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Vinyl 2.jpgUn tiers gangster (Les Soprano – HBO déjà), un tiers Taxi Driver (Martin Scorsese, of course), un tiers rockstar (Mick Jagger, who else ?), un tiers fresque historique à la Boardwalk Empire (Terence Winter, lui aussi).
Bien sûr, cela fait 4 tiers mais le cocktail Vinyl*** se doit de frapper fort d’entrée de jeu. Et d’embrumer les esprits un temps ébahis.

Pari réussi à en juger par la pluie de critiques enflammées tombée sur la toile autour de la diffusion, ce dimanche 14 février, du premier épisode de la toute nouvelle série signée par le trio précité. Des commentaires inversément proportionnels aux audiences qui n’ont enregistré que 760 000 curieux.
Ceci n’effraie pas du tout HBO qui a décidé de commander une saison 2 (mise à jour 18.02)

C’est un projet très personnel pour les deux vieux briscards puisque l’un (Jagger) y revit sa jeunesse et l’autre (Scorsese) y croise toutes ces idoles. Quant au troisième larron (Terence Winter), il poursuit une étroite collaboration démarrée dans les coulisses de la Prohibition (Boardwalk Empire) et prolongée au pays de la finance folle (Le loup de Wall Street). De quoi tisser des liens solides entre le scénariste formé à l’école des Soprano et le cinéaste, grand amateur de mafieux. Tout en contentant tous les fans de séries auxquels s’adressent en priorité Be TV*.

vinyl-585.png1h48. C’est la durée du premier épisode de Vinyl***, toute nouvelle série coproduite par Martin Scorsese et Mick Jagger pour HBO.
Une odyssée qui va embrasser la musique des années 60 et 70, jusqu’au hip-hop contemporain, et les dessous très sexe, drogues et rock’n’roll de l’industrie du disque made in USA.

Un propos qui ne manque évidemment pas d’ambition, ce dont nul amateur de séries ne pouvait douter après avoir découvert l’équipe en charge du projet. La série a en effet été bâtie sur les souvenirs personnels de Scorsese, grand amateur de rock devant l’Eternel – qui négocia les droits de nombreux titres pour ses différents films. Et elle s’est nourrie de l’envie du musicien Mick Jagger, manifestée… 15 ans plus tôt, de voir un projet de l’ampleur du film Casino se pencher sur les grandes heures de l’industrie musicale. Le temps passant et le projet gagnant en ambition, Vinyl est aujourd’hui une série en bonne et due forme, avec (au moins) 10 épisodes à la clé.

Vraies stars (Led Zeppelin, David Bowie, les New York Dolls,…) et artistes fictifs se croisent et se répondent dans cette ode électrisante à la scène musicale new-yorkaise. Scènes de concerts survoltés, sessions d’enregistrements épiques et souvenirs extatiques : la nouvelle création de Scorsese offre aux spécialistes et aux néophytes, l’occasion de se frotter aux grands classiques comme à quelques découvertes puisque chaque épisode devrait proposer jusqu’à 30 titres de styles très variés.

vinyl 3.jpgVinyl retrace l’histoire de Richie Finestra, ex-fan de blues devenu richissime producteur de musique, aujourd’hui en pleine crise de la quarantaine et sur le point de voir le travail de toute une vie ruiné par la faillite de son label. Tandis qu’il tente désespérément de vendre American Century Records avant que son futur acquéreur ne découvre que le ver est dans le fruit, Richie est assailli par les souvenirs. Il est aussi tenté par d’ultimes découvertes qui pourraient bien décider de son avenir. Pourtant, il a promis à sa femme Dev (Olivia Wilde) de retrouver une vie «normale» une fois cette vente conclue. Mais Richie pourra-t-il vraiment se passer de sa dose quotidienne d’adrénaline ?

Dans ce premier épisode-fleuve – un véritable long métrage – Scorsese entame le récit des cinq jours qui vont décider de l’avenir de Richie et de son équipe, depuis ses associés véreux jusqu’à la plus obscure mais ambitieuse de ses assistantes artistiques (Juno Temple).
En filigrane, la série déshabille une industrie bâtie sur les pots de vin, les petits arrangements mafieux et une très longue liste de consommation de produits illicites. Un monde qui crée, grouille et grenouille en tous sens en visant le sommet des charts.

Pour creuser les dessous d’une industrie qui ne dit pas son nom – mais traite la plupart de ses stars comme de vulgaires produits de consommation – il fallait un comédien de talent, une carrure. C’est sur celle de Bobby Cannavale (Boardwalk Empire) que Scorsese et Winter ont choisi de tabler et l’homme, qui fut un mafieux sadique à Atlantic City, n’a aucun mal à imposer sa loi dans les coulisses du showbiz. Enfin, presque car avec la montée en puissance du punk et du disco, ce quadra amateur de blues et de rock peine à trouver les sons qui plairont à la nouvelle génération.

L’acteur est un habitué des rôles démesurés, explosifs, extrêmes. Ce n’est pas avec « Vinyl » que les opinions vont changer à son sujet ou son image s’adoucir. Dans cette nouvelle collaboration de Martin Scorsese et Terence Winter – déjà réunis aux crédits de Boardwalk Empire – il campe Richie Finestra, patron d’American Century Records, label (fictif) jadis conquérant sur le point d’être racheté par le géant (réel) Polygram.

vinyl 1.jpgScorsese partage avec son personnage principal Finestra ses origines italiennes, son enfance modeste et sa passion pour la musique.
Homme en pleine crise personnelle et professionnelle, Finestra est un loup solitaire, accro à la coke, qui aurait tout pour être heureux (une femme ancien mannequin, deux beaux enfants, une grande maison en banlieue) mais ce bonheur – sur lequel plane l’ombre persistante de Mad Men -, ne lui suffit visiblement pas. Il est même en péril depuis que son affaire tourne moins bien, que les stars montantes de la scène disco et punk préfèrent signer avec ses concurrents et que son équipe artistique manque singulièrement de nez pour dénicher de nouveaux talents.

Fasciné par cette saga du rock, Jagger y propulse son propre fils James, pour camper une star montante de la scène punk. Après ce premier épisode, Scorsese passera la main à d’autres réalisateurs. Sans doute ne retrouvera-t-on pas la même débauche d’images, d’énergie et de sons mais vu l’état du l’industrie musicale en 1973, cela laisse augurer de nombreux soubresauts potentiels…

* Lancé dimanche soir aux Etats-Unis et proposé en simultané (soit à 3h du matin) sur Be1, ce premier épisode sera rediffusé ce jeudi à 21h45 sur Be1 et est disponible sur Be à la demande.

KT