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Le Français Thomas Cailley se penche sur la société du futur qui a définitivement réglé le problème de la mortalité. Au risque de dégoûter les jeunes de leur vie à venir… Ad Vitam**, une série d’anticipation passionnante à suivre sur Arte, dès jeudi, à 20 h 50. Elle a été sacrée meilleure série française au dernier Festival Séries Mania.

Vers l’infini et au-delà ! », claironnait fièrement Buzz l’éclair. Mais une vie sans limite est-elle vraiment la panacée ou est-ce plutôt le cauchemar assuré ? Dans ce proche futur où la mort a été éradiquée grâce à la découverte de la « régénération », les jeunes ne trouvent plus leur place et doutent même de l’intérêt de l’expérience.

Face à une société qui pratique le contrôle de naissances et où la doyenne de l’humanité – une Japonaise – a 169 ans, la majorité a été reportée à trente ans. La jeunesse est vécue comme « une longue salle d’attente » où les jeunes sont contrôlés, fichés et soumis à différents tests afin de déceler les sujets « les plus aptes » à survivre. Les plus fragiles sont tentés par l’échappatoire ultime : le suicide collectif en guise de protestation face à une société qui n’a plus ni espace ni perspective à leur offrir.

Darius (Yvan Attal), un flic de 119 ans a été chargé d’enquêter sur le « dernier incident » en date qui implique 7 mineurs. Pour l’aider à remonter la piste du « gourou » Saul qui fascine de nombreux jeunes en perte de repères, Darius fait appel à Christa, 24 ans (formidable Garance Marillier, vue dans Grave), rescapée de l’un de ses groupes de suicidaires.

Présentée au Festival de Toronto et couronnée meilleure série française lors du Festival Séries Mania, Ad Vitam**, la nouvelle création de Thomas Cailley (Les Combattants) prolonge de façon percutante la veine d’anticipation ouverte avec plus ou moins de bonheur par Arte avec les séries Trepalium et Transferts .

Un futur très proche de notre quotidien

Pour mener leur réflexion sur la transhumanité, les deux coauteurs (Cailley et Sébastien Mounier) ont choisi un univers à la fois poétique et désincarné. L’intrigue principalement tournée en décors naturels en Espagne, s’inscrit entre mer et ville, sous-sols angoissants et plages étrangement vides. L’univers d’Ad Vitam, bien qu’inédit, apparaît proche de nous et cohérent, porté par des personnages étranges mais attachants.

Ce sont leurs émotions et leurs questions qui nous guident au cœur de problématiques qui font furieusement écho à notre quotidien : surpopulation, fantasme de la jeunesse éternelle, conflit de générations, dérives sectaires, quête spirituelle, épuisement des ressources naturelles…

Entre enquête policière et récit initiatique, cette mini-série en six épisodes propose un voyage immersif et déroutant, âpre et à la franchise parfois radicale. Ces jeunes à la dérive posent-ils un acte politique ou tentent-ils de lancer un cri d’alarme ? La réponse s’annonce sans doute bien plus complexe et contemporaine que ne le laisse penser le postulat futuriste du départ…

La série est à suivre au cours de trois soirées, du 8 au 22 novembre à 20h50 sur Arte.

Karin Tshidimba