Interrompue en mars dernier à quelques mètres de la ligne d’arrivée, la série belge prépare son retour en plateau. Quatre jours de tournage sous haute surveillance sanitaire pour être prête à être diffusée à la rentrée.
La vérification des disponibilités des comédiens, des véhicules et des décors est en cours pour permettre les derniers réglages du planning. Du côté de l’équipe de la série fantastique belge Invisible , imaginée par Marie Enthoven, mais interrompue en plein tournage en mars dernier, l’impatience est grande aujourd’hui.
« On sera dans les premiers à redémarrer côté francophone », souligne la productrice Annabella Nezri (Kwassa Films). Une reprise de tournage prévue fin juin, début juillet. « On va tout faire pour que le guide sanitaire soit bien appliqué. Il a été créé entre Flamands et francophones et validé par les commissions paritaires. Il y a des choses très précises à faire en fonction de chaque poste : des mesures à prendre, du nettoyage à faire… »
Ce protocole sanitaire est le fruit d’une longue négociation qui a mobilisé toute la profession. « Chaque producteur va engager un responsable Covid (ayant minimum quatre ans d’expérience sur les plateaux) qui va vérifier que tout le nettoyage soit bien fait au niveau de la régie, l’utilisation des masques… Il y aura un peu plus de boulot mais c’est le cas pour toutes les équipes. Certains producteurs veulent qu’il y ait un médecin présent tout le temps sur le tournage. C’est un guide de bonne conduite, donc chacun doit faire son maximum pour que tout soit respecté », poursuit Annabella Nezri. Avec quatre jours de tournage restants, l’impact sera « limité » pour Invisible.
Quelques adaptations de scénario
Pourtant, l’épidémie de Covid-19 a aussi entraîné des changements au niveau du scénario sur les dernières scènes qui restaient à tourner… « On a quand même supprimé trois scènes où il y avait trop de monde (plus de comédiens et de figurants). Par facilité, on n’a gardé que les séquences avec maximum trois comédiens », précise la productrice.
Arrêtée à quatre jours de la fin de son tournage, l’équipe d’Invisible « n’a pas eu beaucoup de chances, estime sa productrice, mais par rapport à notre sujet (qui se passe en partie en milieu hospitalier, NdlR) on a cette chance-là. Voyons le côté positif des choses… Sur les quatre jours restants, deux se déroulent dans un hôpital où tout le monde porte des masques. Pour le reste, on a supprimé une scène avec un barrage routier, de nombreux policiers et beaucoup de figurants. Comme nous avons poursuivi le montage pendant le confinement, on s’est rendu compte que cette scène n’était pas essentielle, sinon on l’aurait réécrite ».
Afin de ne pas risquer que des techniciens ou comédiens tombent malades, tout a été envisagé.
« À un moment, on a même pensé prendre la température des gens matin, midi et soir mais l’employeur n’a pas le droit de faire cela, déontologiquement parlant. Je ne suis pas sûre que le Code du travail le permette. Sur un tournage de 70 jours, il faut forcément faire des tests régulièrement de tous les comédiens qui ne porteront pas de masques, contrairement aux techniciens. »
Masques, gels, tests et bulles de dix personnes
Les comédiens qui tournent dans les scènes sans masques doivent d’ailleurs « s’engager par écrit à respecter strictement la bulle des dix personnes prévue par le CNS (Conseil national de sécurité) pendant et juste avant le tournage », précise Annabella Nezri.
« Notre protocole a été analysé et validé par le CNS. Au début, on voulait tester tout le monde tous les deux jours mais ils nous ont dit que c’était compliqué et que ce n’était pas utile. On va tester les comédiens principaux juste la veille du début de tournage (tests PCR et sérologiques). Normalement, on reçoit les résultats en 24 heures. D’autres producteurs prendront peut-être d’autres mesures comme effectuer un test par semaine. » Durant les 70 jours que dure un tournage de série belge.
« Tous les chefs de poste ont été consultés (régisseurs, maquilleurs, etc.), les dernières modifications ont été faites sur demande des experts du GEES. » Et le feu vert reçu du cabinet Linard sur le guide sanitaire francophone permet enfin de se projeter dans l’avenir. « Chaque jour amène son lot de surprises, on devient philosophe, on s’adapte… L’arrêt a été très contraignant et a généré beaucoup de frais en plus. C’était un grand coup de massue. On va mettre les bouchées doubles cet été pour que le public puisse découvrir la série à la rentrée sur Proximus, puis sur la RTBF », précise Annabella Nezri.
Karin Tshidimba
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