Inefficaces, roublards, menteurs, parieurs, lents à la détente, gaffeurs, maladroits, cassants: la liste des défauts des membres de l’équipe de Selina Meyer est longue, très longue. On avait déjà pu s’en rendre compte lors de la 1e saison et, bien sûr, les choses ne s’arrangent pas au cours de cette deuxième salve, proposée dès ce mercredi à 20h45 sur Be séries.
Déclarations mensongères ou ineptes, bévues, blagues de pochtrons et humour au ras des pâquerettes: rien n’est épargné à la vice-présidente des Etats-Unis, traditionnellement appelée Veep**, en raison des initiales de sa fonction (VP).
A l’heure des élections de mi-mandat, Selina Meyer espère bien faire reconnaître son rôle croissant aux côtés du Président, un plan qui ne sera pas aisé à mettre à exécution tant les obstacles s’accumulent.
Avec Veep, la politique a tout d’une farce et, soudain, les déboires de nos élus prennent un nouveau relief, une autre saveur. Caricaturale, cette prestation, à la limite du grand guignol, rappelle à quel point les coulisses du pouvoir sont un sujet de prédilection pour les créateurs de séries.
Evidemment inspiré par celui de Sarah Palin, candidate illuminée venue tout droit de son Alaska natal, le rôle de Julia Louis-Dreyfus est à mille lieux de celui de Kevin Spacey dans House of Cards ou de Kelsey Grammer dans Boss. Deux ordures en costumes, despotes en puissance et descendants de Machiavel, au comportement de véritable mafieux.
Cette thématique «Séries et pouvoir» est au coeur de la conférence qui lance la 2e édition du Festival Are you series, programmé à Bozar du 29 mai au 1er juin. Dès ce mercredi soir, à 18h30, à PointCulture, Donatien de le Court et Philippe Delvosalle proposent un tour d’horizon des fictions politiques, trois jours après les élections en Belgique.
Des États-Unis (“Boss”, “House of Cards”) à la Scandinavie (“Borgen”), de la comédie (“Veep”) aux séries réalistes qui ont l’Histoire pour toile de fond, la question politique obsède les hommes et les pousse souvent dans leurs derniers retranchements.
On pourra s’en rendre compte lors de ce Festival avec Burning Bush (vendredi à 19h), série signée Agnieszka Holland qui revient sur l’immolation du jeune étudiant Jan Palach en signe de protestation contre l’invasion de la Tchécoslovaquie (cf. note précédente).
Ou avec Ottepel (dimanche à 13h30) qui observe comment le milieu du cinéma moscovite des années 60 a vécu l’ouverture post-stalinienne. Avec son esthétique inspirée par Mad Men, choix revendiqué par le réalisateur Valéry Todorovsky, «The thaw» suit Viktor Khroustaliev, chef opérateur soupçonné par le KGB d’être impliqué dans le suicide d’un de ses amis, scénariste. Afin de se racheter une bonne conduite, il doit accepter de travailler sur une «comédie kolkhozienne» avant d’obtenir l’autorisation de tourner un film plus personnel.
Tentative de mise au pas et pressions politiques: des thèmes qui font penser aux premiers temps de la télévision en Grande-Bretagne, explorés dans The Hour. Même si Ottepel ne charrie ni la même densité, ni les mêmes tensions.
KT
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