« Merci de m’avoir permis de faire partie du changement. » La réaction de Jeffrey Tambor au moment de recevoir l’Emmy Award de meilleure comédien dans une comédie a été à l’image de l’homme: très humble, très classe. La nouvelle a de quoi rendre le sourire car, avec ce prix, la série Transparent montre que l’académie des Emmy sait prendre le train du changement en marche et ouvrir les yeux sur la différence. En primant doublement une série qui met en avant la lutte des personnes transgenres, elle met un terme aux accusations d’immobilisme et de ringardise dont elle fait l’objet depuis de nombreuses années. D’autant que Transparent est une production d’Amazon et met donc en lumière la vitalité de la création en ligne (Netflix, Hulu, etc.).
La deuxième excellente nouvelle de cette soirée est bien sûr la récompense accordée à l’excellente Viola Davis pour son rôle dans How to get away with murder (Murder en « VF »), premier sacre d’une actrice noire dans l’histoire de la télévision américaine. En 2015, enfin ! De quoi consoler (un peu) toutes celles qui ont porté cet espoir avant elle: Halle Berry, Gabrielle Union, Kerry Washington (Scandal)…
A la fois lucide et très émue, Viola Davis a souligné, sous les applaudissements du public que « ce qui sépare une femme noire de n’importe qui d’autre, ce sont les opportunités » qui lui sont offertes. « Vous ne pouvez pas remporter un Emmy Award pour des rôles qui n’existent pas. Je remercie tous ceux qui m’ont permis de franchir cette ligne » invisible et pourtant bien réelle. Un message adressé tout spécialement au créateur de la série, Peter Nowalk, et à Shonda Rhimes l’une des productrices les plus puissantes de la place (Grey’s Anatomy, Scandal).
A noter que Viola Davis n’était pas la seule Afro-américaine à saluer ce changement déjà imaginé il y a deux ans avec la nomination de Kerry Washington au même titre de gloire puisque deux autres actrices noires ont remporté une statuette hier soir: Uzo Aduba pour son incroyable prestation dans Orange is the new black et Regina King, vibrante dans American Crime.
Le changement était de mise aussi dans la catégorie des comédies puisque Veep s’est imposé face à Modern Family mettant un terme à une très longue série de sacres successifs. Mais avec 4 statuettes s’alignant désormais sur sa cheminée Julia Louis-Dreyfus ne faisait certes pas figure d’outsider. Aux Emmy Awards, le changement se fait modérément, malgré tout.
En revanche, l’injustice faite à Mad Men semble incompréhensible au moins autant que l’absence ou l’oubli de Better Call Saul dans ce palmarès. Bien sûr Game of Thrones est un solide blockbuster et il serait idiot d’ignorer totalement un projet aussi ambitieux, mais les Emmy techniques l’ont déjà souligné et le talent de Peter Dinklage n’a jamais été snobé.
Préférer Game of Thrones à la saison finale de Mad Men apparaît comme une regrettable occasion manquée. Et cela, même si ce sacre était attendu par les fans de GoT depuis longtemps…
Si elle n’a pas été niée tout au long de son parcours, de façon aussi incompréhensible que le fut The Wire avant elle, la fresque de Matthew Weiner méritait indubitablement de partir la tête ceinte de plusieurs couronnes de lauriers. Comme Breaking Bad l’an dernier.
Même si l’ultime volet de la série a pu sembler bien sombre à certains, l’histoire reconnaîtra un jour l’avancée majeure constituée par la chronique des années folles des publicitaires de Madison Avenue. On se console cependant en notant que Jon Hamm après 8 nominations infructueuses (!) obtient enfin l’Emmy Award du meilleur comédien dans une série dramatique.
KT
Ci-desous le palmarès complet dans lequel brille une autre perle: Olive Kitteridge
Meilleure série dramatique
– Game of Thrones
Meilleure série comique
– Veep
Meilleur acteur dans une série dramatique
– Jon Hamm, « Mad Men » (AMC)
Meilleure actrice dans une série dramatique
– Viola Davis, « How To Get Away With Murder » (ABC)
Meilleur acteur dans une série comique
– Jeffrey Tambor, « Transparent » (Amazon)
Meilleure actrice dans une comédie
– Julia Louis-Dreyfus, « Veep » (HBO)
Meilleur acteur dans un second rôle dramatique
– Peter Dinklage, « Game Of Thrones » (HBO)
Meilleure actrice dans un second rôle dramatique
– Uzo Aduba, « Orange Is The New Black » (Netflix)
Meilleur acteur dans un second rôle comique
– Tony Hale, « Veep » (HBO)
Meilleure actrice dans un second rôle comique
– Allison Janney, « Mom » (CBS)
Meilleure mini-série
– « Olive Kitteridge » (HBO)
Meilleur film de télévision
– « Bessie » (HBO)
Meilleur acteur dans une mini-série ou un film de télévision
– Richard Jenkins, « Olive Kitteridge » (HBO)
Meilleure actrice dans une mini-série ou un film de télévision
– Frances McDormand, « Olive Kitteridge » (HBO)
Meilleur second rôle féminin dans une mini-série ou un film de télévision
– Regina King dans « American Crime » (ABC)
Meilleur second rôle macsulin dans une mini-série ou un film de télévision
– Bill Murray dans « Olive Kitteridge » (HBO)
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