En proposant la saison 2 d’American Crime*** juste après la diffusion de The night of***, Be TV n’offre que très peu de répit aux amateurs de très bonnes séries. Toutes les deux brillamment réalisées, ces deux intrigues touchent en effet à ce que nous avons de plus précieux et de plus profondément ancré au fond de nous : notre besoin de justice. Et pour l’éprouver, American Crime n’hésite pas à tester les limites qui enferment l’esprit humain. C’est une série dont on ne sort pas indemnes. Vous voilà prévenus.
L’affaire criminelle au cœur de cette saison 2 est en effet particulièrement perturbante, flirtant avec la honte, les non-dits, le bizutage et le harcèlement pratiqués dans les lycées américains et les soirées où, la drogue et l’alcool aidant, certains jeunes, plus faibles, deviennent des proies idéales pour les élèves les plus populaires du lycée. Fondée sur des faits réels, cette série met à mal le mythe américain. Un récit qui débute ce vendredi à 20h30 sur Be Séries
Basée sur un fait divers fulgurant, American Crime parle de la façon dont on tente de se remettre d’un traumatisme. Il aborde aussi la question de l’e-réputation, celle que de plus en plus de jeunes, et d’adultes, se bâtissent sur le net. En pensant être à l’abri de tout contrôle. Quels sont les dérapages sur lesquels vous êtres prêts à fermer les yeux ? Quelles attitudes jugez-vous acceptables lorsqu’il s’agit de vos enfants ? Comment réagissez-vous face à l’annonce d’une agression sexuelle ?, interroge John Ridley, réalisateur primé pour le film « 12 years a Slave ». Et lorsque la victime est un garçon ?
L’Amérique au microscope
Face à l’incrédulité de la direction, aux sourires narquois des policiers, aux commentaires grivois et aux insultes, Taylor Blaine (Connor Jessup) perd peu à peu pied tandis que sa mère, décidée à ce qu’on lui rende justice, fait front, pour le meilleur et pour le pire. La relation délicate entre cette mère célibataire aux revenus modestes et son fils est au cœur de cette enquête ultrasensible qui voit les pontes de la communauté locale tenter à tout prix de protéger leurs rejetons du scandale qui gronde.
Abordant les disparités entre enfants de familles déshéritées ou non, et celles existant au sein du système éducatif américain, entre enfants blancs, noirs ou hispaniques, American Crime réussit l’exploit d’être encore meilleure que lors du volet précédent, pourtant déjà brillant.
Avec son petit rang de perle et son brushing impeccable, Felicity Huffman est à nouveau incroyable dans son rôle de directrice aussi imbue d’elle-même qu’elle est sans pitié pour ceux qui ne sont pas de son monde. Et pourtant, elle était déjà épatante dans son rôle de mère révoltée et raciste lors de la saison 1. Quant à Regina King (photo ci-dessus), déjà couronnée d’un Emmy Award lors de la saison 1, elle se révèle tout aussi impitoyable dans le rôle de Terri Lacroix, la mère du très populaire et irrésistible Kevin (Trevor Jackson), capitaine de l’équipe de basket de la prestigieuse Leyland Academy.
Le principe de cette anthologie est en effet d’aborder une affaire criminelle différente à chaque saison (10 épisodes) mais (presque) toujours avec les mêmes acteurs au casting.
Sans trop en dire – pour ne pas en gâcher la vision -, on ne peut qu’être admiratif devant la façon dont American Crime parvient à épouser tous les méandres d’une affaire complexe qui a provoqué une déflagration dévastatrice au sein d’une communauté scolaire et locale, révélant les implications multiples de ce que certains considèrent parfois à tort comme un banal fait divers.
Une saison 3 en préparation
Malgré une audience en légère baisse (le sujet en a rebuté plus d’un), ABC garde le cap et offrira une saison 3 à cette exploration en profondeur des failles de la société américaine. Il y sera question des problématiques liées à l’emploi et aux disparités économiques.
Petit rappel pour les distraits: la série est en lice dans la catégorie meilleure mini-série aux prochains Emmy Awards (18 septembre).
KT
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