Créée, réalisée et scénarisée par la jeune humoriste Melha Bedia, la série humoristique débute ce vendredi sur la plateforme d’Amazon Prime Video.

La série débute par une blague un peu lourde, à l’image de la robe de demoiselle d’honneur franchement kitsch et ridicule que son meilleur ami a déniché pour Fara (Melha Bedia). Un ratage énorme face auquel l’expression Miskina, très populaire chez les ados, s’impose, savant mélange entre honte et raillerie. Pourtant, sous le tulle rose et le corset façon pièce montée, se cachent une sensibilité et une pertinence qui ne demandent qu’à s’exprimer. Car Fara a beau être paumée, célibataire, myope et en surpoids, elle n’a pas (encore) décidé de lâcher l’affaire: lancer son propre foodtruck.

Au-delà de la caricature, rapidement, le ton change pour faire place à une chronique familiale décalée, une ode aux géométries familiales redessinées. Et à une génération de trentenaires qui peine à trouver sa voie, personnelle et professionnelle. Fara devenant, bien malgré elle, le porte-voix de ces galériens du quotidien, ces losers magnifiques, qui tentent de reprendre leur vie en main. Entre Tanguy et Bridget Jones.

A travers les personnages de Fara (Melha Bedia), Nassim (Hakim Jemili) et Sara (Shirine Boutella), c’est la voix d’une génération de Français trop rarement montrés en télévision qui s’exprime et rend la série Miskina, la pauvre attachante et pertinente. Ces petits-enfants, grandis loin de l’Algérie, entretiennent des relations complexes et plus ou moins lâches avec la terre de leurs parents ou de leurs grand-parents.

Avec humour, perspicacité et surtout beaucoup de tendresse, la série interroge cette distance et les questions qu’elle entraîne au quotidien à travers le lien à la famille, à la religion, aux traditions et aux amis. Une jolie réussite signée Melha Bedia (Forte), Yoann Gromb (L’arnacoeur) et Xavier Lacaille (Validé).

Pour sa toute première réalisation en télévision, l’humoriste française s’est bien entourée. Le scénario porte ainsi la patte et le côté lunaire de Xavier Lacaille (Parlement) entre humour et tendresse pour huit épisodes qui promettent un voyage riche en émotions. Entre scénario, interprétation et réalisation, Melha Bedia n’a vraiment pas chômé. La jeune femme démontre la vitalité d’une scène française nourrie à l’autodérision et à l’énergie du stand-up qui n’a pas peur de regarder ses travers et ses ratages bien en face.

Karin Tshidimba