En cas de succès de la série, d’autres sagas pourraient prendre place ensuite à Montparnasse, Saint-Germain-des-Prés, Pigalle…

La série Montmartre joue sur de nombreux tableaux, mariant quête familiale, émancipation personnelle et portrait d’époque. Un projet qualifié de “véritable mille-feuille” par de nombreux membres de l’équipe. Les quêtes personnelles des différents personnages permettent de brasser de nombreuses thématiques : la vivacité des liens familiaux, mais aussi la place des femmes dans la société, ainsi que la quête de reconnaissance et de vérité d’Arsène (Victor Meutelet) au sein d’une grande famille bourgeoise très traditionnelle.

“On est vraiment sur une thématique d’émancipation et d’inclusion”, souligne la productrice Estelle Boutière d’Authentic Prod. Deux sujets à la résonance toujours très forte, lorsqu’on voit ce qui se passe en Europe et aux États-Unis. Mais tout cela n’a rien d’improvisé. Avec cette saga romanesque, les productrices souhaitaient faire le lien avec le présent et mettre en lumière “tout ce qui se passe aujourd’hui, tous ces combats qui restent à mener, sous peine de revenir en arrière”.

Toutes ces batailles s’inscrivent dans un quartier emblématique de Paris : Montmartre, où les classes populaires et la bourgeoisie se croisent. Avec “le désir de raconter des grandes trajectoires humaines”, comme le souligne la productrice Aline Panel.

Tourner à Montmartre, malgré la foule

Une dynamique que le Québécois Louis Choquette (Philharmonia) filme de façon inspirante à travers des plans tantôt audacieux, tantôt tourbillonnants. Où les personnages secondaires s’expriment autant que ceux inscrits au premier plan.

“Je suis un boulimique de plans. J’ai besoin de plans, de plans. Il faut en faire vraiment beaucoup. Ce qui est intéressant, c’est que chaque spectacle de cabaret contient un enjeu dramatique, pour les personnages. Sinon, le spectacle pour le spectacle, c’est chouette, ça donne de l’énergie et ça en met plein la vue, mais au-delà de ça, il y a l’histoire dans l’histoire. L’histoire dans le spectacle. C’est pour ça que la caméra doit être vraiment partout pour suivre la trajectoire narrative de chacun de ces personnages.” Avec un objectif : donner à voir ce que les personnages ont dans la tête et dans le cœur.

Les spectacles sont le point d’orgue de sa mise en scène avec “certaines séquences-clés, iconiques tournées dans le véritable quartier de Montmartre”, et pas uniquement en studio. “Ce qui peut donner l’impression qu’on a beaucoup tourné sur place…” Alors que, dans les faits, la foule des touristes et le fait que le quartier ait beaucoup changé, rendaient cela difficile. La production a donc parfois eu recours à la 3D pour “rendre à Montmartre une apparence plus bucolique”.

Revisiter l’Histoire de Paris au fil des époques

L’ancrage de cette saga familiale dans ce quartier iconique de Paris est forcément symbolique. Cela pourrait donner lieu à d’autres récits, selon le principe de la collection événementielle, comme l’avait défini Le Bazar de la charité, également sur TF1, dès 2019.

« Je tiens à rendre hommage à Iris Bucher (Quad Television), qui a relancé le genre, précise la productrice Estelle Boutière. On a vraiment voulu se démarquer de sa collection. La thématique féministe est présente dans notre série, mais ce n’est pas la thématique unique. Notre thème, c’est vraiment l’émancipation et l’inclusion.”

Une préoccupation déclinable au fil du temps et des lieux, selon un programme soigneusement pensé. “L’idée est de partir sur une collection de quartiers de Paris, qui seraient synonymes dans nos univers, et même à l’étranger, de liberté, de création et d’égalité. Le quartier suivant sera Montparnasse, après la Première Guerre mondiale, pour les Années folles, avec les surréalistes, le jazz… Après la Deuxième Guerre mondiale, cap sur Saint-Germain-des-Prés. Et dans les années 80, Pigalle a pris la main…”

“Après, je crois qu’il n’y a plus eu beaucoup de fêtes, alors, on fera une dystopie”, plaisante la scénariste Brigitte Bémol, tout sourire.

Entretiens: Karin Tshidmba, à La Rochelle