Bienvenue dans le monde impitoyable des blockbusters produits à la chaîne. Bien loin de la machine à rêves hollywoodienne, cette série sonde les dessous d’une machinerie devenue folle. Vous vous étonnez des directions prises par certains films ? La Franchise vous explique comment tout ceci a pu arriver… Une satire aux accents loufoques et pathétiques à découvrir dès ce lundi sur HBO Max
Au jour 34 sur 117, rien ne va plus dans le grand studio où se tourne le film Tecto et cette réplique n’est pas prononcée par un faux croupier dans un décor de casino, mais concerne l’équipe de tournage d’un space opera centré sur l’un des super-héros d’une grande franchise. Entre les changements de planning incessants, les crises de panique de certains comédiens, les exigences du réalisateur et les retards qui s’accumulent, la tête de Daniel (Himesh Patel) est sur le point d’exploser. Le projet est sur la corde et le studio pourrait bien les virer, lui et son producteur, sans autre forme de procès ou une quelconque indemnité. Comme de vulgaires employés, en somme.
Dans le monde impitoyable des blockbusters produits à la chaîne, l’empathie et la compassion sont devenues obsolètes, entraînant leur lot de revirements et d’humiliations. La série se moque des incohérences, déboires et exigences contradictoires des grandes productions hollywoodiennes, en dévoilant les dessous peu reluisants de la machinerie des grands studios.
Armando Iannucci adore se pencher sur tout ce qui coince, gratte ou dérape. Il l’a prouvé avec l’excellente série Veep sur une vice-présidente des États-Unis gaffeuse et toujours au bord de la crise de nerfs. Cette fois, il se glisse dans les coulisses du tournage d’un film de super-héros, une “franchise” qui patine sacrément : retards, menaces sur le budget, tensions entre comédiens,… Entraînant une impressionnante liste de concessions voire de compromissions. Rien ne semble devoir épargner l’équipe sur laquelle Daniel (Himesh Patel) veille avec un maximum de bonne volonté.
La série tente de répondre à une question simple, mais aux implications complexes : comment ce type de plat gargantuesque est-il préparé ? Car tout fiasco a forcément une histoire originelle… On imagine bien le plaisir sadique éprouvé par les scénaristes en multipliant les nids-de-poule et les chausse-trappes sur l’itinéraire des créateurs.
Déclinée en huit épisodes, la série, créée par Jon Brown (Succession) et Armando Iannucci (Veep), réalisée par Sam Mendes (1917), doit beaucoup à son casting d’un naturel épatant composé d’Himesh Patel, Aya Cash, Jessica Hynes, Billy Magnussen, Lolly Adefope, Darren Goldstein et Daniel Brühl. Ensemble ils donnent vie à une satire aux accents mi-loufoques, mi-pathétiques.
Karin Tshidimba
Merci grandement pour cet article si merveilleux que ce soit dans l’élaboration du synopsis qui nous enchante à contrecœur tel un sorcier macabre brillant dans l’envergure du poids argileux et métamorphosant de l’engouement de la série.