esprits de famille cover.jpgCe dimanche soir, la RTBF entre dans une nouvelle ère. Celle des 40 soirées de fictions belges par an – du moins, elle l’espère – qu’elle entend proposer grâce au Fonds mis en place avec le soutien de la Fédération Wallonie Buxelles. Elle ouvre le bal avec le 1er des 10 épisodes d’Esprits de famille, une comédie qui bouscule les codes familiaux.

A la manoeuvre, on retrouve des habitués de la tour Reyers: Jean-Luc Goossens au scénario, Catherine Burniaux (Stromboli Pictures) à la production et Jean-Marc Vervoort, aidé de Fabrice Couchard, à la réalisation.
60 jours de tournage ont été nécessaires pour mettre en boîte cette ode aux familles «décomposées», aux parents envahissants et aux ados survoltés. Un scénario au ton résolument décalé qui fleure bon le surréalisme belge, affirme sa productrice. Jean-Luc Goossens nous parle de la genèse de sa série décrite, par sa productrice, comme s’inscrivant « à la lisière entre Modern family et Fais pas ci, fais pas ça, avec une pincée de Ma sorcière bien-aimée en plus ».

« J’ai commencé à réfléchir à Esprits de famille, il y a deux, trois ans lorsqu’on a senti qu’on ne poursuivrait pas l’aventure Melting Pot café (3 saisons, série lancée en 2007). J’avais envie à la fois d’une comédie familiale dans laquelle les gens peuvent se retrouver et en même temps d’une petite touche de fantastique comme dans les grandes comédies fantastiques que j’admire au cinéma façon « Un jour sans fin ». » Un filon que Jean-Luc Goossens avait déjà exploité en télévision avec la comédie «Si j’étais elle» portée par Hélène de Fougerolles, Thierry Lhermitte et Hyppolite Girdadot.

esprits de famille 3.jpg« J’ai pensé à cette idée des enfants qui, à un moment, en ont tellement marre de leurs parents qu’ils souhaitent en être débarrassés et puis, les parents ont un accident. Dans la première version, les parents mouraient et revenaient sous forme d’esprits, de fantômes. Et puis, en y réfléchissant, je me suis dit que ce n’était pas plus mal qu’ils soient dans le coma car le principe est le même: ils pourraient leur pourrir la vie et intervenir encore plus qu’avant. Et en plus, cela poserait la question essentielle de la vie: que va-t-on faire ? Est-ce qu’on va les débrancher ? Ce qui inclurait une tension supplémentaire au fil de la saison. »

A travers ses 12 personnages, Jean-Luc Goossens explore tous les âges de la vie avec leurs déboires et leurs réussites: professionnelles, personnelles,… Les grandes questions aussi: la vie, l’amour, la maladie, la mort, l’épanouissement, la reconversion, les enfants, la crise de la quarantaine,… Sans oublier le handicap puisque François, le patriarche est aveugle. Le ton est cependant à l’humour bon enfant, tendance franche rigolade, qui se joue des tabous.

La comédie est la marque de fabrique de Jean-Luc Goossens. On a pu le voir à travers Melting Pot café ou la série des «Je hais (les enfants, les parents, les vacances)». Le tandem Catherine Burniaux productrice, Jean-Luc Goossens scénariste est d’ailleurs une affaire qui roule depuis plus de 10 ans maintenant avec nombre de fictions et de séries nées de cette fructueuse association.

esprits de famille 5.jpg«J’ai commencé à écrire la série, seul: la bible des personnages et les 6 premiers épisodes. A partir du 7e épisode, on a partagé le travail avec une équipe de 4 jeunes scénaristes. Les synopsis étaient déjà écrits mais ensuite, on a travaillé en atelier, chacun des 4 scénaristes prenant en charge le découpage d’un épisode avec regards croisés des autres. Ce qui a enrichi le travail de chacun et permis de pousser les choses plus loin.» Jean-Luc Goossens restant en charge des dialogues.

Sur la saison 2 déjà en écriture, « j’ai écrit les grandes lignes (les arches de chaque personnage) et on va continuer à travailler à 3. J’ai resserré l’équipe pour gagner en efficacité. Si les audiences des 2, 3 premiers épisodes sont bonnes et qu’on reçoit le feu vert de la RTBF, le tournage pourrait démarrer en mars prochain. Le temps de boucler le financement et de lancer le tournage. »

Pour cette première saison, outre le Fonds des séries belges et le tax shelter, le projet bénéficie d’un petit apport en capital français. Sa «belgian touch» – qui s’affiche jusque dans le générique avec la musique de Noa Moon – a en effet déjà permis de séduire la chaîne HD1, du groupe TF1.

Entretien: KT