gracepoint.jpgOn ne vas pas se mentir: il paraît d’emblée extrêmement compliqué de se passionner pour Gracepoint lorsqu’on a aimé et suivi Broadchurch, la série britannique dont elle est l’adaptation très (trop) fidèle.
Et le fait que David Tennant, qui jouait déjà dans le version originelle, soit de l’aventure n’arrange rien, paradoxalement. Même si on sait que de subtils changements vont intervenir afin de ne pas gâcher le plaisir du téléspectateur – qui a peut-être déjà regardé la série-mère -, les nuances suffisent-elles à briser l’impression de déjà vu ? Pas sûr.
Un résultat que l’on a pu juger sur pièce, c
e jeudi à 20h30 sur La une.

Gracepoint n’est pas la première à tenter le pari de l’adaptation. The Killing, avant elle, avait assez intelligemment transposé la trame du polar danois dans les environs brumeux de Seattle, réinventant au passage plusieurs parties du scénario original pour renouveler le suspense.

En revanche, on était resté plus circonspects face au caractère trop appliqué de The Bridge, l’adaptation américaine de l’excellent polar suédo-danois Bron. Difficile, parfois, de trouver la bonne distance entre (grande) fidélité à un scénario original et coupable manque de créativité.
L’important est de trouver le bon angle, la petite touche d’originalité qui va capter l’attention du public et venir réveiller l’histoire originelle. Comme ce fut le cas pour les adaptations de séries israéliennes Be Tipul (devenue In treatment) et Hatufim (devenue Homeland), par exemple.

gracepoint1.jpgSi dans le cas des séries nordiques et israéliennes, on comprend la nécessité de se réapproprier l’histoire et de l’adapter à son territoire, en revanche, vu de l’extérieur, difficile d’imaginer la passion de l’adaptation développée par les Américains vis-à-vis des fictions britanniques.
Ayant en commun la langue (à quelques nuances et inflexions près) on saisit en effet assez mal la nécessité de modifier les brillantes fictions imaginées par leurs cousins de la fière Albion. D’autant qu’au passage, la recette perd parfois le sel ou le parfum qui fait tout son charme.

Est-ce le cas de Gracepoint* adaptée du succès Broadchurch ? En grande partie, malheureusement. Seuls ceux qui n’ont pas vu l’original pourront se passionner pour cette nouvelle enquête tournant autour de la mort d’un jeune garçon. Pour tous les autres, la couleur un peu délavée de la décalque risque de les détourner de cette histoire qui promet cependant de nous surprendre avec son épilogue. La version américaine est en effet plus longue que la britannique: 10 épisodes contre 8, au départ.

Dans le même ordre d’idée, on nous annonce une adaptation de Luther et une autre de Black Mirror, deux séries «so british» que l’idée, seule, suffit à nous faire grincer des dents. Mais ne préjugeons pas. On n’est jamais à l’abri d’une bonne surprise, même si des cohortes d’exemples invitent à la plus grande prudence…
KT

nb: bien sûr, si vous n’avez pas vu Broadchurch, le scénario de Gracepoint pourra vous sembler tout à fait original…