champion affiche.jpgPrompt à juger et à catégoriser, le public belge a cru, un peu vite, que les séries 100 % belges produites par la RTBF et la Fédération Wallonie-Bruxelles seraient toutes du même tonneau : tendance polar glauque dans les forêts ardennaises. Avec Champion**, le voici détrompé.

Cette fois, le ton est à la comédie ou à la dramédie, pour être plus précis, et l’action se déroule entièrement à Bruxelles (ou presque) dans le milieu du football. Même si celui-ci n’est que l’arène dans laquelle se débat un homme (impeccable Mourade Zeguendi, comédien vu dans « Les Barons ») qui a cru à tort que tout lui était dû puisqu’il était arrivé au sommet. Cette nouvelle série lancée ce mardi à 20h20 sur La Une dissèque les dessous du football-roi mais creuse surtout un réseau de relations très humaines, très « belges ».


« Champion » peut-être, héros sûrement pas

champion faute.jpg« Pour moi, Souli, c’est un Belge, un pur Bruxellois, explique le comédien Mourade Zeguendi. Un Zinneke qui n’a pas la couleur locale mais qui est profondément ancré dans cette société et cette culture qu’est la Belgique. Il fait partie des meubles, quoi… Ce que j’aime bien, c’est que ce type-là, il existe. Au-delà du foot, il est partout. Les Bobos aiment dire que ce qu’on raconte est exagéré mais si tu vas dans n’importe quel café, à ‘La Colonne’ par exemple, tu vois qu’il existe ce type-là. Tu en vois plein, des Souli, des types trop bons vivants, qui gesticulent et parlent avec un accent incroyable. Il n’y a que ça. J’aime parler de ces gens-là qui ne sont pas des anti-héros mais des vrais gens. C’est ce que j’aime profondément. »

Programmée fort opportunément en prélude à la Coupe du monde, la série signée par un groupe de huit auteurs entend explorer les dessous du sport « qui rend fou » (cf. interview).

champion famille.jpgMême si elle resserre son propos autour de l’homme Romeyda et non du footballeur Souli, la série Champion souffre par moments de son manque de moyens. A en juger, du moins, par les quatre premiers épisodes. Ce qui se traduit souvent par des images étonnement sous-peuplées, ce qui est paradoxalement plus visible ici que ça ne l’était dans La Trêve ou Ennemi Public, précédemment.

C’est pourtant dans les rapports humains – entre Souli et sa fille, Souli et sa compagne, Souli et son manager ou Souli et ses amis – que la série se révèle la plus inspirée et la plus juste. Même si la finesse n’est pas sa préoccupation première…

Dès qu’il s’agit d’envisager les rapports de Souli avec le monde extérieur, l’histoire vire à la farce qui n’a pas peur d’être jugée « hénaurme ». Une série qui cherche à se positionner entre « Le Grand cactus » et « Les Héros du gazon » – deux émissions de référence récentes en matière d’humour ertébéen – c’est plutôt exceptionnel, dans le premier sens du terme. Les vrais amateurs apprécieront.


« Barakis »: Belges à 300%, mais pas seulement

IMG_2020.JPGTraining sur le dos et canette de bière à la main, les créateurs de Baraki, nouvelle série 100% belge de la RTBF, n’ont pas hésité à surinvestir leur personnage central pour séduire le public de producteurs et de diffuseurs rassemblés la semaine dernière au Forum de Séries Mania Lille.

Montés sur scène à la fin de la présentation de deux heures, orchestrée par les créateurs francophones et flamands du plat pays, ils sont parvenus à faire rire la salle et à faire forte impression grâce à leur culot et à un sens affirmé de la tchatche. « On est toujours le Baraki de quelqu’un d’autre », ont-ils rappelé. Un leitmotiv qui reste valable sous toutes les latitudes « que l’on soit Français, Néerlandais ou Anglais« , font-ils judicieusement remarquer.

Dans Baraki, Peter Ninane, Julien Vargas et Fred De Loof vont raconter l’histoire d’Yvan bien décidé à changer de vie lorsqu’il apprend qu’il va devenir père. « Malheureusement, un trafiquant de drogue local, un flic revanchard, un agriculteur bio, un sombre politicard et son ami, rescapé lunatique d’un accident de tuning, semblent en voir décidé autrement. »

Les premières photos de mise en situation semblent promettre une série très wallonne au parfum de « Strip-Tease », qui n’est pas éloignée des effluves proposés par la série Champion. La série (déclinée en 20 épisodes de 26 minutes) annonce vouloir se ranger sous la bannière de la série Shameless et du film « La merditude des choses ». Ambitieux programme.

Karin Tshidimba

nb: En 2014, la série 100% belge Esprits de famille avait également fait le pari de l’humour mais n’avait pas séduit un public suffisant.