Le créateur Billy Ray et le comédien Jeff Daniels, qui campe l’ex-directeur du FBI James Comey, expliquent pourquoi ils se sont lancés dans cette mini-série politique produite par Showtime. A voir ce samedi à 20h30 sur Be Séries.

« J’avais l’envie depuis longtemps d’écrire quelque chose sur la présidence Trump et ce qu’elle représentait. Le parcours du directeur du FBI limogé, James Comey, me semblait parfait pour aborder cet aspect de notre histoire contemporaine. Il me semblait important de présenter cette vérité avérée aux électeurs avant qu’ils ne soient invités à se prononcer. Mais c’est vrai que c’est comme vouloir analyser un cauchemar, alors que vous êtes encore en plein milieu » reconnaît le créateur et scénariste, Billy Ray.

« L’idée était de filmer ce qui se passe en coulisses derrière les portes closes. Qu’est-ce qui a conduit James Comey à une telle prise de décision ? Beaucoup de gens avaient des idées préconçues concernant Comey. Cette série éclaire ce que vous croyiez savoir sur Trump. Je savais que nous serions violemment pris à partie sur le sujet. Je l’avais anticipé car nous avons été attaqués avant même que la série ne soit diffusée. »

Une diffusion en télévision soumise aux pressions

Billy Ray a donc prévenu sa femme et ses enfants « pour qu’ils ne soient pas tristes ou surpris. Je leur ai dit qu’il me semblait qu’il était temps que je fasse un film pour mon pays, qu’il y aurait des risques mais que nous saurions les affronter. »

Un temps postposée à décembre, la série vient d’être diffusée aux États-Unis. « Nous avons été ravis d’apprendre qu’elle pourrait être diffusée avant les élections car cette question est au cœur de la série et cela nous semblait le bon moment pour parler du rôle que les Russes ont joué dans nos élections en 2016 et de ce qu’ils comptent encore faire aujourd’hui. Ce ne sont pas des conjectures mais des faits ! Il nous semblait important que les gens soient conscients de cela avant de se rendre aux urnes. Pourtant notre intention n’a jamais été de dire à qui que ce soit comment voter et nous n’avons jamais pensé que nous pourrions changer le vote des gens. »

Le choix des acteurs a été très rapide : Billy Ray savait exactement quels acteurs il voulait voir incarner le directeur du FBI, James Comey, et le président Trump.
« Jeff Daniels était notre premier choix. Beaucoup de gens voulaient faire partie de l’aventure, pas seulement en raison du sujet mais aussi de la façon dont les événements étaient racontés. Mais il y a aussi des acteurs qui ont refusé des rôles sans les avoir lus à cause de la peur du sujet. Cela en dit long sur le tempérament de Jeff et de Brendan et du reste du casting… D’ailleurs, la première fois qu’on lui a proposé le rôle, Brendan a dit qu’il ne se sentait pas légitime pour jouer Trump. Cela aurait été une catastrophe parce qu’il le fait tellement bien… » souligne le créateur Billy Ray.

L’histoire de l’équipe du FBI qui entourait James Comey

Si le réalisateur et scénariste s’est basé sur le livre de James Comey, il a aussi rencontré beaucoup de gens pour écrire cette mini-série. « De nombreuses personnes de l’administration Trump ne voulaient pas nous parler. Mais la plupart des personnes contactées avaient envie de nous donner leur point de vue sur cette période si particulière. Ils voulaient être sûrs que j’apprenne la vérité. Qu’ils soient tous bénis d’avoir dit oui car c’est sûr que je n’aurais pas abordé cette histoire si je n’avais eu que le point de vue de James Comey… »

« C’est la raison pour laquelle le choix du titre était si important, souligne la productrice Heather Kadin. Ce n’est pas une biographie. Il ne s’agit pas seulement de parler de James Comey mais de toutes ces personnes du Bureau Fédéral qui ont enquêté pendant des mois et essayé de faire respecter la loi. »

« Cette affaire Comey n’était que le début »

Quant à l’acteur Jeff Daniels, il ne fait pas mystère de ce qui l’a attiré dans ce projet.
« La série aide les Américains à en savoir plus sur une affaire qu’ils pensent connaître mais dont ils ignorent les dessous. Cette affaire Comey n’était que le début de trois années encore plus perturbantes sur le plan politique. Cela m’a permis de comprendre l’importance d’avoir des personnes engagées à défendre nos institutions de façon apolitique car, sans elles, la démocratie ne serait pas garantie. »

Le comédien est un habitué des rôles politiques depuis la série The Newsroom. « Peut-être que cela vient du fait que je suis parvenu à maîtriser les très longs dialogues imaginés par Sorkin et faire comme si c’était facile. » (Il rit)

« Cela se passe comme cela à Hollywood : certains rôles en appellent d’autres. Ce sont souvent des personnages à la psychologie complexe. Si cela devient ma marque de fabrique, cela me convient… Le fait de savoir qu’il s’agit de personnages réels et que cela peut être compliqué d’entrer dans leur esprit est motivant. Cela vous force à vous dépasser. J’aime ce type de défi. Je ne sais pas pourquoi ils continuent de me demander de jouer ce type de personnages mais je suis content qu’ils le fassent. »

Jeff Daniels ne tarit, d’ailleurs, pas d’éloges au sujet de son partenaire. « Brendan Gleeson est le type d’acteur que j’adore : ni drama, ni embrouilles. Il est arrivé très préparé et on n’a fait aucune répétition. On a tourné la scène du dîner entre James Comey et Trump, et c’était parfait. Il s’est concentré sur la façon de penser de Trump et tout le reste – le phrasé, l’attitude, les vêtements et la coiffure – vient en surplus pour parfaire l’illusion. »

Pour préparer son rôle, Jeff Daniels a, bien sûr, lu le livre de l’ex-directeur Comey. « J’ai lu le livre et écouté sa version audio, lue par Comey, qui révèle beaucoup d’éléments de sa personnalité et sa réaction aux différents événements. J’ai aussi beaucoup regardé les quelques apparitions de Comey en télévision, mais c’est avant tout son livre audio qui m’a aidé à capturer sa façon de penser et de s’exprimer. »

Entretiens: Karin Tshidimba