Netflix réalise son rêve grâce à The Crown et Le Jeu de la dame (The Queen’s Gambit). Le palmarès de la 73e édition a sacré les séries les plus populaires, sans réelle surprise, mais il n’a pas permis le renouvellement, tant attendu, des histoires et des talents venus de tous les horizons.

Sept statuettes sur sept nominations principales. La série The Crown a réalisé un sans faute dimanche soir à Los Angeles lors de la 73e cérémonie de remise des Emmy Awards, les Oscars de la télévision américaine. Sacrée meilleure série dramatique, elle a également été primée en tant que meilleure réalisation, meilleur scénario, ainsi que dans les catégories meilleure actrice (l’impériale Olivia Colman, qui interprète Elizabeth II), et meilleur acteur (Josh O’Connor, dans celui du prince Charles). Seule petite surprise, on attendait un prix pour l’actrice Emma Corrin qui a fait de l’entrée de Lady Di, au sein de la famille royale britannique, un événement à la hauteur de l’attente des fans. Mais il est vrai qu’elle a déjà été récompensée par un Golden Globe.

Palmarès: Netflix et HBo en tête

Ces sept statuettes constituent une consécration pour Netflix qui parvient enfin à se hisser en haut du podium. Mais HBO ne s’incline que de peu face à la plateforme de streaming mondiale. Elle résiste notamment grâce à la comédie Hacks (inédite chez nous) et aux mini-séries I May destroy You et Mare of Easttown. Dans la bagarre des « diffuseurs », la grande surprise vient du fait que Disney reparte presque bredouille, malgré deux séries qui avaient attiré public et commentaires élogieux : The Mandalorian ((24 nominations) et WandaVision. Seule la comédie Hamilton lui permet de repartir la tête haute.

Si The Crown figurait en tête des paris dans la catégorie des drames, Ted Lasso régnait en maître sur celle des comédies. Ted Lasso, l’irrésistible entraîneur de football américain désemparé lorsqu’il est nommé à la tête d’une équipe de foot britannique, permet à Apple TV de garder le sourire avec deux prix de taille : meilleure comédie et meilleur acteur pour Jason Sudeikis.

Ouverture ? Quelle ouverture ?

Comme toujours la catégorie la plus disputée était celle des mini-séries avec des concurrentes de haut vol telle que I May destroy you, Mare of Easttown, Le jeu de la dame, The Underground Railroad ou WandaVision.
Sans trop de surprise, Kate Winslet a été sacrée meilleure actrice dans une mini-série pour son rôle de policière désabusée en Pennsylvanie dans Mare of Easttown.

Après une absence incompréhensible lors des Golden Globes, Michaela Coel obtient à juste titre le prix du meilleur scénario pour sa poignante mini-série en grande partie autobiographique, I May destroy you. C’était bien le moins que l’on pouvait espérer pour cette histoire incandescente et inoubliable.

L’actrice Anya Taylor-Joy a transformé Le jeu de la dame en voyage initiatique à forte valeur ajoutée. Et son charisme est indéniable, pourtant les véritables récits « coup de poing » étaient ailleurs…
Le problème principal de ce palmarès est sa relative tiédeur et le message politique qu’il n’envoie pas…
Malgré les discours et les bonnes intentions, l’ouverture à la diversité promise reste pratiquement lettre morte côté palmarès puisqu’une série comme Lovecraft Country, relecture fantastique de l’histoire de l’Amérique raciste des années 50 repart bredouille. Et, surtout, parce que l’excellente mini-série de Steve McQueen Small Axe sur la communauté caribéenne de Londres, et l’actrice Thuso Mbedu, révélation de The Underground Railroad, n’avaient même pas été conviées au bal des nominations…

Même constat pour la série Pose, sur la communauté LGBTQI+ dans le New York noir et latino des années 80, et son égérie Mj Rodriguez, première personne transgenre à être nommée dans une catégorie majeure – meilleure actrice dans une série dramatique -, les deux repartent bredouilles… Alors même que leurs nominations semblaient annoncer un tournant de l’Histoire.

Enfin, parmi les oubliés, n’oublions pas l’immense Michael K. Williams, récemment décédé, un acteur d’une profondeur et d’une finesse incroyables depuis The Wire jusqu’à Lovecraft Country. Un comédien avec un parcours aussi diversifié aurait largement mérité d’être récompensé à titre posthume… Le constat est clair : le visage de la diversité ne s’est pas encore imposé aux Emmy Awards.

Karin Tshidimba

En 2020, invités et nommés étaient restés derrière leurs écrans d’ordinateur aux quatre coins du globe. Cette année, le retour à une cérémonie en présentiel s’est effectué avec protocole très strict et nombre d’invités réduit, une partie des stars participant à la cérémonie à distance. Diffusée par CBS aux États-Unis, la soirée a aussi eu lieu en extérieur sous une vaste tente.