Sélectionner une page

une chance de trop.jpg« Aujourd’hui, le policier est le genre prédominant. Les films en costume d’époque, les drames de société, les comédies, les fictions pour la jeunesse ont disparu«  soulignait Quentin Raspail, fondateur du Festival de la fiction TV de La Rochelle, peu après son ouverture mercredi soir. « Il y a clairement un assèchement de la diversité des genres et des formats. »

Ce constat s’est parfaitement illustré à travers le palmarès dévoilé samedi soir à La Rochelle au terme de quatre jours d’intense activité pour les 2000 professionnels présents.

Les deux fictions françaises qui ont raflé le plus grand nombre de prix sont en effet des intrigues policières. L’une, Borderline, écrite par Olivier Marchal pour France 2, est directement inspirée par l’affaire Neyret, du nom de cet ex-numéro 2 de la police judiciaire de Lyon que Marchal a bien connu lorsqu’il faisait « encore partie de la maison« .
L’autre, Une chance de trop produite par TF1, est l’adaptation du roman d’Harlan Coben et voit Alexandra Lamy (photo) lancée dans une quête éperdue pour retrouver sa fille de 6 mois, Tara, mystérieusement enlevée.

Avec trois prix pour Borderline (photo) – meilleure musique, meilleure interprétation pour Patrick Catalifo et meilleur téléfilm – et deux prix pour Une chance de trop – meilleure série et meilleure interprétation féminine pour Alexandra Lamy – ces deux productions peuvent crier « banco ».

Borderline.jpgAu-delà de la suprématie du polar – genre qui a, visiblement, les faveurs du public – la seconde témoigne de l’omniprésence de la thématique de la disparition d’enfant. Une source qui semble ne jamais devoir se tarir depuis le succès de la série britannique Broadchurch ou de la française Disparue. Sans oublier, plus récemment, la franco-britannique The Missing. Un enjeu que l’on retrouvait sous une forme un peu différente dans Au nom du fils (Arte), Le secret dElise (TF1) et Le mystère du lac (TF1), en compétition cette année, et que l’on retrouvera bientôt dans le Malaterra de Jean-Xavier de Lestrade.

« Nous devons retrouver le chemin de l’innovation, de l’audace, de l’invention, de la prise de risques« , a souligné Delphine Ernotte, de passage vendredi à La Rochelle. La nouvelle patronne du groupe France Télévisions s’est ainsi engagée à faire de la fiction « sa priorité » en veillant à accroître le volume de production et à favoriser la diversité. «La production française de fiction stagne à 750 ou 800 heures par an depuis dix ans alors que partout ailleurs, le volume ne cesse d’augmenter et que l’Allemagne produit 2.000 heures », a souligné Thomas Anargyros président de l’Union syndicale de la production audiovisuelle (USPA).
Comprenez qu’il serait idiot de s’arrêter en si bon chemin puisque le public français – comme le belge – est au rendez-vous. La fiction est en effet « redevenue majoritaire dans le top 100 des meilleures audiences de l’année », une tendance confirmée en 2015.

no offence.jpgEn matière d’audace, les Britanniques n’ont de leçon à recevoir de personne et ce, depuis de nombreuses années. C’est donc sans surprise que l’excellente série No offence (photo) de Paul Abbott (Hit & Miss, Shameless) a remporté le titre de meilleure série étrangère. Culottée, pleine d’humour et irrévérencieuse, elle dynamite l’image que l’on peut avoir de la vie dans un commissariat d’un quartier miteux de Manchester.
Autre preuve que l’originalité paie: la série flamande T, sur un professeur d’université hors normes, reçoit le prix spécial du jury. Ecrite par Paul Piedfort, elle est réalisée par Indra Siera et Gijs Polspoel (VRT)

Difficile, en revanche, de comprendre l’absence d’Ainsi soient-ils de ce palmarès 2015. La finesse d’écriture, la qualité d’interprétation et de réalisation de cette série de Rodophe Tissot méritaient d’être primés.
La série a-t-elle été délaissée parce qu’il s’agissait de sa troisième saison ? Mystère… Pourtant, mettre un joli point final à une série est au moins aussi important et compliqué que de bien l’entamer. Les téléspectateurs pourront d’ailleurs en juger à partir du 8 octobre sur Arte.

Karin Tshidimba, à La Rochelle

Meilleur Téléfilm
Borderline (France 2)

Meilleure Série (52 minutes)
Une chance de trop (TF1)

Meilleure Série (26 minutes)
Lazy Company (OCS)

Meilleur Programme Court
Parents, mode d’emploi (France 2)

Meilleure Interprétation Masculine
Patrick Catalifo pour « Borderline » (France 2)

Meilleure Interprétation Féminine
Alexandra Lamy pour « Une chance de trop » (TF1)

Prix Jeune Espoir Masculin
Baptiste Cosson pour « Dame de feu » (France 2)

Prix Jeune Espoir Féminin
Alice De Lencquesaing pour « Marjorie, jamais sans ma mère » (France 2)

Meilleure Réalisation
José Lopes-Curval pour « L’annonce » (Arte)

Meilleur Scénario
Camille Bordes-Resnais et Alexis Lecaye pour « Dame de feu » (France 2)

Meilleure Musique
Erwann Kermovant pour « Borderline » (France 2)

Meilleure Fiction étrangère
« No offence » (Channel 4)

Prix spécial du jury pour la fiction étrangère
« T. » (VRT)

Mention spéciale du jury
Yannick Choirat pour « Neuf jours en hiver » (Arte)

Meilleure contribution artistique
« Au service de la France » (Arte)

Prix du Meilleur Téléfilm de l’année (vote du public)
« L’emprise » portée par Odile Vuillemin (TF1)