A cette période de l’année, les frondaisons de la forêt ardennaise sont somptueuses. Une déclinaison spectaculaire, allant du roux à l’ocre, qui habille une partie du ciel et des sous-bois. Mais ce matin, le brouillard joue les trouble-fête et la route qui mène au village de Nollevaux semble plus mystérieuse que jamais. Cela tombe bien puisque la forêt et la nature environnante sont des personnages à part entière de la série Ennemi public et en définiront l’atmosphère. Mais il ne faudrait pas que le froid devienne polaire car de nombreuses scènes extérieures sont prévues jusqu’à la mi-décembre. De quoi donner des sueurs froides à toute l’équipe…
Pour l’instant les décors sont plantés à l’entrée du village, dans la fameuse auberge de la famille Stassart. Un bâtiment au centre de toutes les tensions lorsqu’éclate l’affaire Guy Béranger, du nom du célèbre criminel accueilli depuis peu au monastère de Vielsart, dans le cadre de sa conditionnelle. Une libération qui n’a pas manqué de susciter des réactions passionnelles au sein de la population. Alors, forcément, lorsqu’une petite fille disparaît, la foule a tôt fait de réclamer sa tête.
« Que feriez-vous si vous deviez vivre aux côtés d’un individu dangereux ? » C’est la question posée par « Ennemi public », la nouvelle série belge en tournage jusqu’au 23 décembre, qui alternera paysages du Namurois, de l’Ardenne, d’Aubel et de Malmédy. Un projet qui comme les précédents Esprits de famille et La Trêve est soutenu par le Fonds séries créé par la RTBF et la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Au fil de 10 épisodes, on y suit différentes personnes, ou groupes de personnes, confrontées à cette libération qui déchaîne les soupçons. Avec deux référents en toile de fond : Chloé Muller (Stéphanie Blanchoud) policière chargée d’assurer la sécurité de l’ex-prisonnier, et Frère Lucas (Clément Manuel), chargé de suivre le noviciat de Béranger et de jauger sa sincérité. « La série s’intéressera aussi à la simplification des discours, à la récupération politique et des médias dans le cadre de certains faits divers. Et s’interrogera : que prévoit la justice pour les psychopathes, une fois leur peine écoulée, puisque tout le monde sait qu’on ne sait pas les soigner ? » précise le script.
Toute ressemblance…
« L’idée vient de l’affaire Martin, on ne le nie pas, de ce que nous en avons perçu en tant que public, mais notre volonté est de nous en détacher totalement. D’ailleurs, Béranger n’est pas un pédophile mais un tueur. Notre espoir est que le public se concentre sur nos personnages, notre histoire. Nous avons été bien accueillis dans le milieu ecclésiastique, il y a eu de l’écoute et de l’ouverture alors même que le sujet reste compliqué » précise Matthieu Frances, auteur principal de la nouvelle série belge.
Celle-ci est marquée par la volonté de réalisme de ses auteurs via une immersion dans la vie monacale mais aussi sur le plan médical et judiciaire. Un travail de recherche que les quatre co-auteurs se sont réparti dès le départ. Un cinquième coauteur est venu rejoindre l’équipe début 2015 si bien que chacun signe deux épisodes après que tous les cinq aient établi, ensemble, les parcours des personnages et les principaux ressorts dramatiques.
Le tournage du jour compte deux scènes importantes du début de l’histoire. On y voit la police faire le point sur l’enquête autour de la disparition de la petite Noémie, alors que la presse afflue et que la colère gronde. Deux journalistes RTBF, Delphine Simon et Nathalie Maleux, se prêtent volontiers à l’exercice, l’une sur le terrain et l’autre en studio.
KT
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