Il n’y a pas que les coffrets DVD que l’on peut glisser au pied du sapin… Quelques livres y feront également le bonheur de l’amateur de séries. Premier arrêt ce mercredi dans une célèbre demeure anglaise…

Vous qui quittez toujours l’élégant manoir de la famille Crawley à regret, voici l’occasion de vous y perdre avec délectation.
Dans l’épais ouvrage, écrit par Jessica Fellowes, se côtoient interviews et secrets de tournages, photos magnifiques et croquis de mode, anecdotes, témoignages et portraits historiques. Le tout assorti de divers articles et des explications du conseiller historique, Alastair Bruce, éclairant le contexte politique et social qui donne toute sa saveur au récit.

Les tenues, les menus et emplois du temps des domestiques, notamment, sont détaillés afin que l’on comprenne mieux ce que «servir» voulait dire à l’époque. Comme la série Downton Abbey***, le livre n’est pas seulement destiné à «éblouir» mais, aussi, à mesurer le chemin parcouru depuis 1910 et la conception très figée du monde, et des relations sociales, en vigueur au sein de l’aristocratie britannique. S’immiscant dans les longs couloirs et les combles, ce livre aussi riche que passionnant révèle les rêves oubliés qui s’élaboraient dans les deux univers parallèles, séparés par une lourde porte matelassée.

Fourmillant d’anecdotes et de références historiques, l’ouvrage révèle, notamment, quels personnages réels ont inspiré le travail des scénaristes, ainsi que les détails de l’histoire familiale passée de Lord et Lady Grandtham, de la comtesse douairière ou des héritiers Crawley, Matthew et sa mère Isobel. Un intéressant chapitre se penche ainsi sur la question des riches héritières américaines qui, pour certaines, ont marqué l’histoire de l’aristocratie britannique. Tandis qu’un autre revient sur la longue lutte des suffragettes pour obtenir le droit de vote. La grande Guerre, l’arrivée de l’automobile et de l’électricité sont également abordées comme autant de jalons d’un monde en mutation.

S’intéressant à l’oeuvre toujours en cours production, l’ouvrage détaille aussi à quel point les différences d’ambiance entre les deux principaux lieux de tournage permettent aux acteurs de renouveler et d’adapter leur jeu, selon qu’ils jouent dans les étages ou dans les «quartiers» réservés aux domestiques. Si les scènes en sous-sol (cuisine, etc.) sont filmées au studio Ealing de Londres, tous les extérieurs et les scènes de la famille Crawley (se déroulant «à l’étage») le sont dans le domaine du Highclere Castle, vaste demeure du Berkshire (400 ha), dont la silhouette est désormais associée, dans le monde entier, à celle de Downton Abbey.

L’imposant chapitre consacré aux tenues des maîtres et des domestiques fourmille quant à lui de détails réjouissants et permet de comprendre pourquoi la série est louée autour du globe pour son caractère stylé.
Un long chapitre sur la guerre et ses multiples conséquences et un autre, tout aussi documenté, sur les différents décors et façons de filmer complètent la visite dans les coulisses de Downton Abbey.
Enfin, pour toux ceux que ces détails historiques auraient mis en appétit, de nombreuses références situées à la fin de l’ouvrage, permettront aux plus passionnés de poursuivre leurs recherches et de prolonger le plaisir de la découverte.
KT

> « Le Monde de Downton Abbey », Jessica Fellowes, Ed. Charleston, 305 pp, env. 25€