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Ce thriller d’espionnage français à large résonance, nourri par la peur des attentats, est adapté du roman de l’écrivain DOA. L’immersion débute ce 14 mars sur Arte.tv.

Une nouvelle inquiétante se répand à la vitesse de la poudre : deux fûts contenant un produit dangereux et toxique ont été achetés en Syrie par un citoyen libanais vivant en France. Quelques semaines après le 11-septembre et à quelques mois de la présidentielle française, les risques d’un attentat terroriste semblent très élevés et mobilisent l’énergie de nombreux services de l’État, tant à l’Intérieur (RG et Anti-terrorisme) que du côté de la Défense (avec la DGSE et la DRM, Direction du renseignement militaire). Sur le terrain, la tension est donc palpable. Trois personnages se retrouvent au milieu de cette traque inter-services visant à retrouver ces fûts avant qu’ils ne soient utilisés : une jeune stagiaire journaliste, Amel Balhimer (Nailia Harzoune) ; un espion infiltré dans un groupe terroriste, Karim Sayad (nom de code : Fennec) et Servier, un agent secret surentraîné (nom de code : Lynx).

Cette intrigue tentaculaire, qui installe lentement la tension et la peur parmi les citoyens, est adaptée du roman éponyme de DOA, publié chez Gallimard en 2007 et sacré Grand prix de littérature policière la même année. Une sombre histoire mêlant espionnage et secrets d’État, questionnements et ambitions privées, peur terroriste et tensions entre services de renseignement. Mais aussi états d’âme et trahisons aux quatre coins de la planète : Kosovo, France, Syrie, Grande-Bretagne, Irak, Albanie,… Une toile patiemment tissée par Laetitia Masson, admiratrice de John Le Carré et Joseph Conrad.

La vie des autres et la quête de soi

Pour donner vie à ce magma profondément humain, la cinéaste a opté pour le format sériel, six ans après sa première incursion sur le petit écran avec la mini-série Aurore (2018). Dans les rôles de ces agents sous couverture, la réalisatrice a choisi deux jeunes comédiens prometteurs : le rappeur Gringe (vu dans la série De Grâce) et Raphaël Quenard (Yannick), sacré César de la meilleure révélation masculine pour Chien de la casse de Jean-Baptiste Durand. Un acteur qui associe une attitude désinvolte, voire lunaire à une explosivité latente et un phrasé très particulier qui le rendent unique. Lecteur des Fleurs du mal de Charles Baudelaire, il donne vie à son poème sur Le Monde Invisible et sa quête des anges, bénis ou maudits…

La force de la série de Laetitia Masson (Chevrotine) tient au choix de son type de narration mêlant espionnage et philosophie, mais aussi à la force de ses personnages avec une distribution reposant sur un mélange de visages singuliers et d’autres, au contraire, ultra-familiers : Frédéric Pierrot (En Thérapie) et Nicolas Duvauchelle (Coeurs noirs), en agents flirtant avec les frontières de la légalité, au service secret de la nation ; Pierre Arditi en vieux briscard de la presse politique ; Laurent Stocker (Jeux d’influence) en ministre sans scrupule et Marc Zinga, en homme de l’ombre bien informé…

Mais la singularité de cette série est ailleurs : le polar s’y nourrit de questions existentielles et des errements de quelques personnages saisis dans un labyrinthe d’enjeux souvent inavouables, un brouillard politique et social, où la menace latente semble, aux yeux de certains, justifier tous les excès et les dérapages… Lumière crue et bande-son hypnotique finissent d’y exacerber les tensions.

Baptisé 9-12 à l’international, le projet, créé, écrit et réalisé par Laetitia Masson, avait été présenté avait été présenté à Series Mania Forum l’an dernier. Il sera diffusé sur Arte le 21 mars prochain.

Karin Tshidimba