La nouvelle création belge débute ce dimanche sur La Une à 20h55. La comédienne, récompensée pour son rôle dans un film des frères Dardenne (Le jeune Ahmed), y fait ses premiers pas dans une série.
« Le côté intuitif et femme d’action de Laurence Condé – De Nayer, m’a tout de suite séduite. Elle se bat du début à la fin. La série commence par une sorte d’apocalypse personnelle – l’opération ratée de son père – et elle ne va faire qu’une chose : essayer de comprendre ce qui se passe. Essayer de protéger les gens qu’elle aime de cette menace qui plane, essayer de trouver une explication », détaille la comédienne Myriem Akheddiou.
Chirurgienne ophtalmologue, « Laurence est une femme plutôt active et mère de famille. Une espèce de louve, elle a quelque chose de très protecteur vis-à-vis de son clan, ses amis. Elle est assez instinctive. Elle a fait des hautes études scientifiques mais elle se laisse guider par ses intuitions, ses sensations. C’est une des premières, dans la série, à être confrontée à l’extraordinaire, au surnaturel. Elle va assez vite donner foi à ce qu’elle perçoit même si cela paraît fou. Elle se dit qu’il se passe quelque chose et cherche à comprendre. »
Faire ses premiers pas dans l’univers des séries
Magritte du meilleur second rôle dans le film Le jeune Ahmed (photo) des frères Dardenne, Myriem Akheddiou fait ses premiers pas dans l’univers des séries avec Invisible**.
« J’ai davantage d’expériences de longs métrages, donc je craignais d’être un peu frustrée par la rapidité de tournage, de ne pas avoir le temps de chercher la meilleure façon de faire passer les émotions. J’ai travaillé plusieurs fois avec les frères Dardenne. Avec eux, on a le temps de chercher, on a le luxe de faire un travail approfondi : trouver le ton, la scène. J’adore le cinéma, je regarde beaucoup de films. Les séries ne sont pas forcément mon rêve – même si j’en regarde comme tout le monde – mais le fait qu’on m’offre pour la première fois un rôle aussi long et pas un 21e rôle de soutien, avec la possibilité de faire évoluer un personnage et de le développer au fur et à mesure des épreuves qu’elle traverse, c’était une grande première, c’était excitant aussi… Il y avait un peu un mélange de ces deux sentiments », se souvient l’actrice.
Un défi qu’elle a abordé avec lucidité et détermination. « Tout comédien sait que la série est une possibilité et que ce sont des projets qui sont pourvoyeurs de travail. Si vous ne tournez que des longs métrages, vous passez à côté de tout un pan de la création aujourd’hui. Mais si je n’avais pas cru au scénario et au talent de l’équipe, je ne me serais pas lancée. Même si on me proposait le premier rôle. Je ne l’ai pas accepté à n’importe quelle condition car c’est trop facile de se planter et on est forcément très exposé. » Aux mois de tournage s’ajoutent ensuite plusieurs semaines de diffusion…
« Il y avait quelque chose que je sentais proche de moi dans ce personnage. Je me disais : je pourrais le faire. Et puis, j’ai réalisé que ce serait un gros morceau car j’avais entendu parler du rythme de tournage des séries RTBF » se souvient la comédienne, rencontrée sur le tournage.
Dessiner un itinéraire cohérent
« J’étais surexcitée par le challenge que constituait cette série ; je me suis tout de suite dit qu’il fallait que je sois hyper préparée. Cela veut dire : relire énormément de fois le scénario pour parvenir à bien chronologiser les séquences puisqu’on tourne souvent dans le désordre. D’autant qu’il se passe tellement de choses dans la vie de cette femme qu’il faut toujours bien avoir en tête ce qu’elle sait et ce qu’elle ne sait pas encore. »
Pour avoir « une vue d’ensemble » de l’histoire et toujours savoir « exactement où elle en était émotionnellement parlant », Myriem Akheddiou s’est dessiné une ligne du temps de toute l’histoire.
« J’ai aussi eu une discussion avec les scénaristes pour éclaircir certains points. On a confronté nos points de vue : c’était un travail très intéressant. Tout cela pour arriver à dessiner un parcours clair et cohérent du personnage. Quand on a un rôle important, ce travail de préparation est indispensable, mais on est très seul pour le faire. Et puis, on se met à étudier le texte. »
Rendre présent l’invisible
Les défis propres à une série fantastique – avec écran vert, nudité et effets spéciaux – n’ont pas davantage refroidi la comédienne.
« J’étais à la fois excitée et un peu inquiète par rapport au fantastique : il faut que ça ne fasse pas bidon, que ça ne fasse pas rire. C’était vraiment mon premier souci : c’est important qu’on y croie. J’adore le fantastique et l’Heroïc fantasy. Cela ne changeait rien pour moi, en termes de tournage, car je ne fais pas partie des gens sur lesquels on a fait des effets spéciaux. Ce qui est parfois compliqué, c’est de jouer avec des gens qui ne sont pas présents dans la pièce. Mais ce qui a résonné le plus en moi, c’est le côté humain de cette histoire : la lutte de cette femme qui se bat pour ce qui est important pour elle et pour les siens. Elle est électro-hypersensible (EHS) et souffre de symptômes terribles dans notre monde où les ondes sont partout. Elle côtoie beaucoup de gens qui souffrent comme elle et elle se bat avec les autorités pour essayer de se faire entendre. C’est ce qui m’a le plus touchée. »
Entretien: Karin Tshidimba
La présentation de la série par sa scénariste principale Marie Enthoven est à lire ici.
Et le récit d’un tournage mouvementé par sa productrice Annabella Nezri est à lire là.
mise à jour (23/11): La nouvelle série belge Invisible a attiré 315.984 téléspectateurs, soit 20,6% de l’audience dimanche sur La Une. Preuve que le fantastique peut aussi séduire le grand public.
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