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the knick 7.jpgNew York 1900. Dans les vastes artères, les voitures à cheval croisent cyclistes et piétons sans distinction. Les Dames en crinoline et Messieurs en costume se promènent en calèche même si les premières automobiles font leur apparition.

Dans les ruelles de seconde zone, la foule serpente entre échoppes et charrettes à bras. Dans les bâtisses à l’alentour, les familles s’entassent dans des conditions d’hygiène épouvantables, qu’il s’agisse de Chinatown, de Little Italy, du quartier juif ou de Little Africa. Entre grossesses à risque, fausses couches, mauvais coups, épidémies foudroyantes, immigration clandestine et maladies inconnues, la vie des ouvriers tient souvent à un fil.

Dans cet univers mouvant et cette ère pionnière, un homme s’est fait connaître et a révolutionné l’art de soigner et surtout celui de guérir : William Stewart Halsted. Né en 1852 et mort en 1922, il est l’un des pionniers de l’anesthésie chirurgicale et a mis au point plusieurs procédés opératoires, parmi lesquels la mastectomie radicale en cas de cancer du sein. Il est aussi connu comme étant l’un des 4 grands médecins fondateurs de l’hôpital Johns-Hopkins de Baltimore.

C’est à cette figure emblématique que The Knick***, la série de Steven Soderbergh, rend hommage à travers le personnage de John Thackery campé par l’explosif et virevoltant Clive Owen. La saison 2 a démarré ce vendredi soir aux Etats-Unis.

The Knick.jpgAu-delà des petits arrangements avec l’histoire (on lui attribue aussi les inventions d’autres praticiens), cette figure controversée (cocaïnomane et instable) mais majeure de la chirurgie moderne offre un formidable territoire de jeu à Soderbergh et Owen. Pour illustrer leur admiration, les deux hommes lui adressent un clin d’œil en fin de saison 1 (épisode 7) où l’on voit le Dr William Halsted, venu de Philadelphie, assister à une opération menée par Thackery.

Pour préparer son rôle, le comédien a été épaulé par un expert : le Dr Stanley Burns. « Il était avec nous sur le tournage pour nous donner tous les conseils nécessaires sur les modes opératoires, etc. Il possède des archives incroyables. Je me souviens qu’au début, il ne cessait de répéter qu’il fallait plus de pinces, plus de sang car c’était la réalité de l’époque. J’ai lu le livre qui retraçait l’histoire de William Halsted et cela m’a conduit vers d’autres ouvrages écrits au tournant du siècle. C’était une époque à la fois rude et excitante. »

the knick 8.jpgJohn Thackery est un personnage difficile, provocant. Un challenge qui a tout de suite attiré Clive Owen. « Thack est un être volatile. Il est accro à la cocaïne et plein d’énergie, c’est intense mais aussi passionnant de jouer un tel personnage. Il n’y a pas une seule scène où l’on peut se tenir en retrait parce que ce n’est pas son genre. Steven Soderbergh n’aime pas que les choses se répètent. Il aime tourner des longs plans de séquence avec des scènes parfois très denses et compliquées à jouer, et nous ne faisons pas beaucoup de prises. Donc c’est grisant; vous devez rester concentrés sur votre jeu et donnez le meilleur de vous-même. C’est exigeant mais en même temps, formidablement gratifiant. »

La question raciale est certainement la plus dérangeante dans la saison 1.
« Certains m’ont demandé comment je pouvais dire toutes ces répliques racistes. Mais les auteurs ont fait des recherches très sérieuses sur l’époque et la vie dans les hôpitaux. Ils ne voulaient pas seulement parler de la médecine mais aussi de ce à quoi ressemblait la vie à New York en 1900. Les temps étaient vraiment durs. Cela aurait été totalement faux, historiquement parlant, que je joue un type libéral accueillant le Dr Algernon à bras ouverts. »

the knick 9.jpg« Steven tourne comme s’il s’agissait d’un film de 10 heures, poursuit Clive Owen. C’est un tel animal de cinéma qu’on ne sent pas la différence. Il est brillant et passionnant à regarder. Il faut dire que le scénario est formidable, ces gars savent ce qu’ils font, vraiment. Steven venait d’annoncer qu’il se retirait du cinéma lorsqu’il a découvert ce script. Et en le lisant, il s’est dit : ‘si je ne le fais pas, le prochain qui le lira, s’en emparera’. J’ai ressenti exactement la même chose en découvrant l’histoire de John Thackery. Je ne pouvais pas refuser. »

« La force de la série est qu’elle vous permet de plonger au plus profond d’un personnage et de vous confronter à d’autres personnalités. Il faut le dire aux jeunes scénaristes : si vous signez un bon script, vous aurez des bons acteurs pour le faire vivre car c’est ce dont nous rêvons tous. Une des autres raisons pour lesquelles j’ai accepté était le fait de tourner avec Steven Soderbergh, cette série a le parfum de son cinéma. »

S’il reste très discret, concernant les développements de la saison 2 entamée ce vendredi soir sur Cinemax (cousine d’HBO), Clive Owen finit tout de même par confier: the knick S2.jpeg« Une des clés de la saison 2 est de savoir si Thackery peut se remettre sur les rails. Son addiction est un problème long, difficile, complexe, qui ne va pas se régler en une semaine. C’est donc une question qui sera centrale tout au long de cette saison 2. Il est toujours le même homme. Ce qui fait de lui un homme brillant, sur le plan médical, est ce qui fait qu’il prend de la drogue et devient fou dans la vie de tous les jours. »

« J’ai accepté ce rôle parce que ce type est un personnage difficile. Il n’est pas facilement aimable (dans le premier sens du terme) et il est très provocant. C’est donc un vrai challenge. On est déstabilisé par certaines choses qu’il fait, il est difficile de le comprendre parfois. Mais, pour moi, c’est forcément beaucoup plus intéressant à jouer qu’un personnage droit, décent et héroïque. Et plus réaliste aussi. Beaucoup de gens brillants et talentueux ne sont pas si faciles à vivre. On ne veut jamais accepter que les bons côtés des gens. Mais ce qui les rend imprévisibles et géniaux est exactement ce qui fait d’eux des personnes difficiles à vivre. Thackery prend des risques, il est brillant mais son caractère… hum… craint sérieusement. Comme le personnage réel dont il s’inspire. Car William Halsted a fait une différence majeure dans la vie de beaucoup de gens. »

 Entretien: KT, à New York