Prêts à marier rap et féminisme sous le sapin ? Il vous suffit de plonger dans Christmas Flow** la première comédie romantique de Noël française, produite par Netflix, portée par les acteurs Tayc et Shirine Boutella. Une fiction ancrée dans un Paris vraiment diversifié et loin des fantasmes…

Le rappeur Marcus (le musicien Tayc, vu dans Danse avec les stars) vient d’être sacré artiste de l’année. C’est l’euphorie dans son entourage. Le soir même, il apprend qu’on lui intente un procès pour « injures et incitation à la violence envers les femmes ». Loin de faire profil bas, le chanteur enchaîne avec d’autres provocations face aux journalistes. « On va te sopranoïser. On va tout faire pour sauver ta carrière », lui assure son manager bien décidé à calmer le jeu.

Lila (Shirine Boutella vue dans Lupin), Alice (Marion Seclin) et Jeanne (Aloïse Sauvage) forment Les S!mones, des journalistes féministes, admiratives de Simone de Beauvoir, qui ont créé un web média dynamique mais peu rentable. A la suite d’un concours de circonstances, la féministe déterminée croise le rappeur désinvolte dans le sous-sol d’un grand centre commercial. Par erreur, Marcus emporte l’un des cadeaux de Lila. Les voilà forcés de se revoir…

Tous les codes de la romcom s’y retrouvent

De l’humour, de l’adversité, des personnages secondaires attachants, des obstacles, des malentendus et des moments romantiques qui font briller (le coin) des yeux. Il y a tous les ingrédients essentiels de la romcom de Noël dans la mini-série Christmas Flow, créée par Henri Debeurme (Moah, Trauma), Victor Rodenbach (Dix pour Cent, chacun pour tous) et l’autrice Marianne Levy (La malédiction de la zone de confort), le tout réalisé par Nadège Loiseau (Le Petit locataire) pour Netflix.

Les codes de la romcom sont respectés: les contraires s’attirent (le rappeur un peu beauf et la féministe vénère face aux fans surexcités) et malgré quelques clichés (milieu musical borné et managers opportunistes, féminisme un peu trop survolé), la magie opère. Après un premier quart d’heure aux allures de démarrage en côte, le casting impose peu à peu son charisme et ses bonnes ondes. Et lorsque le troisième épisode débute, on regrette même qu’il soit si court. Et ce, malgré une direction d’acteurs et un rythme qui pêchent à certains moments… Tout le mérite en revient à des dialogues qui sonnent juste et à des personnages attachants portés par un casting de feu: le trio féminin de base, bien sûr, mais aussi les excellents Mel (Camille Lou), la frangine Safia (Estelle Meyer), le meilleur pote (Walid Ben Mabrouk), sans oublier la Mamy de Lila.

Modernité de ton et de thématiques

On n’est pas sur un « sans-faute » (certains acteurs surjouent par moments) mais les points forts de la série sont indéniables: sa modernité de ton, son ancrage dans la société, les thématiques soulevées (la misogynie du milieu du Rap, le mouvement #Metoo, le travail des MJC de quartier) sans oublier le charisme de ses interprètes.
D’autant que la série a d’autres atouts dans son jeu: une arène revisitée (une banlieue ni « crade » ni fantasmée) un casting vraiment diversifié, une autre France souvent invisibilisée et une thématique toujours cruellement d’actualité (sexisme et violences contre les femmes). Si on ajoute à cela, un trio d’actrices complices et un humour qui fait mouche ainsi que des thématiques connexes – comme les difficultés de la presse, la rentabilité du web, le poids des influenceurs… – on a une série ancrée dans son époque et originale qui ne se contente pas d’importer des situations à l’américaine.

Un seul regret: en termes de nombre d’épisodes, on est sur un entre-deux: le moment où les personnages deviennent les plus intéressants correspond aussi à celui où on les quitte…
Ce côté chaleureux et feel good de la romcom de Noël, mis au service d’une « noble cause » et d’une autre image de la France, a largement de quoi séduire un nouveau public, plus jeune.

Karin Tshidimba