Israël (Hostages) et la Suède (Bron) ont engrangé les quatre prix de la catégorie séries au Festival de Monte-Carlo.
Une preuve supplémentaire de la créativité des petits territoires en matière de fictions.
Invités sur le le Rocher, nous avons évoqué avec Chaim Sharir, producteur, et Ayelet Zurer, actrice principale de la série Hostages, les secrets du succès israélien.
«Nous savions que l’histoire était internationale car cette histoire d’opération d’un Premier ministre qui tourne à la prise d’otages peut arriver n’importe où. Nous savions aussi, dès le départ, que les Etats-Unis développeraient leur propre version du scénario. Et qu’ils auraient des moyens que nous n’aurions pas. Mais la surprise a été d’apprendre que Canal+ et BBC 4 allaient acheter la version israélienne plutôt que l’américaine. Depuis, nous avons reçu beaucoup de commentaires positifs sur notre version» confie Chaim Sharir, producteur de la série Hostages, victorieuse dans la catégorie des séries dramatiques au Festival de Monte-Carlo.
«La beauté de cette série réside dans les nuances de gris car rien n’est tout à fait blanc ou tout à fait noir. Chacun dans l’assistance peut se positionner par rapport à ce qui arrive à cette famille et aux motivations des preneurs d’otages» renchérit Ayelet Zurer, interprète principale de Hostages, également couronnée meilleure actrice.
«J’ai lu le script et ce qui m’a plu c’était d’apprendre que le rôle avait été écrit pour un homme. J’ai pensé: cling (elle fait le geste du jackpot) parce que je pense que lorsque les scénaristes écrivent pour les femmes, on navigue toujours dans les mêmes eaux: maternité, être la femme de,… Cela fait partie de la perception à sens unique que l’on a habituellement des femmes. Alors qu’ici, c’est une femme qui tente de protéger sa famille et ses enfants face aux preneurs d’otages mais elle exerce dans un milieu (celui de la chirurgie de pointe) majoritairement masculin et a des responsabilités et une façon d’agir influencées par ce contexte. C’est une femme qui joue selon les règles des hommes. Si bien que j’ai dû me demander si moi même je réagirais comme elle le fait. C’était ce qui me semblait le plus intéressant et le plus intriguant dans ce projet… J’ai tout de suite trouvé que ce scénario avait un énorme potentiel.»
Les différences entre la version américaine (avec Toni Collette) et la version américaine sont multiples. «Notre version est plus proche de l’offre des séries du câble. Elle tourne autour des relations, des secrets et mensonges qui existent au sein de la famille et sont révélés quand chacun est mis sous pression. Alors que la version américaine est plus conçue autour de l’action» résume Chaim Sharir.
«Ayant moins de moyens dès le départ, nous savions que nous développerions davantage le passé et la personnalité de chaque personnage plutôt que multiplier les rebondissements. Je savais qu’il faudrait trouver là la source et les ressorts de cette histoire. J’aime l’idée que le manque de budget vous pousse à aller vers des territoires qui, selon moi, sont plus dramatiques et plus profonds. Moins vous avez d’argent, plus vous devez être créatifs», poursuit Ayelet Zurer. Un exemple concret de cette économie de moyens? Choisir l’option du pneu crevé pour gripper l’intrigue, plutôt que celle de l’accident de voiture, forcément impayable, glisse-t-elle dans un sourire…
«Il suffit de penser à la série «In treatment» («En analyse») qui est le dispositif le plus minimaliste que l’on puisse imaginer: deux personnes assises face à face et qui se parlent. Mais cela a la force de l’universel» souligne le producteur.
«Les Américains viennent chercher chez nous des idées originales, particulières, parallèles dans lesquelles les gens peuvent se reconnaître. Ils ont l’habitude de développer des projets qui sont «bigger than life», alors que nous aimons travailler au niveau de l’humain. L’intrigue ne se déroule pas à la Maison Blanche mais au sein d’une famille normale. C’est ce qui touche les gens.»
«Aujourd’hui nous sommes plus populaires et davantage recherchés qu’auparavant, nous développons de plus en plus de projets hors d’Israël. Car notre marché est très petit: 5 millions de téléspectateurs seulement.» Soit la taille de la Fédération Wallonie-Bruxelles… En ce moment, Chaim Sharir développe cinq projets avec la France dont la saison 2 de «Hostages».
Les projets ne manquent pas non plus pour Ayelet Zurer que l’on a pu voir au Festival Séries Mania dans la très belle série israélienne «Shtisel», touchante plongée au pays des mariages arrangés au sein de la communauté des ultra-orthodoxes. L’actrice joue dans le film «Last days in the desert» réalisé par Rodrigo Garcia, rencontré suite à l’adaptation aux USA d’In treatment (Be Tipul en VO).
Et elle développe aussi l’adaptation de «30 shekels» (le salaire minimum en Israël), autre série qui a fait parler d’elle jusqu’aux USA.
KT, à Monte-Carlo
nb: vous pouvez retrouver ici tout le palmarès 2014, où brillent entre autres Top of the lake, Lilyhammer, Modern Family et NCIS
Ayelet zurer toujours aussi excellente, juste….et belle…, néanmoins ce que je retiens de cet article est qu’Israel, dont le marché est identique à celui de la fédération wallonie-bruxelles est capable d’aligner plusieurs séries de pointe.
Et nous, est ce que l’on peut faire autant? pourquoi pas? a quand un benoit poelvoorde dans une série wallonne qui cartonne?
C’était bien le sens de cette comparaison…
Mais ne désespérons pas, attendons de voir ce que nous réservent les séries produites dans le cadre de l’appel à projets 2014-2015. L’occasion d’enfin changer la donne ? On verra.