Parmi les 47 séries présentées au Festival Séries mania à Paris, une majorité déclinait le thème de la peur. Cinq d’entre elles abordaient spécifiquement la question du virus (informatique ou biologique) et trois se penchent sur la possible contamination humaine dont Cordon et Helix (photo) visibles en Belgique. A croire que nous sommes tous potentiellement hypocondriaques…
Prédire l’avenir, c’est un petit jeu auquel les séries aiment à s’adonner depuis qu’elles ont trouvé le chemin de La Quatrième dimension. La preuve avec toute la branche science-fiction et anticipation du genre. Un avenir qui ne nous réserve pas forcément le meilleur comme le démontrait encore récemment la Britannique Black Mirror qui se fait l’écho de notre dépendance aux écrans et de la peur de la dérive potentielle des nouvelles technologies.
Jouer à se faire peur a toujours été l’un des ressorts essentiels de la fiction qu’il s’agisse de romans, de cinéma ou de… séries. Jouer à se faire peur mais aussi s’interroger sur les dérives de nos sociétés, serait-on tenté d’ajouter.
Ces questions, qui charrient souvent des parfums d’angoisse ou d’épouvante en quantité variable, ont été particulièrement présentes au coeur du récent Festival Séries Mania qui s’est achevé mercredi soir à Paris.
Peur de la fin de l’humanité avec The Walking Dead, peur des maladies avec Cordon, Helix ou The end of the world; peur des technologies devenues folles avec Real Humans ou Black Mirror; peur de la guerre avec Résistance, The Crimson Field et Ceux de 14.
Sans oublier la plus importante et la plus fondamentale d’entre elles: la peur de la mort, qu’elle soit accidentelle ou le fait d’individus mal intentionnés (Mafiosa, Gomorra, Mammon, True Detective et toutes les intrigues policières en général).
La peur du virus inconnu et potentiellement fatal pour la race humaine est un thème classique du film d’horreur qu’un certain nombre de séries reprennent à leur compte et déclinent en fonction de leur public potentiel. C’est le cas de l’américaine Helix, de la belge Cordon et de la sud-coréenne The End of the world toutes trois présentées à Séries mania et dont les deux premières s’inscrivent en ce moment même sur nos petits écrans.
Cordon est diffusée le lundi soir sur VTM tandis qu’Helix, qui a pour cadre une base scientifique en plein coeur de l’Arctique, sera proposée en marathon ce dimanche de 13h35 à 22h55 sur Be Séries. Mais une telle prolifération n’est-elle pas inquiétante?
Frédéric Lavigne, l’un des principaux programmateurs du Festival Séries Mania, sourit. «Nous avons évalué 250 séries environ pour faire notre sélection de cette année, confie-t-il. Et le comité de sélection (composé de 4 personnes) en a retenu 47. C’est un hasard si celles que nous préférions et que nous trouvions vraiment fortes, parlaient souvent de virus. Mais c’est indubitablement un reflet de notre réalité où il est question d’artefact, de viralité, de multimédia, de globalisation et d’épidémies aussi… Avec le sida, le SRAS, la grippe aviaire, Ebola, etc. Ce sont des questions qui sont dans l’air du temps et qui font écho aux préoccupations de nos sociétés. Les séries se font l’écho du monde dans lequel nous vivons, c’est leur principale qualité. Et puis, la peur reste un formidable ressort scénaristique», confirme-t-il.
Une peur des virus – informatiques ou biologiques – qui, comme par hasard, proviennent souvent de l’étranger, que l’on parle de lointains territoires ou de personnes migrantes (c’est le cas dans les trois dernières séries citées). Cette dernière donnée rajoute à l’univers de la série la dimension de l’ailleurs inquiétant qui fait aussi écho à l’une de nos plus vieilles angoisses.
KT, à Paris
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