David Pujadas, Nicolas Demorand, Amélie Nothomb, Sofia Aram, Christine Ockrent : rien que le casting « voix » de cette série d’animation vaut son pesant de peaux de bêtes. Car dans Silex and the city**, le regard sur l’évolution des espèces ne manque pas de mordant. Toute ressemblance avec des situations récemment vécues est soigneusement entretenue.
L’un des guests de cette saison 3 est d’ailleurs le ministre du Redressement progressif, alias Arnaud Montebourg, qui non seulement assume sa représentation (peu flatteuse) sous la forme d’un singe vêtu d’une marinière, mais a accepté de prêter sa voix à un épisode de la série.
« L’enregistrement a eu lieu dans le cadre du ministère par manque de temps et a duré une dizaine de minutes », a expliqué le cabinet de l’ex-ministre. Singe ou pas, on y découvre Montebourg en lutte contre la délocalisation d’un volcan, défendant avec poigne le «made in feu». On ne se refait pas…
Une parodie joyeusement anachronique à découvrir dès ce samedi à 20h45 sur Arte
Cette troisième saison voyage aux États-Unis, au Maroc et à Saint-Trop’ et parodie avec fougue « Star wars », James Bond ou « Peau d’âne ». On y cause commerce paléo-équitable et lieu d’échange alter-darwiniste, on y croise Karl Lagerfeld, Carla Bruni ou DSK et on s’inquiète déjà des déboires d’EDF, alias Energie du feu.
Présentée comme « la saga d’une famille préhistorique aux préoccupations contemporaines », Silex and the City est au départ une BD* signée Jul qui parle du paléolithique tout en parodiant les thématiques qui secouent la société française. « Evoluer plus, pour gagner plus », « minorités visibles », théorie du genre, crise économique, féminidées, paléo-pipolisation : déjà en – 40 000 avant J.-C., travers et soucis n’épargnent pas nos ancêtres préhistoriques. Réactionnaires contre alterdarwinistes, australopétasse contre bobo sapiens, les aventures de la famille Dotcom sont savoureuses et pleines de sous-entendus, même si tous les épisodes ne se valent pas forcément.
Après ses collaborations avec « L’Echo des Savanes », « Charlie Hebdo » ou « Fluide Glacial », Jul, dessinateur-reporter, historien de formation, s’est lancé dans l’animation avec un dispositif inspiré du travail de Goscinny avec Astérix, qui parodiait la France de de Gaulle par le biais d’une tribu d’irréductibles Gaulois.
« Toute la planète semble obéir aux lois de la sélection naturelle. Toute ? Non, une vallée résiste encore et toujours à l’évolution » annonce le préambule de la série, en guise de clin d’oeil.
Dans cette vallée fertile, on croise Spam, Blog et leurs deux enfants: URL et Web, sans oublier Rahan, le copain branchouille de la jeune fille, un enfant de la pub à n’en pas douter.
«En temps de crise, la pierre est une valeur refuge. En plus, on est en plein dans notre coeur de cible: la mammifère de moins de 50 ans» affirme Rahan à qui veut l’entendre. En trois minutes à peine, Jul parvient à faire le lien avec des préoccupations très contemporaines, en détournant joyeusement l’univers qu’il a recréé. Comme le démontre cet épisode de la saison 2…
« Il m’a fallu cette distance de 40 000 ans pour jeter un regard perçant sur la France sarkozyste », précise Jul. Le moins que l’on puisse dire est qu’il ne rate pas sa cible. Et cela fonctionne toujours parfaitement sous la présidence Hollande.
Après « La minute vieille », son autre programme court, Arte démontre qu’elle cultive bons mots et répliques qui claquent. Retour de la saga ce 1er novembre, et ensuite du lundi au vendredi à 20h45.
KT
nb: le tome 5 a été publié chez Dargaud
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