Le plus jeune maire des Etats-Unis. Le titre a rendu célèbre Nick Wasicsko (28 ans) mais la fierté fut de courte durée. Confronté à un projet de construction de logements sociaux dont aucun de ses administrés, majoritairement blancs, ne voulait, il vécut des mois de lutte juridique, de conseils houleux, de quasi insurrection civile et de popularité en chute libre.
Cette histoire, véridique, David Simon a décidé de la raconter à sa manière : sans esbroufe et en prenant soin de mettre en lumière les points de vue en présence à travers les portraits soignés des habitants (noirs et blancs) de Yonkers, dans l’Etat de New York.
Avec Show me a hero***, David Simon s’attaque aux années 80 et au refus de cohabitation entre communautés.
Pour mener à bien son projet de mini-série, il s’est adjoint le talent du journaliste William F. Zorzi avec lequel il avait travaillé au « Baltimore Sun » et développé la trame de sa célébrissime série The Wire****. C’est d’ailleurs HBO qui a accueilli leur nouveau projet : six épisodes dont le dernier a été diffusé dimanche soir.
Comme ce fut le cas pour « The Wire », la critique américaine a salué unanimement cette nouvelle fresque aux fondements sociaux et politiques. Show me a hero nous plonge en plein cœur des années 80 à une époque où l’on pensait que les Etats-Unis en avaient terminé avec les questions de cohabitation et de mixité sociale. Pourtant, régulièrement, des faits divers sordides ou des tueries de masse viennent rappeler qu’il n’en est rien.
Cette façon très personnelle de prendre le pouls de son pays est ce qui fait la renommée de David Simon. Et pour une fois, le scénariste et producteur n’a pas dû attendre la rediffusion ou l’édition DVD pour connaître le succès car les audiences de la série ont été bonnes.
Portée par le comédien Oscar Isaac (« Inside Llewyn Davis »), la mini-série, inspirée du livre de Lisa Belkin (1999) a été filmée par Paul Haggis. Chômage, précarité, municipalité, drogue, inégalités, justice, racisme : on y retrouve tous les thèmes de prédilection de Simon.
Au même moment, le 10e anniversaire du passage de l’ouragan Katrina a remis en lumière son formidable travail sur la Nouvelle-Orléans dans la série Treme***. Récit qui a si bien su traduire le désarroi, la rage de revivre et la résilience des habitants de la ville. Et série qui pointait aussi les inégalités chroniques entre habitants fortunés (majoritairement blancs) et pauvres de Nola. Que ce soit dans « The Wire » ou dans « Treme », les mêmes problématiques lancinantes rongent les Etats-Unis. Trente ans plus tard (l’action de « Show me a hero » se déroule en 1987-1989), le problème est encore bien loin d’être réglé…
Révélatrice du syndrôme Nimby (= Not in my backyard; traduction: « pas de ça chez moi ») qui accompagne nombre de projets immobiliers, la série tire son nom d’une citation de Scott Fitzgerald: « Show me a hero and I will write you a tragedy ».
KT
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