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Dans cette mini-série en quatre épisodes, adaptée du roman de Fabrice Humbert, Niels Schneider a notamment pour partenaire l’épatante Maud Wyler dans un univers qui semble se dérober à chacun de ses pas. A voir sur Arte dès ce jeudi soir

Adam Vollmann (Niels Schneider), journaliste à Aujourd’hui demain, n’est pas sorti sur le terrain depuis quatre ans, mais il connaît bien Guerches-sur-Isoire, sorte de ville ouvrière endormie, où il n’a plus remis les pieds depuis 20 ans. Lorsque la mort de Lola Montès, jeune fille de 16 ans, est annoncée et le principal suspect pointé du doigt, Adam reconnaît son ami d’enfance, Axel Challe. Même si tout semble accuser ce dernier, ancien espoir du tennis français, Adam ne veut pas y croire. Il décide de se rendre sur place pour enquêter.

A chaque coin de rue, des souvenirs lui reviennent comme des nausées. Les images de son adolescence le poursuivent. Avec cette enquête, tous les souvenirs douloureux remontent: le mépris, les coups et les insultes d’un trio de gamins du lycée, jaloux de son amitié avec Axel.

En rencontrant la mère de la jeune fille agressée et l’épouse de l’homme en fuite (impressionnante Maud Wyler), Adam voit une réalité bien loin d’un banal fait divers se dessiner. « Quelqu’un nous raconte une histoire. J’ai peur, mais cette fois, je ne partirai pas« , dit-il à son patron.

« Le monde n’existe pas »: de retour dans la ville de son adolescence, Adam (Niels Schneider) tente de démêler fantasmes et réalité.

Avec cette balade singulière dans une ville hors du temps, Erwan Le Duc (La fille de son père) continue à déployer son univers unique, oscillant entre tendresse, étrangeté et burlesque assumé. Un espace mental plein de dédales où erre Adam porté par la musique énigmatique et captivante de Julie Roué. Après la réjouissante série Sous contrôle, portée par Léa Drucker, le scénariste et réalisateur propulse Niels Schneider dans une enquête troublante aux frontières de la fiction et de la réalité, un univers qui semble se dérober à chacun de ses pas.

Adaptée du roman éponyme de Fabrice Humbert, paru chez Gallimard, la mini-série en quatre épisodes propose de faire un pas de côté, sentiment encore renforcé par le fait que cette enquête mi-journalistique, mi-policière semble progresser à rebours, effaçant toutes les certitudes de celui qui la mène.

L’acteur Niels Schneider dans la mini-série « Le monde n’existe pas » d’Erwan Le Duc.

Niels Schneider (Coup de chance) séduit par son interprétation, inscrite sur le fil tenu entre réalité et fantasmes qui charrie, en douce, des références à l’inégalable Twin Peaks. Clin d’œil d’autant plus assumé que la galerie de personnages filmés par Erwan Le Duc s’avère atypique : ils sont tous parfaitement charmants, complètement à l’Ouest ou potentiellement dangereux. Ce qui renforce encore le sentiment de paranoïa et de huis-clos à ciel ouvert. D’une rencontre à l’autre, le journaliste vacille et tangue, cherchant à résoudre ce jeu de piste en quête de vérité.

Karin Tshidimba