La série entame sa dernière saison sur Netflix, mêlant humour absurde et philosophie. On y suit un quatuor de récents trépassés tentant sans cesse de se dépasser afin de gagner son ticket pour l’éternité. Avec Kristen Bell et Ted Danson, entre autres…
Pourquoi regarder The Good Place** alors que, littéralement, des centaines de nouvelles séries attendent que l’on s’intéresse à elles ? D’abord parce qu’il s’agit d’une création de Mike Schur, l’un des concepteurs de Parks Recreation et de Brooklyn 99 et que la qualité de sa plume scénaristique assure une proposition qui ne se refuse pas.
Ensuite parce que cette saison 4 marque la pirouette finale pour les cinq personnages qui tentent de trouver enfin The Good Place to be avec un aplomb, un sens de la repartie et de l’autodérision et un espoir qui ne se sont jamais démentis. Or ce qu’on aime le plus voir à l’écran – qu’il soit petit ou grand -, ce sont des êtres humains qui n’abandonnent pas leurs rêves. Même s’ils savent que le succès est loin d’être garanti.
Des individus en quête de dépassement
C’est notamment le cas d’Eleanor (Kristen Bell vue dans Veronica Mars) jeune femme méprisante et d’un égoïsme crasse, forcée de tenter de devenir meilleure sous la menace d’une damnation éternelle. Sur sa route, elle a croisé Jason (Manny Jacinto), moqué pour sa bêtise abyssale; Tahani (Jameela Jamil, photo) qui a atteint le degré ultime de la superficialité et de la tyrannie du look et Chidi (William Jackson Harper) prof de philosophie assommant d’érudition et incapable d’établir une relation avec ses contemporains jugés « lamentablement ignorants ».
Après leur trépas, le quatuor a atterri dans un lieu presque trop beau pour être honnête, géré par le très souriant Michael (Ted Danson, photo du haut). Malgré quelques incartades, tous se félicitent de ne pas se retrouver à « The Bad Place », sous-entendu en Enfer… Mais le Paradis est-il vraiment un lieu si enviable pour y passer l’éternité ? Le cynisme maladif d’Eleanor lui permet d’en douter tout comme sa tendance, systématiquement contrecarrée, à jurer. Ce qui produit une jolie collection de jurons revisités (« Holy Forking Bullshirt ») à collectionner sans délai…
Le plaisir de pouvoir citer Kant et Kierkegaard
The Good Place, c’est d’abord le règne de l’absurde et de la réalité tordue avec ce décor coloré à souhait digne d’un film pour enfants (trop) sages. C’est aussi une ode à l’humanité qui, sans cesse, tente de se dépasser que ce soit dans l’excellence (au moins supposée) mais aussi dans la bêtise. Où chaque nouvelle journée permet à chacun de tester de nouvelles expériences ou de nouvelles voies.
La force de la série est de nous démontrer que les conflits moraux et la volonté de faire le bien ne sont pas des défis aussi aisés à relever que veulent nous le faire croire les jeux vidéo de la terre entière. C’est aussi un plaisir d’autant moins coupable qu’il vous permettra de citer quelques théories de Kant et de Kierkegaard en toute simplicité…
Netflix offre aux fans de savourer tranquillement cet ultime opus puisque la saison 4 sera diffusée au rythme d’un épisode par semaine, il y en aura 14 en tout, au lieu des treize habituels*. De quoi laisser le temps à chacun d’aimer et partager ses impressions sur une fin devenue inéluctable. Un rythme de plus en plus prisé par la plateforme américaine lorsqu’il s’agit de faire (durer) ses adieux aux séries tant aimées.
Karin Tshidimba
* Et le tout dernier épisode durera une heure au lieu des 30 minutes habituelles.
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