Cette série courte française met en lumière la réalité de l’espionnage via ordinateurs et portables. En période d’hyperconnexion, Stalk nous pousse à plus de vigilance. Sur France.tv, Proximus ou Youtube.
Son nom est Lucas, nom de code : Lux. A 18 ans, ce jeune geek est étudiant à l’Ecole nationale des sciences de l’informatique (Ensi), berceau des futurs cadres français d’Apple, Google, Facebook et Amazon.
Lors du week-end d’intégration, Lucas s’est fait salement bizuter. Résultat : une vidéo humiliante le voit ingurgiter une énorme bière allongée à l’urine, faisant de lui la risée de son école d’ingénieurs. Mais Lucas n’est pas homme à laisser l’affront impuni. Il fomente une vengeance à la hauteur de ses capacités en informatique et de son dégoût maximal.
Génie du codage, sorte de Mark Zuckerbeg en herbe, Lucas parvient, sans grande difficulté, à pirater les caméras et les micros des portables et des ordinateurs de tous ceux qui ont participé de près à son lynchage public afin de pouvoir les espionner et les humilier à son tour. S’immiscant dans leur vie privée et découvrant tous leurs (vilains) petits secrets, il intègre la petite bande des étudiants les plus en vogue de son campus. Le voilà enfin devenu populaire et les voilà tous à sa merci. Aux leurs yeux, il est devenu celui qu’il a toujours rêvé d’être, mais pour combien de temps ?
L’ombre de Mr Robot
Outre son inventivité et son casting impeccable (à commencer par le troublant Théo Fernandez vu dans Gaston Lagaffe et Les Tuche), la grande force de la série Stalk est de surfer sur nos paranoïas actuelles et sur la crainte qui nous fait considérer, à raison, tous les appareils connectés de notre quotidien comme de potentiels espions. A l’heure où une partie considérable du pays travaille en ligne depuis son domicile, la menace de hacking est plus forte que jamais, tous les spécialistes le reconnaissent…
Troublante et franchement flippante par moments, cette série addictive met surtout le doigt sur une problématique contemporaine qu’on aurait tort de négliger. En ces temps d’hyperconnexion – à la recherche d’informations, de divertissements ou de liens à maintenir avec les proches et la famille -, le stalking ou traque et espionnage sur internet est en effet plus que jamais d’actualité. Entre fascination et répulsion, la série, parfois anxiogène, nous pousse à réfléchir à nos comportements.
Son créateur, Simon Bouisson, la décrit comme une fiction à la jonction entre la série Mr Robot, sur un célèbre hacker, et le film Social Network qui l’a fasciné. Il pousse encore plus loin la réflexion sur la nature de l’intimité créée par nombres d’ados et d’adultes avec leur téléphone portable. Cette sphère intime, Simon Bouisson, également réalisateur de la série, la scrute avec beaucoup de lucidité en compagnie de son coauteur Jean-Charles Paugam.
Cette série en dix épisodes de 26 minutes, sacrée meilleure réalisation lors du dernier Festival de la Fiction de La Rochelle, a été produite par Silex Films pour la plateforme france.tv. Elle est aussi disponible sur le Movie & Series Pass de Proximus et en partie visible sur Youtube. Aux côtés de Théo Fernandez, on croise Carmen Kassovitz, Pablo Cobo, Yasin Houicha, Rio Vega, Manon Valentin, Azize Diabaté et Clément Sibony.
Karin Tshidimba
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