les inégalités sociales qui prospèrent dans l’Amérique de Trump…

Voici le palmarès des principaux prix

– Meilleure série dramatique : The handmaid’s tale (Hulu)

– Meilleure comédie : Veep (HBO)

– Meilleure mini-série : Big Little Lies (HBO)

– Meilleur acteur dans une série dramatique : Sterling K. Brown, This Is Us (NBC)

– Meilleure actrice dans une série dramatique : Elisabeth Moss, The Handmaid’s tale (Hulu)

– Meilleur acteur dans une comédie : Donald Glover, Atlanta (FX)

– Meilleure actrice dans une comédie : Julia Louis-Dreyfus, Veep (HBO)

– Meilleur acteur dans un téléfilm ou une mini-série : Riz Ahmed, The Night Of (HBO)

– Meilleure actrice dans un téléfilm ou une mini-série : Nicole Kidman, Big Little Lies (HBO)

– Meilleur film de télévision : Black Mirror : l’épisode San Junipero (Netflix)

KT

nb: La formidable série Big Little Lies portée par Nicole Kidman, Reese Whiterspoon et Shailene Woodley est désormais disponible en DVD chez Warner Home Edition.