L’an dernier déjà, le Père Noël avait glissé un chef d’oeuvre à notre attention au pied du sapin: The Wire**** de David Simon. Et on s’était dit qu’il avait rudement bien fait de nous rappeler au bon souvenir de Jimmy Mc Nulty, Stringer Bell, Omar Little et leurs nombreux rivaux de Baltimore. Car rien ne vaut la puissance évocatrice d’une saga au long cours le soir au coin du feu.
Après le drame social mêlant le polar critique et les enjeux territoriaux, cette année se place sous le signe de l’un des plus beaux drames familiaux de ces dernières années: Six feet under***. Une série qui a marqué les esprits par son ton mais aussi par son cadre. Un espace social inusité et une activité professionnelle atypique: celle d’une entreprise de pompes funèbres…
Dix ans. Dix ans déjà que cette famille-là nous a quittés, au terme d’un final éblouissant qui a marqué à jamais la mémoire de ses fans. Il faut dire que les liens tissés au fil de 63 épisodes d’une trame empreinte d’une grande justesse et d’une farouche honnêteté, avaient permis de sonder au plus près les âmes et les drames humains au sein de la famille Fisher. Révélant une richesse humaine inédite et sincère bien loin de l’hypocrisie du rêve américain.
On les avait découverts fragiles et esseulés au moment de la disparition du père de famille, un homme encombrant et pas si facile à aimer, mais un repère solide face à un métier pas toujours évident à assumer: celui de croque-mort.
Qui aurait pu imaginer que le public se passionnerait pour le quotidien d’une entreprise de pompes funèbres et pour les nouvelles géométries familiales dessinées par ses membres de 2001 à 2005? Le travail de fond réalisé par Alan Ball et son équipe de scénaristes a permis de hisser cette série vers des sommets narratifs et émotionnels insoupçonnés.
Ni rebondissements extravagants, ni pirouettes scénaristiques, juste les failles, les petites lâchetés et les arrangements avec la vérité utilisés par les pères, mères, frères, soeurs, amants et enfants d’une famille élargie pour tenter d’embellir leur quotidien.
Jamais, sans doute, n’avait-on si bien parlé de la mort, de la façon dont elle nous cueille et de la manière dont chacun tente de vivre son deuil.
Depuis, d’autres séries se sont aventurées sur le même terrain comme The Leftovers pour ne citer que la plus récente d’entre elles, mais la création d’Alan Ball (American beauty, True Blood) a pour elle un casting brillant, un générique époustouflant, une réalisation hors pair, la parfaite gestion de sa narration (5 saisons de 13 épisodes max) et de personnages aux prises avec des questions aussi essentielles que la vie, la mort, la souffrance, la famille ou le deuil.
Cette création sans tabou a durablement marqué l’histoire des séries comme en témoigne le coffret de l’intégrale, pour le moins original, réédité à l’occasion des fêtes. Il renferme de nombreux et précieux bonus.
KT
Coffret Warner Home Video, l’intégrale 5 saisons, 25 DVD, environ 60€
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