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Adapté du roman homonyme de John le Carré, ce thriller américano-britannique est une nouvelle illustration de la réussite de la collaboration entre AMC et la BBC. A découvrir lundi sur Be1, dès 21h25 au cours de la soirée avant-première lancée par la série française Hippocrate.

Bon sang ne saurait mentir, dit-on. Dans le cas de Simon et Steffen Cornwell, fils de John le Carré, la maxime a prouvé sa grande fiabilité. Producteurs de la série The Night Manager adaptée des écrits de leur père, ils avaient offert aux chaînes AMC et BBC l’un de leurs plus jolis succès en 2016.
Galvanisés, les deux partenaires viennent de récidiver, fin 2018, avec la série The Little Drummer Girl**, adaptée du roman homonyme. Soit une histoire d’espionnage s’inscrivant au cœur du conflit entre Israéliens et Palestiniens, mais aussi dans la lignée de thrillers tels The Americans et Le Bureau des légendes plus intéressés par le recrutement, la formation et les dilemmes des (apprentis) espions que par les coups d’éclat, les courses-poursuites et les éventuelles explosions.

Simona Brown as Rachel, Michael Moshonov as Litvak, Michael Shannon as Kurtz

À l’école des espions

Méthodes d’enrôlement, cachettes secrètes et protocoles d’interrogatoires : la série ne laisse rien au hasard. Dans cet univers où tout est question de détails et de mise en scène soignée, millimétrée, le recrutement d’une jeune actrice (Florence Pugh), idéaliste et engagée, tragédienne à ses heures, a semblé la meilleure option pour l’équipe de Martin Kurtz (Michael Shannon). Agent aussi trouble que déterminé, il souhaite la former afin de mener à bien leurs futures opérations. Son meilleur agent de terrain, Joseph (Alexander Skarsgard), a donc été chargé de l’attirer et de la recruter. Mais Charlie n’entend pas se laisser convaincre ou dicter sa conduite aussi facilement…

Pour développer cette intrigue d’espionnage retraçant, à la fin des années 1970, la traque d’un terroriste palestinien aux multiples faits d’armes par un agent du Mossad zélé, la production a fait appel à des acteurs de grand format : Michael Shannon (déjà inquiétant dans Boardwalk Empire) et Alexander Skarsgard (True Blood), mais aussi la jeune Florence Pugh (The Young Lady). L’adaptation a été confiée à Claire Wilson et Michel Leslie, et la réalisation des 6 épisodes au Coréen Park Chan-wook (Old Boy, Mademoiselle), qui signe ainsi sa première série télévisée.

Avec ses plans très travaillés visuellement (couleurs, angles, géométrie et lignes de fuite), Park Chan-wook construit un récit où se mêlent le présent et le passé avec fluidité, entre Israël, Grèce, Allemagne, Autriche et Royaume-Uni. Soignant autant la reconstitution d’époque que le contexte géopolitique résolument instable de la région, il offre un écrin de choix à cette série aussi intrigante que mouvante.
Un récit qui trace de fréquents parallèles entre les métiers d’acteur et d’espion où il s’agit de tenir sa place et « son rôle » face à un public présent « partout et tout le temps ». D’où le sentiment de tension extrême et de profonde solitude dont peuvent souffrir de nombreux « agents troubles ».

Karin Tshidimba