La série, portée par un charismatique Benjamin Voisin (Illusions perdues) et un énigmatique Jérémie Renier, marie fastes, politique et libertinage sous le regard de Martin Bourboulon (Les Trois Mousquetaires)
Le grand chef français Antonin Carême était-il un espion menaçant l’entourage de Napoléon ? La question est posée très sérieusement par la série Carême**, produite par Apple TV+, qui a inauguré en mars dernier le bal des projections inédites proposées par le festival Series Mania. Elle est diffusée dès ce 30 avril sur la plateforme internationale. On y suit l’irrésistible ascension d’Antonin Carême (Benjamin Voisin), chef pâtissier qui se rêve « plus célèbre chef au monde » officiant exclusivement à la table des riches et des puissants et donnant ses premières lettres de gloire à la gastronomie française.
Après des débuts modestes à Paris, Antonin Carême saisit l’opportunité qui lui est offerte de devenir le premier véritable maître de l’art culinaire du début du 19e siècle. Son audace et sa créativité lui ont attiré les bonnes grâces de Talleyrand (Jérémie Renier) qui, de son côté, a élevé la politique au rang d’art, en laissant savamment mariner ses ennemis. Le ministre des Relations extérieures compte sur son nouvel allié en cuisine pour parvenir à séduire les hommes clés sur lesquels repose son projet machiavélique. Dans les tumultes des années du Consulat (1799 à 1804), malgré les compromissions et les dangers, Antonin Carême est tout aussi déterminé à se tailler un destin royal. Dans le rôle du jeune homme impétueux, arrogant, grand séducteur et volontiers querelleur, Benjamin Voisin, césarisé pour son rôle dans Illusions perdues, impose son charisme solaire et son regard insolent.

Ce scénario retors a été imaginé par Ian Kelly et Davide Serino, d’après le livre du premier, historien primé et dramaturge du West End : Cooking for Kings : The Life of Antonin Carême, the First Celebrity Chef. Un destin hors du commun, inspiré de faits réels, où se mêlent séduction et manipulations, et qui rappelle à quel point la misère et la cruauté des cuisines offraient un contraste saisissant avec l’opulence des hôtels particuliers et des palais, à travers toute l’Europe.
Bénéficiant d’une reconstitution riche et soignée, le récit, consacré au chef pâtissier de Talleyrand, a été dévoilé à Lille en présence du réalisateur Martin Bourboulon (Les Trois Mousquetaires). Au menu, « un peu de nourriture, un peu d’histoire, et un peu de sexe aussi », a résumé sur scène la productrice Vanessa Van Zuylen. Un mélange qui se révèle par moments plus incongru qu’inoubliable, à en juger par les premiers épisodes du récit.
Au-delà des nombreuses mises en scène de plats et de préparations spectaculaires, baignées d’une poésie et d’une lumière magnifique, la trame de ce récit d’espionnage, inventive et intrigante, pèche parfois par défaut de vraisemblance. Quant aux scènes de séduction, elles se révèlent trop souvent plates et peu inspirantes. A force de se vouloir accrocheuse, la série joue à fond la carte du cliché et de l’anachronisme, avec un chef « rock’n’roll et sexy », au détriment de la fluidité et de la force du récit.
Karin Tshidimba
Carême** Cuisine et influences Création Ian Kelly et Davide Serino Réalisation Martin Bourboulon Avec Benjamin Voisin, Lyna Khoudri, Jérémie Renier, Frank Molinaro, Juliette Armanet,… Sur Apple TV+ 8 x 52 minutes.
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